Grâce à l’opiniâtreté de l’albatros Raffarin que ses ailes de géant empêchent de marcher, les parcs d’attraction ne seront finalement pas taxés. Et c’est heureux, parce que le Parti Socialiste, à l’orée de la primaire, aurait pu devoir payer un lourd tribut à la mesurette d’un Président bien oublieux du cirque qu’il avait convoqué à EuroDisney pour montrer à tout le monde son bonheur d’avoir retrouvé Blanche-Neige. Alors que le célèbre parc américain n’était pas concerné par cette dîme par la grâce d’une fiscalité exonératoire, l’une des attractions de l’opposition commence à montrer des signes de dysfonctionnement qui feraient exiger la fermeture du parc à de moins tatillons que moi.
Pour tout dire, malgré une appétence non dissimulée pour la solitude, il y a bien longtemps que je n’ai plus mis les pieds dans un isoloir, et je préfère largement vider des jarres que remplir une urne, même très séduisante. Non pas à cause d’un hypothétique et poujadiste « tous pourris », mais par le même ennui qui me fait hésiter sans conviction entre deux boîtes de petits pois au supermarché. Peu m’importe que le Parti Socialiste soit représenté par un ancien comique joufflu, une Nordiste atrabilaire, ou par n’importe qui d’autre à part l’infiltré de l’UMP Manuel Valls. Du moment que Sarkozy donne son préavis, emballe ses cartons, et emporte avec lui l’humour auvergnat et la bibliothèque de Frédéric Lefebvre aussi loin que possible et que Marine Le Pen retourne répandre sa bave visqueuse dans son marécage malodorant, le PS pourrait aussi bien aligner le cheval de Caligula que je n’en serais pas plus inquiet. Mais voilà que Mme Royal nous refait le coup de la quête mystique et se sent investie d’une mission supranaturelle la désignant de droit quasi-divin pour bouter le Hongrois hors les murs de la Sainte République. La primaire a bel et bien commencée et effectivement à ce rythme elle risque d’être très primaire. La Présidente de la région Poitou-Charentes accable donc ses principaux rivaux, arguant que M. Hollande serait bien trop inactif pour accéder à la charge suprême, et que Mme Aubry n’a à son tableau de campagnes qu’une législative perdue, et serait donc bien trop inexpérimentée. Inutile de lui rappeler que sa consoeur socialiste, du temps où elle était Ministre du Travail a réalisé ce qui aurait pû être une des plus grandes lois sociales de ces dernières années si son gouvernement avait eu le courage d’être de gauche aussi virulemment que le gouvernement actuel est de droite. Et que se faire offrir la mairie de Lille par Pierre Mauroy n’est pas moins méritoire que de se faire parachuter dans les Deux Sèvres par François Mitterand. On pourrait en dire presque autant pour François Hollande, mais ce serait sans fin.
Et ce serait en plus totalement dénué d’intérêt, tant le nom et le curriculum vitae du futur candidat occupe dans mes pensées la même place que l’économie de l’huile de palme en Indonésie dans l’esprit de Steevy. Ce qui me tarabuste le neurone électoral, c’est de voir que la guerre des égos commence désormais ouvertement. Or, l’Elysée abrite déjà le plus gros égo qu’on ait jamais réussi à concentrer dans un mètre cube, et on a en a vu le résultat et les manifestations depuis 2007. Quoiqu’on pense par ailleurs de M. Mélanchon, il a eu une phrase heureuse pour rassembler les foules laborieuses, lors de la prochaine fête de l’Huma, souhaitant qu’il s’agisse « d’une démonstration de force qui fasse méditer le bourgeois ». Voilà ce qu’on attend des primaires: des débats, des idées neuves, des velléités de changement, et pourquoi pas, soyons fous, soyons utopistes, un programme politique. Un qui fasse peur à la droite et qui stimule le sens civique qui hiberne en chaque abstentionniste, pas un brouillon bâclé de centre-droit dont la vacuité crée l’exploit de rendre Bayrou intéressant. Au lieu de se triturer les méninges pour savoir à partir de combien de flics au mètre carré de quartier on garde sa conscience de gauche, demandez-vous comment on peut à moyen ou à long terme, faire en sorte que les pandores soient aussi inutiles que Jacques Séguéla dans une campagne présidentielle. Au lieu de promettre de résorber le chômage, résorbez le travail qui ne sert à rien… Allez, comme je ne suis pas rancunier, Mme Royal, je vous file un slogan gratuitement pour vous occuper vous et vos copains pour les semaines à venir: » une campagne centrée sur l’insécurité, ce serait passer l’arme à gauche ». Pouf pouf. Enfin c’est pas plus mauvais que « plus juste la France sera plus forte » ou l’inverse. En résumé, pour faire une métaphore qui s’intègrerait parfaitement dans le paysage rural et bucolique de votre circonscription, on peut dire qu’en matière de campagne présidentielle, peu importe l’épouvantail à moineaux sarkozystes, c’est la moisson de voix qui compte.
Dans un prochain épisode, nous inviterons nos amis abstentionnistes et non-votants à ne pas se réveiller trop brusquement, car on est moins à l’abri d’avoir une Rolex avant cinquante ans que de voir le Parti Socialiste redevenir de gauche.