Dans la presse déchaînée n°1

Ici Brest, les Bretons parlent aux Lorrains ! Finis, les « poulets de presse », ces grosses rubriques où je commentais la presse écrite à travers l’exemple de plusieurs journaux récents, rubriques qui me demandaient une dépense inconsidérée en temps et en énergie et qui étaient de toute façon tellement indigestes qu’il n’y avait probablement que deux ou trois personnes pour les lire… Place à « Dans la presse déchaînée » où je ne commenterai plus qu’un journal à la fois ! Commençons par la presse locale de mon vert pays…

Ouest France n°20.720 du 1/10/2012 : Je n’ai jamais tellement cru à la possibilité de l’impartialité dans un domaine où la pensée est mobilisée, et le journalisme ne fait pas exception à mes yeux : chaque tournure de phrase, chaque choix lexical, est révélateur, volontairement ou non, du parti pris de l’auteur. Rien que pour ça, je serais presque (j’ai bien dit presque) disposé à pardonner à François-Régis Hutin, le patron de Ouest France, d’avoir intitulé son édito, sans ambiguïté aucune, « une nécessité : adopter le Traité », le traité en question étant évidemment le pacte budgétaire européen. Au moins, ça a le mérite d’être clair ! Et pourquoi est-il à ce point nécessaire d’adopter ce traité scélérat qui fait payer aux peuples les inconséquences de leurs dirigeants ? Grosso modo parce qu’on s’est conduits en enfants gâtés, parce que si on ne joue pas le jeu, la France va être isolée dans l’Europe et perdre sa place parmi les grandes nations, oh comme c’est triste, et puis sinon, papa marché va gronder, et puis tout le monde sait que baisser les dépenses publiques est la seule façon de relancer la sacro-sainte croissance, et la croissance, c’est bien connu, ça crée des emplois, et gnagnagni, et gnagna… Hé, François-Régis ! Tu sais ce que c’est, la rigueur budgétaire ? Je l’ai dit tout à l’heure, c’est économiser sur ce qui est vital pour la population afin de pouvoir rembourser les dettes contractées pour financer de grands travaux inutiles et autres dépenses somptuaires des ministres, dettes dont les intérêts ne font que grimper parce qu’on a eu l’idée géniale d’emprunter aux marchés plutôt qu’aux banques centrales : non seulement c’est injuste, mais en plus c’est vraiment crétin puisque si les gens ont moins d’argent, ils consommeront moins alors l’économie ne sera pas relancée, et il faudra à nouveau emprunter et faire gonfler la dette de plus belle ! Pas besoin d’une chaire d’économie pour comprendre ça ! Toute cette histoire de crise, de dette, de rigueur indispensable ne sont que des prétextes pour légitimer la casse des conquêtes sociales et des services publics ! Si cet affreux vieillard de Hutin ne sait pas ça, c’est grave, s’il le sait mais nous prend pour des cons, c’est encore pire ! On dit que la police est le suppôt armé de la bourgeoisie, les éditorialistes sont les suppôts lettrés de la bourgeoisie !

