CHRISTOPHE BELLOEIL SE CONFIE AU GRAOULLY

Christophe BellOeil nous livre dans son nouvel album  » Je ne vois pas le monde  » une palette des différentes couleurs de l’amour Artiste peintre également, son dernier opus nous emmène dans un univers où les nuances du sentiment amoureux y sont admirablement dépeints…L’humour, fin, et la poésie des textes sont accompagnés par des instruments, comme le ukulélé, qui ajoute une note de légèreté et de pureté à des textes où les mots, qui sonnent justes et vrais, ne pourront que vous toucher….

Missloulou : Tu es peintre expressionniste et auteur compositeur interprète Est ce que la peinture et la musique sont deux supports différents grâce auxquels tu exprimes les mêmes émotions ? Il y a -t-il un parallèle entre les deux ?

Christophe BellOeil : Oui, il y a un parallèle entre les deux mais c’est jamais très clair dans ma tête. Je passe de l’un à l’autre comme un enfant s’ennuie d’un jouet et passe au suivant…c’est pas forcément précis dans ma tête même si avec le recul je me rend compte que je raconte un peu les mêmes choses, des choses que je connais ou que je crois connaître, ce que je connais le mieux, en gros moi-même et puis les gens qui m’entourent

Missloulou : Quand on regarde tes toiles et que l’on écoute tes titres, selon les périodes, il semble y avoir une corrélation entre les univers…

Christophe BellOeil : Oui, c’est vrai qu’à une époque, quand j’écrivais des textes plus sombres qu’aujourd’hui la peinture était plus sombre…maintenant il y a plus de lumière.

Missloulou : Oui, tu sembles être dans un autre univers, comme pour ton nouvel album. Ces deux passions sont aussi importantes pour toi l’une que l’autre ?

Christophe BellOeil : Oui…il me semble quand même, pour être honnête, que la musique passe devant

Missloulou : Tu as fait des études d’arts plastiques pourtant…

Christophe BellOeil : Oui, c’est étonnant et assez paradoxal car j’ai plus de techniques en peinture, en bande dessinées, en dessin, en graphisme en génèral et moins en musique et en tant qu’auteur car je suis autodidacte… Oui, c’est vrai que je me rend compte que je travaille plus en musique et en textes qu’en peinture

Missloulou : Dans ton nouvel album  » Je ne vois pas le monde  » tu nous emmène dans un univers moins sombre que celui de tes titres précedents Il y est question d’amour, que tu traites, selon les chansons, de manière différente

Christophe BellOeil : Oui, c’est ça C’est l’amour un peu décliné, un peu comme dans un tableau C’est la parole du peintre qui revient là ! Un tableau différent sur le même thème Un peu comme une série Comme les séries de Monet qui essayait de reproduire les mêmes bottes de foin dans un champ…

Missloulou : On peut dire que ton nouvel album est une succession de tableaux sur le thème de l’amour ?

Christophe BellOeil : Oui, oui, c’est vrai, c’est ça !

Missloulou : C’est une volonté réflechie que tu as eu d’explorer ce vaste sujet qu’est l’amour dans cet album, de changer d’univers ? Ou te laisses tu guider par tes émotions, par ce que tu vis ?

Christophe BellOeil : J’avais déjà essayé il y a quelques années avec le titre  » Le cri  » Il y avait quelques chansons qui parlaient d’amour mais c’était l’amour vache, l’amour qui marche pas, etc…Et puis, avec les années, j’avais envie d’ouvrir l’éventail de ce sujet Il y a pas mal de poncifs, d’idées reçues sur ce thème L’amour est idéalisé, ou platonique ou encore ça marche et puis ensuite ça ne marche plus…On a toujours les mêmes idées sur l’amour, et elles sont intéressantes d’ailleurs ! Je me disais que l’on pourrait écrire, modestement, des chansons qui en parle mais pas tout à fait de la même manière dont on peut en parler tous les jours. C’est pas facile d’en parler, c’est un thème qui nous préoccupe tous !

Missloulou : Et bien, justement, dans  » En plein coeur  » et  » Gladys  » le parler est plus cru et pourtant cela reste drôle, mais tout en finesse , et cela n’est jamais vulgaire Il y a un côté trés poétique Cela doit être difficile d’écrire des textes sur le sexe sans tomber dans le grivois ou dans le potache ?

