Le vol de moquette est-il contre-révolutionnaire?

Londres et les bourses mondiales sont à feu et à sang. Sa Très Gracieuse Majesté ne tient plus ses gueux, les Etats-Unis ne tiennent plus leurs comptes, et en trois jours, les casseurs de vitrines et de comptes publics ont conjointement occulté la famine en Somalie et la boucherie en Syrie.

Si l’on peut à raison comparer les émeutes de Tottenham aux mouvements de nos banlieues, mêmes causes et mêmes effets, l’observateur curieux pourra s’étonner du pillage de Carpet’s World, l’équivalent british de Saint Maclou, et se demander quel étrange instinct pousse le pirate avide de destruction à détruire l’échoppe d’un vendeur de moquette. Outre le fait qu’une promenade pied nu dans un appartement de la banlieue londonienne vous en apprendra plus sur les mycoses que deux ans de faculté de médecine, la clé du mystère  est pourtant évidente.

Si la France n’est pas (encore) un brasier allumé par les pyromanes de la finance et de la gestion de l’insécurité à la schlague, c’est que nous autres citoyens tricolores disposont d’une moquette qui caresse la voûte plantaire et adoucit le tempérament de l’Homme prompt à exprimer son mécontentement par le vandalisme.

Ce doux revêtement se nomme le service public. Certes, il y des trous et des taches ça et là, évidemment, un peu d’entretien ne serait pas un luxe, mais il serait de bon ton de ne pas laisser s’installer les acariens de la rentabilité et de tancer d’importance les vulgaires qui prennent notre moquette pour un paillasson où répandre leur terreau brunâtre.

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