Vie brestoise…

« Pour Brest la météo ne prévoit que la pluie, mais elle n’y mouille que les abrutis » (Les Goristes)

Ici Brest, les Bretons parlent aux Lorrains ! Peut-être avez-vous de ma bonne vielle cité du ponant, amis messins, l’image d’une ville perdue au bord de l’Océan, à l’autre bout de la France, à l’architecture austère et où nous n’aurions que le stade brestois, Nolwenn Leroy et Laury Thilleman pour nous distraire ; ce n’est pas une vision fantaisiste, mais fort heureusement, Brest, ce n’est pas que ça, comme j’ai déjà tenté ici même de vous le montrer avec quelques articles consacrés à divers événements de la vie culturelle brestoise. En voici un autre, vite fait bien fait.

Ce week-end et jusqu’à demain soir, la place Guérin, haut-lieu symbolique pour tous les Brestois, place « environnée de vrais bistrots, rendez-vous des artistes de tout crin » pour reprendre les mots des Goristes, accueille, comme chaque année la foire aux croutes, occasion rêvée pour les peintres méconnus de présenter leurs travaux au public et, peut-être, de trouver acquéreur pour leurs œuvres. J’y étais hier pour faire le caricaturiste, comme à Montmartre, mais pour beaucoup moins cher : le soleil était au rendez-vous, faisant pour une fois mentir les prévisions météo les plus pessimistes, l’ambiance enjouée était au rendez-vous, à grands renforts de musique par la grâce, entre autres, des nuages bleus. Si vous avez l’occasion d’y aller, je serai heureux de vous avoir comme client, mais n’oubliez pas d’aller regarder aussi les beaux dessins de Gwenola Le Duff – c’est une copine.

Art toujours : jusqu’au 27 mai, la galerie Up art, tenue par Edith Rioual, la mère d’une amie très chère, accueille une exposition présentant cinq artistes ; la fréquentation est moindre que pour l’expo antérieure, consacrée à Paul Bloas, mais quand on prend le risque de mettre en valeur des artistes méconnus du public, il ne faut pas s’attendre à ce que la foule accoure du jour au lendemain, d’autant que la foule a plutôt l’habitude d’acheter des peintures de paysage pour accrocher dans leur salon, ce qui n’est pas tellement le genre des artistes célébrés par la galerie, plutôt portés vers l’expression des sentiments. Maïté Labiau, par exemple, est celle, parmi les trois peintres exposés, à avoir le style le plus « classique » et encore… Il faut notamment mettre à son actif un traitement du thème de la gifle que je n’avais encore jamais vu. Dimitri L’hermite remporte la palme de l’originalité en peignant sur des affiches de cinéma, mais ma préférée est sans doute Emma Forestier, qui construit ses toiles à partir de croquis qu’elle prend au laboratoire d’anatomie de la faculté de médecine. Le résultat ? Si j’en crois Edith, à l’image de l’artiste, parait-il écorchée vive… Signalons aussi les sculptures métalliques de Mich Mao, inspirées de la vie brestoise et qui me rappellent des Giacometti à la sauce futuriste, ainsi que les photographies de Mathieu Le Gall, qui a pris certains lieux brestois sous des angles bien particuliers. Oui, ma présentation est volontairement assez vague : le mieux à faire est encore d’aller voir par soi-même ! Vous ne pouvez pas vous tromper : vous passez le pont de Recouvrance, c’est sur la place juste après, du côté de la tour Tanguy, et l’enseigne est en lettres rouges.

Signalons enfin le site internet « Identidades Brest-Caribe » (http://www.cric-cracbrestcaribe.com) dont l’objectif est expliqué de manière on ne peut plus explicite sur la page d’accueil en ces termes : « La création d’un champ virtuel où viennent se rallier des cultures diverses, géographiquement distantes, mais rapprochées par l’Histoire, à force de désaccords et de heurts, mais aussi d’affinités, de liens généalogiques et affectifs. Nous souhaitons par là, non seulement ouvrir depuis la Bretagne une fenêtre vers les aires culturelles caribéennes, mais surtout que tous les amateurs de ces cultures puissent en toute liberté entrer par cette fenêtre. » Après tout, c’est la moindre des choses : la Bretagne n’est-elle pas la région de France la plus proche des Caraïbes ? Enfin, tout symbolisme de pacotille inspiré par la géographie mis à part, signalons que ce site donne son cadre général à la nouvelle formation proposée à l’Université de Bretagne Occidentale, le Master « Identités et représentations dans les aires culturelles caraïbes » avec, à l’origine de ce projet sympathique, l’incontournable et fantasque Maria-Fatima Rodriguez. Allez donc voir le site pour les soutenir et pour vous cultiver un peu, ça ne mange pas de pain. Allez, salut les poteaux !  

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