POULET DE PRESSE n°16

Graoulliennes, Graoulliens, amical bonjour de la pointe Bretagne ! Ça ne vous est jamais arrivé de prendre du retard dans votre travail ? Bon, alors vous me pardonnerez, j’espère, de vous parler dans ce seizième « poulet de presse » de journaux vieux de plus d’un mois déjà. Il peut m’arriver de prendre du temps, mais je ne renonce jamais ! Allez, on y va…

Le nouvel observateur n°2416 (24/02/2011) : Ce numéro du Nouvel Obs titrait « Incroyable Hessel ! » à la une ; l’hebdomadaire comptait bien évidemment surfer sur le succès phénoménal de Indignez-vous, le manifeste du vieux diplomate. Il n’y a pas grand’ chose à ajouter au dossier consacré au phénomène, lequel dossier en dit tout le bien que l’on peut en penser. On peut cependant se pencher, histoire de rigoler, sur le commentaire de l’inénarrable Finkielkraut ; le pseudo-philosophe a un défaut que je ne supporte pas : il critique sans citer. Ainsi, il accuse Hessel de « remplacer les problèmes par des coupables » et après, il cite comme exemple…une phrase de Dominique de Villepin ! Il est incapable de citer le livre pour prouver ce qu’il avance ! C’est pourtant pas le temps qu’il faut pour le lire ! Plus loin, Finkielcrotte regrette que Hessel fasse une « fixation sur Israël » au détriment d’autres causes comme les « massacres de chrétiens dans le monde ou la situation au Tibet » ; le penseur des beaux quartiers « oublie » que défendre les causes auxquelles il fait allusion, c’est pratiquement enfoncer une porte ouverte : personne n’aura l’idée de vous accuser d’islamophobie ou de racisme anti-chinois si vous le faites, tandis que s’attaquer à la politique israélienne est déjà plus courageux puisque cela peut vous attirer le soupçon d’antisémitisme : en clamant haut et fort son rejet de la politique belliqueuse de l’état hébreux, Hessel, par son statut d’ancien déporté, peut décomplexer ceux que Netanyahu révulse, ce que Finkiescroc veut prévenir par tous les moyens, y compris en déformant la réalité, par exemple en affirmant que Hessel parle du « Mal incarné par Israël » alors que le vieux diplomate était le premier à se réjouir de la création de cet État ! Finkieltoc est définitivement un philosophe de supermarché inutile et nuisible qui use de son vague vernis intellectuel pour défendre des idées dégueulasses pouvant se résumer, sur le fond, au cri du chef de tribu du fin fond de sa grotte et auxquelles il permet de donner l’illusion d’avoir été mûrement réfléchies et d’être le fruit d’autre chose que d’un cerveau reptilien régi par les pulsion les plus primaires qui soient. Il a peut-être l’air intelligent, mais il ne faut pas prendre les cons pour des gens !

Changeons de sujet : ce numéro du Nouvel Obs publiait aussi un sondage alarmant pour Sarkozy qui le donnait battu par le candidat du PS dans tous les cas de figure, (sauf si c’est Montebourg, lequel était placé derrière Le Pen, mais bon, soyons sérieux). Quand on voit le score de l’UMP aux cantonales, on se dit que ce n’est pas si éloigné de la réalité ; François Bazin, dans son commentaire sur ce sondage, envisageait déjà un « 21 avril sarkozyste », c’est-à-dire Sarkozy éliminé dès le premier tour par Le Pen, comme une hypothèse envisageable ; c’était avant la publication de ce fameux sondage-choc mettant Le Pen en tête au premier tour… Observation fine et pertinente, donc ? Ben non ; depuis, on eu des élections, justement, et qu’est-ce qu’on voit ? Que le FN a recueilli moins de voix qu’aux dernières cantonales ! La seule idée forte défendue par Bazin à avoir été validée par les urnes, c’est la chute de Sarkozy… Au nom de quoi un échantillon de 1000 personnes (c’est le nombre de personnes interrogées pour ce sondage) serait-il plus représentatif de la population française que l’échantillon de 20 millions de personnes appelées aux urnes il y a deux semaines ? J’ai enfin trouvé une autre utilité aux sondages : non seulement, comme je l’avais déjà observé, ça permet de formater l’opinion, mais en plus, ça donne aux journalistes matière à salir du papier…      

