DES MILLIERS DE MORTS DANS LA PAISIBLE CAMPAGNE LORRAINE

Lorsque l’on traverse le plateau lorrain entre le village de Boucheporn et le petit bourg de Boulay, on est loin de s’imaginer ce qui s’est passé pas loin de cette route, caché par les arbres d’une petite forêt.

C’est là, sur la commune de Denting , que se trouve le camp du Ban Saint Jean à l’histoire méconnue autant que tragique.

Ce petit camp était à la base une sorte de petite cité abritant les familles des militaires posté sur la ligne Maginot toute proche. Une petite cité fleurie dont la roseraie était la fierté. Après la drôle de guerre, en 1940, le camp est brièvement transformé en camp de détention pour les soldats français, dont le plus illustre fut sans doute François Mitterand qui s’en échappa en novembre 1941, par l’occupant allemand avant de de devenir un camp secondaire rattaché au stalag XIIF de Forbach au début de l’automne 1941 et ce jusqu’à l’arrivé des américains au début de l’hiver 44.

Un camp destiné avant tout à « accueillir » des prisonniers soviétiques et notamment ukrainiens, venant de tout le front de l’Est. Ceux qui le pouvaient allaient travailler dans les fermes du coin , d’autres dans les mines de houilles de Creutzwald, d’autres encore étaient employés à démanteler les installations de la ligne Maginot…d’autres enfin, trop faibles étaient condamnés à mourir. Parfois on dénombrait jusqu’à 30 morts par jour, qu’on transportait dans des charrettes jusqu’à des fosses communes dont il semblerait que toutes n’ont pas encore été découvertes. 3500 à 4000 personnes survivaient dans ce camp en septembre 1943.

Officiellement , les fouilles menées sur le site font état d’un peu plus de 2800 corps retrouvés ensevelis sur le site mais certains n’hésitent pas à porter le nombre de victimes ayant perdu la vie ici à 22000 ce qui en ferait le plus important lieu de massacre organisé en France ;  La majorité d’entre eux étaient soviétiques et notamment ukrainiens .

Les autorités françaises n’ont pour le moment jamais fait preuve d’un intérêt très grand pour ce lieux qui tombe en ruine et qui mériterait un autre sort que d’être livré à la végétation et au vandalisme. Certains se battent pour faire vivre la mémoire de ce lieu de souffrance où sans doute reposent encore bien des cadavres comme en témoigne la découverte il y a quelques mois d’un crâne humain.

Oui, en 39-45 on est mort ailleurs que dans les camps de concentration « classiques », et parfois, c’est bien aussi de le rappeler.

 

 

18 comments on “DES MILLIERS DE MORTS DANS LA PAISIBLE CAMPAGNE LORRAINE

  1. Interessant. Toutefois, il faut preciser que les chiffres donnés sont toujours à prendre avec des pincettes. (la suite pouvant prêter à confusion j’ai préfère le supprimer plutôt que de lire des interprétations toujours risquées/ Jérome )

  2. J’ai habité le Ban St Jean, en 1954. J’avais un an. Le camp servait à héberger les familles de militaire, notamment ceux de Frescaty en attendant la construction d’immeubles au Sablon.

    1. Bonjour ,j’ai habité également à Ban St Jean de1952 à 1961 , mon père était militaire à Frescaty (Base Aérienne de Metz). J’avais 7ans à cette époque, et beaucoup de familles de militaire habités dans ce camp .Nous étions au courant des événements qui s’étaient passés durant la dernière guerre .Ce camp était notre terrain de jeux ;autant que la petite Chapelle ou nous allions à la messe 3fois par semaines avec Père ADAM, aumonier militaire ;que ce fameux cimetière à l’orée des bois très mal entretenu et qui laissé apparaître des ossements humain, que ces vieux bâtiments en ferraille qui durant des années furent notre terrain de jeux durant plusieurs années. Nous fréquentions l’école de Boulay, avec Mr KRAUS(directeur) mais au final une enfance heureuse sans soucis des événements du passé. Salut à tous . Alain ROUX;

      1. Bonjour, moi aussi, j’ai habité enfant dans ce camp, papa aussi était militaire à Frescaty, peut-être meme nous sommes nous connus, avons nous joué ensemble, mais cela fait peu de temps que je sais…Et rétrospectivement, cela me glace, par rapport à mon oncle déporté, bien sûr, mais surtout, nous y avons vécu une tragédie familiale : mon petit frère Yves y est décédé des suites d’une méningite foudroyante, j’avais 5 ans, je me souviens des lumières, des gens à la maison…Maman, comme moi, était sensible à la mémoire des lieux, elle ne l’a pas su, elle ne l’aurait pas supporté !

        1. J’avais 5 ans en 1954. J’ai fréquenté l’école maternelle de Boulay, papa d’ailleurs conduisait le car scolaire. Un hiver ? celui-ci avait dérapé dans la neige, nous sommes revenus à travers champs, moi petite fille au milieu des « grands », une bosse au front dont j’ai long temps gardé la cicatrice. Par contre, je n’ai aucun souvenir de mon frère Alain, peut-être pourra-t-il compléter ? Nous avons ensuite intégré les immeubles de la route de Magny à Metz, je sais que l’hiver 1957, j’avais 8 ans, la rougeole, papa me tenait dans ses bras dans une couverture, il n’y avait pas de charbon, il faisait froid… Ensuite l’Allemagne, Achern en Forêt Noire, les « premiers vrais amis » avant le grand traumatisme pour tous : la séparation ! (Maman en France avec nous à NANCY au fameux Haut-du-Lievre qui attendait Philippe…) Papa avait échappé à l’Indochine à cause du décès de mon petit frère Yves, malgré la naissance proche de mon autre petit frère Philippe, il n’allait pas échapper à’l’Algérie, où nous n’avions plus l’autorisation de le rejoindre en 1961…