Christophe BellOeil : Oui, j’ai peut être cette chance là….je ne suis pas trop dans le grivois naturellement, je ne suis pas trop drôle faut croire ! Quand j’écris ça ne déborde jamais, je peux être déconneur dans les soirées, comme tout le monde, mais dans mes textes si c’est un peu grivois ou léger, ça ne me plaît pas, il faut que je retravaille Il faut qu’il y ait une autre histoire derrière

Missloulou : L’humour y est décalé en fait…

Christophe BellOeil : Oui, c’est ça, il y a plusieurs grilles de lecture Parce qu’ écrire pour faire rire, car c’est souvent ça autour du sexe, avec des détails truculents, c’est quelque chose qui ne me plaît pas Alors je creuse autre chose Par exemple pour  » En plein coeur  » ce qui m’intéressait, c’est de trouver un vocabulaire lié à la guerre Etre pénétré par l’autre, dans tous les sens du terme, c’est être sur sa défensive ou plus du tout C’est se laisser complétement envahir par l’ennemi qui du coup est plutôt un ami bienveillant Je trouve ça intéressant d’utiliser un vocabulaire que l’on emploie dans d’autres circonstances, comme la guerre, dans un corps à corps amoureux…

Missloulou : C’est une bataille navale sexuelle en somme !

Christophe BellOeil : Oui, c’est ça ! Jusqu’au fameux point G…C’est la petite touche humoristique car j’avais vu que dans les batailles navales il y avait les g4, les g8 etc…et bien le point culminant, le point d’orgue à cette histoire d’amour c’est quand le point G est atteint mais je ne précise pas si il est atteint en fait…

Missloulou : Dans ton titre  » A nos amours  » tu nous fais partager le sentiment d’amour que l’on peut avoir pour une personne qui se transforme quelquefois en aversion pour l’être pourtant tant aimé…

Christophe BellOeil : Oui, c’est vrai…je pense que l’on peut y mettre chacun ses histoires mais, la mienne, n’était pas une hsitoire d’amour mais d’amitié Un ami qui, avec le temps, m’obsédait mais de façon négative je commençais à lui en vouloir…C’est une rupture affective que l’on connaît tous, que ce soit en amour aussi ou encore en famille. Où les gens que l’on aime le plus sont souvent ceux que l’on détestent le plus Ce qui m’intéressait dans  » A nos amours  » c’est  » comment fait on avec ces gens ?  » Ces gens avec qui l’ont s’est fachés pour x raisons et que l’on ne voit plus et qui, pourtant, sont toujours présentes. Comment se fait il que ce passé soit toujours là et que parfois même on n’arrive pas à le dépasser, qu’on rumine là dessus et on se retrouve dans un ordre de pensées qui ne nous font pas du bien du tout…C’est  » comment sortir de là ? » Je l’explique rapidement mais en gros c’est que si le passé nous dérange, il faut lui ouvrir la porte, l’accueillir, comprendre en quoi ça nous à dérangé et enfin passer aux amours futures. Mais effectivement, il suffit pas de mettre les gens de côté pour s’en débarasser, il faut les intégrer à sa propre histoire et accepter que si on s’est fâchés avec eux, c’est que l’on était deux !


Missloulou : Et aussi qu’on les aimait réellement parce que sinon, on ne serait pas autant blessés, on ne garderait pas ces blessures aussi longtemps, que c’étaient de vraies histoires d’amour ou d’amitié…Finalement, c’est toujours de l’amour mais qui s’est transformé en autre chose…

Christophe BellOeil : Oui, c’est tout à fait ça. Leur donner un mot d’amour final, leur dire que l’on ne se voit plus mais qu’ils ont été extrêmement importants dans nos vies et qu’ils le seront toujours… Effectivement, c’est une bonne chose de dépasser les reproches où ce que l’on va donner à l’autre, on le donne à soi également…On se permet une autre histoire finalement si on  » coupe » bien avec la précèdente.