Libération n°9270 (04/03/2011) : J’avais acheté ce numéro de Libé pour comprendre quelque chose à ces deux faits dont la presse faisait ses choux gras, à savoir l’histoire des présumés espions de chez Renault et l’affaire Guérini. Concernant la première, si j’ai bien compris, voilà l’affaire : en janvier dernier, trois cadres de chez Renault ont été débarqués de l’entreprise manu militari parce que leur direction les accusait d’espionnage pour le compte d’une puissance étrangère, vraisemblablement la Chine, sur la base d’un message anonyme. Problème pour le constructeur automobile : le message parlait de comptes en Suisse où aurait été déposé l’argent que les cadres auraient touché en échange des renseignements… et la justice a été incapable, à ce jour, de retrouver les comptes en question. En gros, les patrons de Renault ont viré pour faute lourde (« le cas le plus grave prévu par le code du travail », si j’en crois le journaliste) trois de leurs employés sur la base d’une accusation qui ne peut pas avoir valeur de preuve formelle : même si les cadres sont effectivement coupables d’espionnage (ce qui m’étonnerait quand même un peu), c’est grave, ne serait-ce que parce que ça a braqué les projecteurs sur ce schmilblick, lui offrant un éclairage médiatique incompatible avec la sérénité que requiert la bonne tenue d’une affaire de contre-espionnage. Bien sûr, si les cadres sont innocents, c’est encore pire… Si les patrons de Renault sont si cons, je comprends bien des choses concernant leurs bagnoles !

La deuxième histoire qui me semblait peu claire, c’est l’affaire Guérini. En fait, ce n’est pas compliqué : Alexandre Guérini, entrepreneur et frère de Jean-Noël Guérini, président du conseil général des Bouches-du-Rhône et patron de la fédération socialiste du département, profite de la situation de son frère pour faire, sans que rien ne lui en donne la légitimité, la pluie et le beau temps sur les marchés publics de la région, soit à son profit soit à celui de certaines de ses relations peu recommandables. Tout ça, les gens de la région le savent, mais ils laissent faire pour préserver les intérêts de tel ou tel qui bénéficient de ce système ; bref, une caricature de film sur la maffia où le petit Montebourg (encore lui ?) voudrait bien jouer les Robin des bois et démanteler la pompe à fric des deux frères (à noter qu’Alexandre est actuellement incarcéré, bien fait, tiens !). L’affaire a beau être locale, il est bien évident qu’elle pose problème pour le bureau national du PS qui cautionne ce business louche de chez louche par son mutisme. Je comprends mieux pourquoi Martine Aubry a fait du reuz dernièrement en dévoilant le programme du parti et en disant aux journalistes « je vous le dirai quand je serai candidate » : une info chasse l’autre… Enfin, pourquoi la droite aurait-elle le monopole de la magouille ?    

Nice-Matin (04/03/2011) : C’est encore Carmen qui m’a envoyé cet article de Nice-Matin évoquant la polémique suscitée par notre sinistre de l’intérieur, Claude Gueulant, à propos des musulmans ; de fait, c’est grave ! Affirmant qu’il y a de plus en plus de musulmans en France (j’aimerais bien, cela dit, qu’on m’explique comment il le sait, attendu qu’en vertu de la loi de 1905, la religion est une affaire privée et que la confession ne figure pas sur la carte d’identité ?), il affirme que « cet accroissement du nombre de fidèles et un certain nombre de comportements posent problème » ; vous avez bien lu ? Il dit ouvertement que le fait qu’il y ait de plus en plus de musulmans en France est un problème ! À titre personnel, je trouve toutes les religions débiles, mais l’Islam ne me dérange pas plus que toutes les autres religions existantes : si l’augmentation du nombre de musulmans est à ce point problématique pour un État laïc, pourquoi le grand nombre de catholiques ne le serait-il pas lui aussi, à ce tarif-là ? Ah mais apparemment, il y aurait des « comportements » qui posent problème, à savoir les « prières de rue » dont on nous rabat les oreilles depuis des semaines… Évidemment, si la religion doit rester, légalement parlant, une affaire privée, l’afficher en public n’est pas la meilleure chose à faire, mais à ce moment-là, pourquoi s’en prendre aux prières de rue ses musulmans et pas également aux processions des catholiques ? De toute façon, il y a une différence entre faire une prière de rue sans rien vouloir imposer à personne et faire du prosélytisme sur la place publique : un clocher qui sonne l’angélus en pleine nuit porte plus préjudice à la neutralité religieuse de l’espace public qu’une prière de rue ! Et de toute façon, vous en voyez si souvent que ça, vous, des prières de rue ? Les rues de nos villes pleines de musulmans qui prient, je suis désolé, mais tant qu’on ne prouvera pas le contraire, pour moi, ça ne relève que du fantasme xénophobe. Sans compter que le bitume de nos trottoirs est crasseux de chez crasseux : être croyant n’empêche pas d’avoir de l’hygiène, que je sache ! Si Dieu existe, il n’a pas créé les hommes pour qu’ils soient cons au point de se salir de leur plein gré ! Bref, rien ne légitime les propos de Guéant, si ce n’est un populisme de bas étage se doublant d’une xénophobie anti-Islam digne de l’époque des Croisades. Je me demande même si ça valait bien la peine que je gaspille de l’espace pour en parler…  

