Il Y A 12 ANS : LE GRAOULLY DANS LA PEINE

Une fois n’est pas coutume , ce n’est pas le rédacteur qui prend sa plume informatique pour rédiger un article ; c’est l’homme qui souffre , et quand on parle tant des malheurs du monde , ça fait du bien aussi parfois de parler de soi.

J’ai perdu aujourd’hui l’un des être les plus chers de ma vie ; sans doute celui auprès de qui j’ai passé beaucoup des plus beaux moments de mon enfance : mon grand père maternel.

Il était né avec la paix, un certain 11 novembre 1918. Issu d’une famille pauvre de Rémering lès Hargarten il avait rencontré ma grand-mère dans les sombres années de la deuxième guerre mondiale et l’avait épousé durant l’une de ses permissions avant de partir sur le front russe enrôlé de force par les allemands. S’étant rendu aux russes, il subira le sort de nombreux lorrains enfermés au camp du Tambov ; il y perdra notamment un orteil, moindre mal quand on pense à ceux qui y perdront la vie.

A son retour, il reprend son emploi aux Houillères de Lorraine , au fond des mines de la Houve ; s’étant installé à Diesen il se rendait chaque jour au travail en vélo , et une fois son poste terminé , il occupait un emploi de maçon…

C’était un travailleur, un laborieux comme beaucoup de gens de notre Moselle. Mais aussi un homme d’une grande sensibilité, qui aimait éperdument son épouse, sa Hélène qu’il a tant pleurée à sa mort en 1997.

C’est ma grand-mère, qui était une femme cultivée et intelligente, qui gérait le budget familial ; mais mon grand père s’était constitué une petite tirelire qu’il cachait dans la cave ; un jour, tout fier , il m’a donné cette tirelire pleine de pièces de 10 francs en me demandant d’acheter avec cet argent un nouveau dictionnaire pour ma grand-mère et de dire que c’était moi qui l’avait acheté. Quand j’ai offert ce dictionnaire à ma grand mère, mon grand père était très ému et en avait les larmes aux yeux. Et jamais il n’a révélé que c’était lui qui l’avait payé.

J’avais l’habitude d’aller me promener en forêt avec lui quand j’étais (et c’était très fréquent) en vacances à Diesen ; quand j’étais petit , il me trainait partout dans ma petite voiture à pédales où je ne pédalais pas beaucoup…il me racontait souvent des histoires et notamment celle du petit chaperon rouge ; et pendant longtemps il me fit croire que la maison du petit chaperon rouge était une petite cabane de chantier que l’on pouvait apecevoir au loin le long de la ligne de chemin de fer qui traverse la forêt entre Diesen et Creutzwald.

Plus tard je pris soin de graver sur un arbre les dates de nos balades. Un jour , mon grand-père m’avoua que souvent , quand je n’étais pas là, il venait s’assoir près de cet arbre et pensait à moi, car il se souciait beaucoup de l’adolescent pas toujours facile que j’étais.

J’adorai mon grand père, et j’ai mal vécu le fait de le voir vieillir. Car avec lui, ce sont ces beaux souvenirs qui s’estompaient . Aujourd’hui, il nous a quitté, et c’est difficile d’admettre que tout ces moments se sont évanouis à tout jamais. Et de se rendre compte qu’avec cet homme, c’est un peu de moi qui s’en va.

Adieu pépé.

 

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