Missloulou : Oui, cela nous permet de nous libérer sentimentalement et d’évoluer vers autre chose…

Christophe BellOeil : Oui, c’est vrai, je suis bien d’accord. Ca me fait penser à un autre amour, dont je n’ai pas parlé, mais c’est comme l’amour entre les Palestiniens et les Israëliens Ce sont deux frères qui se ressemblent énormément finalement

Missloulou : C’est vrai qu’ils sont proches, qu’ils ont partagé beaucoup de choses, et là, c’est devenu l’amour-haine…

Christophe BellOeil : Ni l’un ni l’autre n’arrive à dire « tu es mon frère et maintenant je veux faire ma vie sans toi ! »

Missloulou : Ils arrivent pas à rompre, à se séparer ! (rires)

Christophe BellOeil : (rires) Oui, c’est un peu ça ! Ce genre de chansons crée, enfin je l’espère , une réflexion en tout cas chez moi. Je n’invente rien, ce sont des réflexions que nous avons tous …

Missloulou : Dans ce nouvel album, on trouve désormais du ukulélé…Est ce pour ajouter à tes textes une note plus légère, plus humoristique ?

Christophe BellOeil : Oui, c’est complétement ça. Je pense que la guitare électrique seule, même s’ il y en a quand même, n’aurait pas été la bonne touche, la bonne couleur Effectivement, tu parlais de tableaux tout à l’heure, là on peut parler de couleur musicale et le ukulélé est vraiment l’instrument qui peut refléter le côté léger de l’amour C’est un instrument tout petit, avec un son direct Ce qui correspond aux textes qui tentent d’aller au plus juste Et c’est un instrument modeste et après tout cela ne reste que des chansons…

Missloulou : Dans le titre  » Je ne vois pas le monde  » tu fais référence à l’individualisme et à l’égocentrisme qui peuvent nous rendrent complétement hermétiques à ce qui nous entoure, au monde Est ce une personne en particulier qui t’a inspiré ce texte ou penses tu que c’est un peu le mal du siècle ?

Christophe BellOeil : la première personne qui m’a inspiré c’est moi-même ! (rires) J’ai tendance à m’agiter, à être dans l’immédiateté, dans l’action…aprés, peutêtre que de le savoir, c’est moins grave ! Mais c’est quelque chose qui m’intéresse de moins en moins avec les années, je commence à me poser, je m’attache à des choses plus profondes Aller vite empêche de voir ce qui nous entoure ou de mal les voir, de mal les interpréter.

Missloulou : On est tous un peu comme ça, non ? Mais c’est vrai que d’en avoir conscience nous permet de rectifier le tir ! Et puis, notre société est vraiment là dedans, dans la rapidité, l’immédiateté, l’action…

Christophe BellOeil : Oui, c’est vrai..et de le savoir permet de mettre des mots dessus Et j’aimais bien l’idée de cette phrase  » je ne vois pas le monde tel qu’il est, je le vois comme moi je me vois  » Je l’ai lue dans le Talmud, je ne connais pas trop la religion juive mais j’avais regardé quelques phrases clefs…

Missloulou : Oui, une très belle phrase et très juste ! Pourtant, ça date ! Comme quoi, peut être que ce n’est pas inhérent à l’époque dans laquelle nous vivons…

Christophe BellOeil : Oui, il faut peut être prendre du recul, ça fait peut être parti de l’Homme de s’imaginer toujours central et depuis la nuit des temps, les religieux, les mystiques nous expliquent que l’on est pas central, que l’on fait parti d’un tout C’est à nous parents de dire à nos enfants qu’ils ne sont pas au centre de tout, c’est soulageant pour l’enfant…

Missloulou : Sur scène on te voit proche de ton public…Comment expliques tu cette complicité ?

Christophe BellOeil : Et bien, je pense que j’ai toujours été à l’aise sur scène, j’ai toujours aimé ça C’est quelque chose qui m’amuse ! A l’époque, je ne choisissais pas vraiment, c’était plutôt une nécessité Aujourd’hui, il y a plus de connivence entre nous…

Missloulou : Pour finir, comment définirais tu l’amour en quelques mots ?

Christophe BellOeil : Ho…c’est pas facile en quelques mots…

Missloulou : Oui, c’est vrai, c’est bien pour cela que tu en as fais un album !

Christophe BellOeil : Je n’ai fais qu’aborder le sujet par petites touches !…Et bien c’est ce que tu disais au début, que ce soit l’amour amical, familial, filial, amoureux…Ce sont ces amours là qui sont importants Si on pouvait cultiver tous ces amours, ce serait une manière de mieux se comprendre, de grandir…je pense que c’est déjà pas mal ça !

Missloulou : Si on arrive déjà à faire ça, on pourra peut être définir le bonheur !…

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