POULET DE PRESSE n°25

Graoulliennes, Graoulliens, amical bonjour de la pointe Bretagne ! Et oui, votre revue de presse graoullienne est de retour ! J’avais bien songé, histoire de déconner, à vous commenter la presse « pipole » de cet été – j’ai une tante qui lit volontiers des magazines de ce genre – mais quand j’ai vu dans Voici cette photo de Loana avec quinze kilos de plus, j’ai préféré m’abstenir, considérant qu’il y a des limites au mauvais goût… Bon, trêve de billevesées (j’emploie ce terme pour le plaisir de faire se retourner dans sa tombe le procureur Desproges, comprend qui veut)…

 

 Ouest France n°20383 (2/09/2011) : À la veille de la rentrée des classes, le quotidien du grand ouest publie un article signé Bernard Le Solleu revenant sur le « sur-mesure » du sinistre de l’éducation nationale, monsieur Luc Chatel. Tout d’abord, une triste réalité : le nombre d’élèves augmente et le nombre de postes d’enseignants baisse, traduisant une gestion de l’éducation nationale que l’on pourrait qualifier de menée en dépit du bon sens s’il n’était évident que le but (à peine) inavoué de la droite est de plumer l’école publique au profit de l’école privée… Évidemment, Chatel n’avouera jamais ça et préfère nous servir une logorrhée invraisemblable que l’on pourrait résumer par « je privilégie la qualité plutôt que la quantité. Lisez plutôt : « Il met en avant « une pédagogie individualisée », « une différenciation des parcours », « une autonomie des acteurs locaux ». L’école se doit de pratiquer le « sur-mesure » dit-il. Comment ? Avec les remises à niveau du primaire et l’accompagnement personnalisé au collège et au lycée. » Arrête, ton char, Luc ! C’est du baratin, tout ça ! Comment veux-tu que les élèves qui en ont besoin soient pris en charge individuellement quand le professeur se retrouve seul face à quarante élèves ? Mais avoue-le sans honte, que ton but est de couler l’école publique, tu cesseras de passer pour un neuneu qui n’a pas deux sous de bon sens ! Cela étant, je ne devrais pas le dire, tant dire du bien des socialistes vous vaut d’être voué aux gémonies des purs et durs, mais le dernier ministre de l’éducation nationale à avoir créé des postes s’appelait Jack Lang. Enfin, passons…

Qu’est-ce qu’il y a encore ? Je n’arrivais pas à retenir le nom du radical candidat aux primaires socialistes et voilà justement que Ouest France lui consacre un petit texte, et quand j’ai lu son nom, j’ai sursauté : Jean-Michel Baylet ! Quoi ? Le Berlusconi du Sud-ouest est de gauche et, qui plus est, radical ? J’avais souvent entendu parler de ce truand, actuellement mis en examen pour favoritisme, qui cumule la direction de divers organes de presse régionale pourrie et les mandats électoraux dans le Tarn-et-Garonne, devant certaines fonctions à ses parents qui les ont occupées avant lui… Décidément, les radicaux ont pris de mauvaises habitudes depuis le passage de Tapie dans leurs rangs… Et en plus, il se présente aux primaires d’un autre parti ? Il est glouton, « Don Gaucholeone » ! Continuons à parler de la gauche : dans les pages d’information locale, je découvre les conditions pour voter aux primaires socialistes : « Il faut être inscrit sur les listes électorales au 31 décembre 2010. » Jusqu’ici, ça va. « Présenter une carte d’identité. » Jusqu’ici, ça va aussi. « Signer la charte d’adhésion aux valeurs de gauche. » Là, ça coince un peu : comment ne pas être sûr que des gens de droite vont signer la charte pour pouvoir voter à ces primaires et foutre la merde ? C’est faire preuve d’une confiance démesurée en la nature humaine… Et enfin, « débourser au minimum 1 € (pour les deux tours) ». Un euro, ce n’est pas la mer à boire, ce n’est pas ça qui arrêterait un éventuel agitateur sarkoziste… Zut ! J’ai peut-être donné des idées à quelqu’un ! Enfin, on verra…

Zélium n°6 (été 2011) : Vous l’avez peut-être appris comme moi, Zélium cesse de paraître ; les douze milliards de critiques positives que j’ai formulées à propos de ce journal (même ma mère adorait) n’ont manifestement pas suffi à lui apporter le public nécessaire pour perdurer… Les Français sont quand même incroyables : ils se plaignent (à juste titre) de la connivence affichée entre les grands organes de presse et le monde politico-financier, mais quand un journal indépendant et sympathique apparait, ils le laissent crever !

Bon, à leur décharge, il est vrai que ce numéro d’été avait un petit peu trop tendance à nous jouer l’air de la moquerie à l’égard des cons qui partent en vacances avec leur caravane et étalent leur couenne sur la plage : je ne vois plus trop l’intérêt de se moquer de ces gens qui triment toute l’année et pour qui les vacances d’été font partie des rares bonheurs disponibles ; il y a suffisamment de vrais parasites dans notre société pour que l’on se permette d’épargner ces gens-là… À noter qu’Étienne Liebig a su renouveler ce qui est devenu un cliché depuis Vive les vacances ! de Reiser avec « Ah, les cons sur la plage ! », excellent texte ironique sur l’attitude condescendante des « bobos gauchistes » qui se croient plus malins que les autres avec leurs vacances « éthiques, équitables, citoyennes »… Je les emmerde, ceux-là ! Pendant les vacances, je laisse tout au vestiaire, à commencer par mon altruisme ! J’ai assez de l’année pour porter les misères du monde sur le dos en plus des miennes, alors merci ! Non, il n’y a pas de honte à placer ses vacances sous le signe de la vacuité ! Cet été, j’ai joué à la pétanque dans la poussière, j’ai pris l’apéro avec des potes, des vrais de vrais, loin de ce monde de braillards, je me suis vautré dans l’herbe pour rester au soleil à ne rien faire, et je n’en rougis pas ! Alors merci à Liebig d’avoir montré à ceux qui ne voient que la paille qui est dans l’œil des gens comme moi la poutre qui est dans l’œil des gens comme eux ! Ah, vous allez nous manquer, les gens de Zélium ! Siné mensuel arrive à point pour prendre la relève ; espérons qu’il tiendra plus longtemps…   