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Bretons n°63 (mars 2011) : La « une » du numéro de Bretons ayant précédé celui-ci était consacrée à Nolwenn Leroy ; ce numéro-ci préfère honorer Maria Lambour, la dernière femme bretonne à porter quotidiennement la célèbre coiffe bigoudène. Quand l’intéressée a su ça, elle a avancé « je serai mieux que ça moi, tu verras », et elle a raison : cette brave petite vieille pleine de caractère a bien plus d’allure que la pétasse made in Bouygues qui saccage les airs traditionnels de la Bretagne sur toutes les ondes… Cette Maria, ancienne bistrotière, vous la connaissez sans doute si vous êtes ce que l’on appelle un « publivore » puisqu’elle faisait partie des trois vedettes de la pub Tipiak ; elle a aussi tourné dans Western de Manuel Poirier, dans un téléfilm avec Mimi Mathy et dans une pub Air Inter. Une vedette, quoi, mais aussi un élément clé du patrimoine local : une sorte de pièce de musée qui serait à elle-même sa meilleure conservatrice tant cette presque centenaire affiche une forme insolente pour son âge : elle marche quotidiennement, monte et descend les escaliers « dix fois par jour », n’est presque jamais malade, tout au plus a-t-elle quelques problèmes de mémoire de temps à autre. Et surtout, quel répondant ! Un caractère bien trempé, m’am Lambour ! Du coup, tant qu’elle est vivante, ami lorrains, envoyez-lui Nadine Morano, elle la mettra au pas vite fait bien fait, ma doué ! Bon, redevenons sérieux : deux articles lui sont consacrés, un qui fait le portrait de cette vieillarde haute en couleurs et un autre intitulé « La fin d’une Bretagne » qui n’est pas exempt, comme son titre l’indique, des complaintes nostalgiques sur la disparition d’une certaine façon de vivre l’appartenance au terroir breton passant par le port de cette coiffe emblématique. C’est curieux, mais je n’arrive pas à trouver ça si dramatique ; après tout, une tradition n’a de valeur que si les gens s’en représentent encore la pertinence et sa disparition n’aura jamais de conséquences aussi graves que celle d’une espèce animale. La coiffe bigoudène disparaît ? Ben oui, mais bon, y a pas mort d’homme pour autant, quoi ! Ce sera à nous, la postérité, d’en préserver le souvenir, c’est tout. Alors inutile de pleurer ! De toute façon, la brave petite vieille Maria n’est pas encore morte et puis…peut-être que la coiffe connaîtra un jour son revival, qui sait ? Après tout, on a bien vu le pattes d’eph’ revenir à la mode et c’était beaucoup moins seyant, excusez-moi du peu !