Tournons la page… Oh, que vois-je ? Un reportage sur la Chine et, plus précisément, sur l’idéologie nationaliste et revancharde qu’on inculque aux écoliers élevés en batterie dès leur plus jeune âge. Quand je dis que le choix des mots révèle toujours peu ou prou un parti pris, lisez donc le chapeau de ce reportage signé Edgar Dasor : « La Fête nationale, aujourd’hui, permet d’apprécier la réussite de l’éducation au patriotisme voulue par les autorités. » Vous avez bien lu, ils ont écrit la « réussite » – et pas seulement les « résultats » ! Comme si c’était une formidable victoire de conditionner… que dis-je, de dresser, de robotiser les gosses d’une manière que ne renierait pas Zorglub, le savant fou des aventures de Spirou ! D’autant qu’il ne s’agit pas simplement de patriotisme, mais carrément de nationalisme, vous connaissez la différence ? De Gaulle, qui en connaissait un bout question patriotisme, disait « le patriotisme, c’est aimer son pays. Le nationalisme, c’est détester celui des autres. » C’est justement ce dont il est question : les pourris du parti communiste chinois ne se contentent pas d’apprendre aux enfants à aimer la Chine, ils leur apprennent à détester le Japon qui aurait volé des terres à la Chine, histoire de pouvoir compter sur de braves petits soldats dociles quand ils déclareront la guerre au pays du soleil levant ! Et c’est ça qu’il faudrait « apprécier » (ils n’ont pas écrit « évaluer » !) d’après la rédaction de Ouest France ? Ils ont eu une conception de l’éducation passablement malsaine : imaginez que Vincent Peillon propose d’inculquer aux enfants de chez nous la haine, la xénophobie et l’obéissance aveugle ? Vous imaginez le tollé ?

Vous pensiez avoir tout vu ? Et non, ils ont gardé le meilleur pour la dernière page, où Philippe Richard signe un article dithyrambique sur… Mireille Mathieu. Ben non, elle ne s’est pas suicidée quand son cher Nicoléon Ier a été balayé dans les urnes ! Ben non, les médias n’ont pas renoncé à nous faire adhérer à tout prix à ce qu’ils nous présentent comme une grande dame de la chanson et qui n’est jamais qu’une pitoyable pimbêche immature, inculte et réactionnaire dont les piaillements discordants font passer le crissement d’une craie neuve sur un tableau noire pour une mélodie digne de Weber, Mozart et Beethoven réunis ! Je ne connais pas une seule personne saine d’esprit et de corps capable de supporter sa (hum !) voix plus de deux secondes ! Déjà cinquante ans qu’elle nous vrille les tympans, cette connasse, et le pire, c’est que c’est parti pour durer : pour vous donner une idée, sa mère a 90 ans et la suit en tournée, ce qui donne une idée de la santé insolente dont on jouit dans sa famille… Si je parle de tournée, c’est parce qu’elle continue à en faire, la dernière en date, c’était… en Allemagne ! Je ne voudrais pas insister lourdement sur la mélodiosité (cherchez pas, j’ai inventé ce mot pour désigner le fait d’être mélodieux) discutable de la langue de Goethe, mais je ne peux pas m’empêcher de penser que plaire à un peuple accoutumé à n’entendre quasiment que des sons gutturaux n’est pas une bonne nouvelle pour une (hum !) chanteuse originaire du Sud-ouest de la France : ajoutez à cela que la dernière invention des Allemands en termes de musique se nomme Tokio Hotel, et vous vous ferez une idée de leurs goûts musicaux ! Et pour ne rien arranger, madame Mathieu enfonce le clou sur sa bigoterie médiévale et son flirt sauvage avec la Russie de Vladimir Poutine, qu’elle désigne comme « un grand pays, amis de la France », flirt qui lui a fait désapprouver l’acte qui a valu aux Pussy Riot d’être envoyées au goulag ! « Elle répond qu’une église n’est pas le meilleur endroit pour protester », nous dit le journaliste, voulant atténuer le propos : est-ce que ça méritait le bagne en Sibérie pour autant, hein ? Mireille Mathieu n’assassine pas que la musique ! Bon, je m’énerve, mais je ne vous ai même pas dit pourquoi Ouest France lui consacrait un article : c’est parce qu’elle sort un album en hommage à Édith Piaf, dont elle revendique l’héritage… Je ne suis pas un fou de « la môme », mais je ne crache pas sur ses chansonnettes qui se laissent écouter encore aujourd’hui : cinquante ans qu’elle est morte, mais elle a oublié de noyer ses petits avant de partir ! Mal lui en a pris, il y en a une qui va massacrer ses chansons !

Conclusion : Vous avez Le Républicain lorrain, nous, on a Ouest France : chacun sa merde, comme on dit ! Allez, salut les poteaux !

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