          1. Bonjour. Je suis né en 1949, donc nous avons le même âge. Mon oncle Hughes Bigeard était lui aussi à Frescaty. Moi j’habitais à Troyes mais j’ai passé des vacances chez mon oncle et ma tante. Je devais avoir 5 ou 6 ans. Je reconnais la forme de la maison et nous étions à côté de la forêt. Je crois me souvenir que mon oncle avait un ami militaire comme lui qui devait s »appeler coudamie (je suis pas sûr de l’orthographe). En voyant les photos j’ai des souvenirs qui me remontent. Vous pouvez m’envoyer un mail. à cette adresse : gerardfandard@free.fr

      2. Un jour nous étions tous les deux sur mon vélo par mégarde tu as mis ton pied dans la roue avant… chute brutale j ai perdu une dent … nous étions jeunes.
        Te souviens-tu de Christian CHARPENTIER ?
        ccharpentier033@gmail.com

    2. Moi aussi j’ai habité Ban Saint Jean dans les villas militaires, ce devait être dans les années 58-60, J’avais 10-12 ans et je me souviens, avec 2-3 copains des villas voisines avoir été au « trou de la bombe » qui était immense, chercher les tritons et salamandres (au grand dam de ma mère !) Nous allions à travers le bois plein de creux et de bosses (résultat des bombardements) chercher le lait à Nidervisse… Je me souviens aussi d’être allée dans la roseraie avec son bassin rond au milieu mais le bâtiment à côté qui, dans mes souvenirs était en tôles rouillées avec le silence pesant régnant dans ce lieu, me faisait peur. J’ai aussi fait beaucoup de cauchemars quand j’ai su ce qui s’était passé là. Je me demande parfois comment a évolué cet endroit.

      1. Dans mes copains de vacances, j’avais un Alain et un Gérard que mon petit frère appelait « le grand érard ». Nous avions un loulou de Poméranie blanc et habitions en face d’un bâtiment de garages.

  3. Salut Jérôme. Pourquoi associer drapeau Ukrainien à cette article? Soit le drapeau de l’URSS ou pas de drapeau du tout. A l’époque il n’y avait pas de différence. Russe, Biélorusse, Ukrainien, Kazakh, etc c’était le même pays.

    1. Son fait bien partie de l’histoire de la Russe, la Biélorusse, l’Ukrainien, et le Kazakhstan, l’histoire de l’URSS fait partie de l’histoire de ses pays.
      Les guerres actuelles sont justement nées de la négation de leur histoire commune, nés de l’oublie qu’ils ont plus de chose en commun que de chose qui les sépare

  4. Bonjour
    Rappel historique intéressant en effet. Mais moi aussi je trouve que le drapeau ukrainien n’a rien à faire ici, et encore moins avec ce qui se passe en ce moment en Ukraine… Seul le drapeau soviétique a sa place ici.

    1. S’était en majorité des régiments ukrainien, des soldat d’origine ukrainienne, comment pouvez-vous alors refuser un drapeau ukrainien

      1. Het waren ook soldaten van Russische afkomst en van andere afkomsten. Het is niet juist om alleen verwijzingen naar Oekraine te maken.

  5. Bonjour j’aurais plus amples questions a demandé à la personne qui a publié cette article ?
    En espérant avoir une réponse assez rapidement,merci de votre compréhension.

  6. Seul le drapeau soviétique a un sens car, même s’il y a eu une majorité d’Ukrainiens, il y avait AUSSI des Biélorusses, des Polonais, etc. Les Ukrainiens se plaignent que leur histoire, leur spécificité soient niés mais en ne mettant que le drapeau ukrainien actuel (qui n’existait pas en principe à l’époque concernée) ils font exactement la même chose : ils confisquent l’histoire à leur seul usage en niant la présence des autres. Avoir été martyrisés n’autorise pas à mal traiter les autres.

  7. bonjour je suis Marie France colin plus connue sous le nom de Rouet.J’ai habité Ban Saint de juillet 1956 à juillet 1960. Je garde de bon souvenirs d’enfance et notre insouciance dans ce lieu. Nous savions ce qui c’est passé des personnes d’Ukraine venaient chaque année passé quelques jours dans ces lieux reçu par l’aumônier militaire. De plus parmi, nos camarade de jeux il y avait Micheline et son frère Jean-Claude c’était les enfants du caserniers comme nous l’appelions et il avait ses événements d’ailleurs sa maison faisait face à cette fosse commune. Que de souvenirs!!!

  8. J’ai habité Ban Saint Jean en qualité de brigadier d’Artillerie en 1946 et procédé à l’incorporation de la 46/2 venant en majorité du Nord, et de la Mine. Des gars qui avaient très faim ! Nous n’avons pas eu connaissance de l’existence de l’internement d’Ukrainiens pendant la guerre. Les locaux avaient bonne apparence, ou à peu près, mais étaient intérieurement en piteux état avec, par exemple, des conduites d’eau gelées pendant des mois et les sanitaires bouchés. Ns faisions fondre la neige dans le casque pour la toilette. Notre vaguemestre venait de Metz en Jeep. Nous allions quelquefois à pien à Nieder ou bien Oberwisse dans un très modeste petit restau, nos menus militaires étant au-dessous detout. Piteux souvenirs d’une Armée bien pauvre en moyens.

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