Qu’est-ce qu’il y a, encore ? Ah, il y a aussi le résultat de deux études sociologiques qui s’accordent pour dire qu’en Bretagne, les gens sont peu procéduriers, les jeunes sont bons élèves, la délinquance est faible, le chômage et le nombre de bénéficiaire du RSA est bas et l’extrême-droite très faiblement implantée. Ça flatte notre esprit de clocher, mais si tout ça est vrai, je vous dis : VIENDEZ, VIENDEZ ! Mais un conseil, quand même : évitez de croiser ceux qui ont osé s’en prendre, via Internet, au sonneur noir du Bagad Kemper, Yannick Martin ! Ces imbéciles racistes, qui s’en sont également pris à Maire Gueye, première femme noire à entrer au conseil général du Finistère, représentent la Bretagne qu’on n’aime pas, celle qui oublie que la culture bretonne est d’abord une culture d’immigrés (les Bretons ne se sont installés en Armorique qu’entre les VIème et VIIème siècles de notre ère !), qu’il ya du noir aussi sur le drapeau breton et que même la blanche hermine a le bout de la queue noir. Rassurez-vous, ils sont peu nombreux ! Ils gueulent plus fort que les autres, c’est tout… 

La semaine n°313 (24/03/2011) : C’est dans ce numéro de La semaine, paru entre le premier et le second tour des élections cantonales, marque une date dans l’histoire de notre site puisque c’est dans ses pages qu’est publiée l’annonce légale de la création de l’association produisant ce webzine ! Et mon nom à moi figure dans le bazar en tant que « secrétaire » ! C’est maman qui va être contente… C’est pour cette raison tout à fait terre-à-terre que Jérôme, notre président, m’a envoyé ce journal, j’ai donc pu prendre la température de votre région au lendemain du premier tour des cantonales. Donc, dans le canton de Metz 1, votre maire Dominique Gros a été devancé par la grosse conne qui se présentait au nom du FN (Franchement Nuisible). Résultat, La semaine titre « L’avenir de Gros est-il compromis ? » Chacun ses priorités : moi, ce qui me préoccupe, c’est plutôt l’avenir de votre région, s’il y a effectivement autant de gens désespérés au point de voter pour l’extrême-droite. Gros, lui, était sûr de gagner, et quand je vois que la candidate facho ne l’a devancé que de neuf voix d’avance, je ne vois pas pourquoi il avait lieu de s’inquiéter ! Si, malgré les déceptions que votre maire socialiste a suscitées, l’UMP n’a pas réussi à mobiliser suffisamment pour se qualifier pour le second tour à Metz 1, je ne vois pas en quoi l’avenir de Gros est à ce point compromis : tout au plus n’a-t-il plus le droit à l’erreur s’il veut être réélu. Quoi qu’il en soit, si le FN a pu percer à ce point en Moselle, c’est évidemment inquiétant pour votre région : c’est non seulement un indicateur fiable de malaise social mais aussi une bonne nouvelle pour les nazillons qui vont être d’autant plus décomplexés… Mais bon, l’extrême-droite n’a pas raflé un seul canton, ce qui veut dire que la majorité des Mosellans qui vont voter ne sont pas encore prêts à donner les clefs du pouvoir aux nostalgiques de Pétain. Cela dit, il y a un truc qui m’a fait sursauter à la fin de l’article de Jean-Pierre Jager : c’est quand le journaliste espère pour Gros un « hiver sans neige » ! Attendez, vous n’allez pas me dire que les Messins l’ont vraiment sanctionné à cause de la neige ? C’est pas sa faute, ça, que je sache ! Si on avait comblé les désirs des râleurs professionnels en salant et en sablant, ces mêmes râleurs auraient reproché à la municipalité que les impôts locaux augmentent ! J’avais été effaré, cet hiver, par la réaction de mes compatriotes manifestement scandalisés qu’il puisse neiger en hiver, mais je ne pensais pas que cette attitude infantile (encore que les enfants se tireraient de la comparaison avec distinction !) pourrait influer sur le résultat d’une élection… Alors, ce règne de la raison, ça vient ?

Dans le même journal, Julian Colling signale la multiplication, dans les campus, d’une attitude passablement désinvolte : les étudiants ont un ordinateur en cours soi-disant pour prendre des notes, mais en fait, ils s’en servent pour aller sur le Net au nez et à la barbe du professeur ! Je n’ai personnellement encore jamais vu personne, à la fac de lettres de Brest, faire ça. Il y en a peut-être, hein ! Mais une bonne idée serait d’interdire les ordinateurs et les smartphones dans les salles de cours sauf en cas de nécessité estudiantine (exposé, etc.), auquel cas il faudra demander une autorisation… Ben oui, je suis vieux jeu, et alors ? Je n’en suis pas non plus à prôner le retour de l’uniforme, ça va ! Allez, kenavo !

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