La mère dans "La famille Oboulot en vacances" (titre génial, n'est-ce pas ?)

Fluide Glacial n°422 (août 2011) : Le mensuel fondé par Gotlib en est à 36 années d’umour et bandessinées et semble toujours d’attaque ; pourvu que ça dure, car son numéro du mois d’août confirme à quel point la B.D. est un phénomène sociologique à part entière : en effet, les histoires publiées dans le premier numéro ayant Christophe Goffette comme rédacteur en chef sont marquées par trois aspects essentiels de l’air du temps. Premier aspect, la montée des préoccupations écologiques, qui constitue l’alpha et l’oméga de ce numéro puisque la première et la dernière des B.D. à y être publiées en traitent directement : d’une part, Margerin dessine enfin ce à quoi je m’attendais depuis un moment, à savoir les retrouvailles entre ce vieux rocker de Lucien et son cousin Nanard, plus que jamais soucieux d’écologie – Margerin prend ainsi acte d’une réalité, à savoir que les faits ont donné raison aux écologistes dont tout le monde se moquait il y a quarante ans… D’autre part, Binet montre ses inoxydables Bidochon commencer eux-mêmes à faire des efforts pour sauver la planète…avec leur compétence habituelle, ça va de soi.

Deuxième aspect, le « phénomène geek », c’est-à-dire l’accroissement du nombre de ces sous-hommes qui passent 95% de leur temps devant un écran d’ordinateur, oubliant tout le reste : Mo/CDM se fait un plaisir de les zombifier dans sa série Geekwar tandis que Terreur Graphique, à peine moins féroce, continue à caricaturer les monomanies un peu dérisoires des web-addicts, comme l’interminable affrontement PC-Macintosh…

Troisième aspect, les effets pervers du capitalisme sauvage : Krassinski et Maïa Mazaurette parodient la série The Office de façon à lui donner le cadre d’un opérateur téléphonique anciennement public et désormais tristement célèbre pour les suicides de ses employés tandis qu’Isa continue à pourrir la vie de la patronne du Medef, nous expliquant que la proposition de madame Parisot de rendre le congé paternité obligatoire n’est pas motivé par une quelconque philanthropie ; en effet, cette mesure aurait pour effet premier que les naissances des enfants ralentiraient la progression des salaires des hommes comme elles le font déjà pour les salaires des femmes… Le patronat a toujours eu une conception de l’égalité qui m’échappe un peu…     

Psikopat n°234 (septembre 2011) : Carali continue à dénoncer, à juste titre, la frilosité de la société actuelle, qui s’étouffe elle-même sous les tabous ; je suis juste un peu sceptique quand il donne comme exemple de cette situation l’ostracisme auquel Dieudonné est condamné : au risque de me répéter et de me tromper, je dirai que Dieudonné n’est sans doute ni fasciste ni même antisémite, qu’il a compris qu’un humoriste, s’il est un artiste, ne peut se contenter de débiter éternellement les mêmes fadaises consensuelles, mais qu’il n’a pas l’intelligence et le talent d’un Coluche ou d’un Desproges qui lui permettrait d’atteindre cet objectif et qu’il en arrive donc à faire n’importe quoi. Plus représentatif est le limogeage de Didier Porte de France Inter, motivé par des raisons idéologiques mais légitimé auprès des bobos bien-pensants par quelques malheureux mots grossiers… Tiens, Carali aurait cité l’abominable Philippe Val, son « Zlata » aurait collé pile-poil avec le thème du grand dossier du mois de son journal, « Escrocs, filous & Cie », la contribution qui m’a le plus marqué étant, comme à chaque fois, celle de Dédé la science, lequel a d’ailleurs saisi l’occasion pour dénoncer le népotisme, le favoritisme et le monopolisme qui gangrènent le monde de la recherche scientifique et nous privent chaque année de la connaissance d’un tas de découvertes sérieuses et importantes au profit de fumisteries telles que la « mémoire de l’eau » ou la fusion à froid… Une dernière chose : pour revenir à Carali, quand je lis ses B.D., je trouve les femmes qu’il dessine incroyablement bandantes, super mignonnes, presque aussi belles que celles de Reiser ; comme quoi, pour générer des fantasmes, il n’est pas nécessaire d’avoir un graphisme aussi fouillé que celui du signore Manara : un graphisme simple (ce qui ne veut pas dire facile) suffit, à condition de bien le maîtriser.

Je réalise tout à coup que je n’ai parlé quasiment que de journaux « pas sérieux »… Et alors ? Ça va, on vient d’arriver, ‘faut pas pousser, non plus ! Allez, kenavo !

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