Dans la presse déchaînée n°5

Charlie Hebdo n°1058 du 26/09/2012 : Ici Brest, les Bretons parlent aux Lorrains ! Deux semaines déjà, ça paraît si proche et si loin à la fois ! Il y a deux semaines à peine, Charlie répondait aux attaques dont il était l’objet suite à la publication de caricatures de Mahomet d’une façon cinglante : il avait mis en vente deux éditions du même numéro, l’une « irresponsable », qui proposait aux lecteurs le contenu habituel du journal, et l’une « responsable » qui était presque tout blanc : quasiment aucun article, juste des titres anodins comme on en trouverait dans L’Express, Le Point ou dans la presse régionale, le tout « illustré » par des cadres blancs signés des dessinateurs de l’hebdo. Un seul vrai texte, « l’apéro » de la rédaction, où celle-ci fait mine de vouloir faire amende honorable et promet de ne plus jamais provoquer… Le message est clair : si un journal satirique ne doit jamais prendre le risque de provoquer ni de fâcher, alors on le réduit au silence. Si on veut plaire à tout le monde, on en est réduit à débiter des niaiseries au kilomètres, on ne fait pas d’humour bête et méchant, on pratique « l’humour » émasculé, incolore et inodore pratiqué par Plantu, Anne Roumanoff, « Scènes de ménage » et autres chevaliers du fiel de mes deux. On ne fait pas non plus d’articles de fond, on se contente de recopier les dépêches de l’AFP ou de commenter des goûters du 3ème âge.

Maintenant, éditer un journal tout blanc, c’est une arnaque ou un pied de nez extraordinairement tonique adressé à ses détracteurs ? Je n’ai pas la réponse définitive, mais après tout, le journal tout blanc, personne n’était obligé de l’acheter… Tiens, cette dernière remarque éveille en moi deux réflexions : premièrement, si ça vous emmerde à ce point que l’on caricature ce que certains considèrent comme sacré (je dis ça parce que j’ai quand même l’impression que la plupart des réactions indignées, en France, émanaient de non-musulmans !), vous n’êtes pas forcé de lire les journaux qui le font ; si Charlie se laissait aller au racisme à la xénophobie dans la veine de Minute, je comprendrais que l’on s’indigne, mais là, il ne s’agissait pas d’une stigmatisation des musulmans mais simplement, au mieux, d’un exercice d’asticotage en règle des intégristes qui empoisonnent la vie des croyants de base ou, au pire, d’une attaque contre une des manifestations de l’esprit religieux pris dans sa généralité, un des plus vieux ennemis du journal. Deuxièmement, éditer un journal blanc à la même échelle qu’un journal normal, c’est faire des frais pour pas grand’ chose : ça aura quand même coûté à la rédaction le prix du papier et celui de l’encre de tous les exemplaires, et ce numéro un peu spécial ne s’est pas aussi bien vendu que le précédent qui a fait couler tant d’encre (mais pas une goutte de sang…). Conclusion : pour répondre à ses détracteurs, Charlie a sciemment pris le risque d’un déficit important, qui plus est alors que certains desdits détracteurs ont pris l’initiative de lui intenter un procès qui lui coûtera assez inévitablement de l’argent. Rien que pour ça, l’accuser d’exploiter le filon de l’islamophobie pour faire vendre est franchement de mauvaise foi. Je dis ça sans mettre l’hebdomadaire sur un piédestal, loin s’en faut…

Bon, pour moi, l’affaire est close, je ne commenterai donc pas les réponses que Charlie fait à ses détracteurs, tout le monde y est déjà allé de son petit couplet… Je préfère vous parler de deux articles qui m’ont marqué et qui parlent de deux trucs dont on ne parle pas presque pas. En un, il y a Fabrice Nicolino qui nous explique que dans certaines grandes villes de mon vert pays breton, les municipalités socialistes ont une drôle de façon de dé-privatiser la gestion de l’eau ; en effet, ce n’est pas un scoop, la privatisation de l’eau a eu le même effet que toutes les autres privatisations passées, présentes et à venir : transformer un service public performant en une entreprise qui traite ses clients comme du bétail et n’en a rien à secouer de la qualité de ses prestations. Alors on renationalise ? Par-devant, oui, c’est déjà ce qu’a fait Brest et c’est ce que Rennes envisage de faire. Sauf que par-derrière… Enfin, pour ce faire, ils ont recours à une créature de Frankenstein juridique comme les politiciens savent en inventer : la société publique locale ou SPL. D’après Gérard Borvon, que Nicolino présente comme un « grand combattant de l’eau en Bretagne », ce serait de l’enfumage organisé : « La SPL n’a pas besoin de mise en concurrence et d’appel d’offres, ce qui est bien commode. En vertu de quoi Brest, après avoir créé cet outil, s’est empressé de confier la gestion de l’eau potable de la ville à Veolia. Mais les voitures qui s’occupent de la distribution de l’eau, elles, arborent une inscription inoffensive, en l’occurrence “Eau du Ponant”. » En clair, non seulement les grandes villes bretonnes ne reviennent pas au monopole public de l’eau mais, en plus, elles instaurent le monopole privé ! Concurrence libre et non faussée, mon cul ! Bravo la gauche ! J’en suis à me demander si ce n’est pas parce qu’il sait que Charlie met assez inévitablement des bâtons dans les roues de la majorité socialiste qu’Ayrault a essayé de faire taire le journal ! Tiens, d’ailleurs, comment elle est gérée, l’eau, à Nantes ?

François Cuillandre, maire de Brest et président de Brest Métropole Océane vu par un de ses administrés.

En deux, il y a le docteur Pelloux : je me demande comment il trouve le temps de faire son boulot à l’hôpital avec tout ce qu’il écrit pour Charlie, mais sur ce coup-là, je ne peux pas trop lui en vouloir, puisqu’il a la bonne idée de remettre les pendules à l’heure à propos de la cocaïne, une drogue dont la consommation ne cesserait de progresser en France ; grosso modo, c’est une drogue vraiment très dangereuse contre laquelle l’Etat ne fait pratiquement rien… Les trafiquants de poudre blanche ont-ils donc le bras long au point de pratiquer un lobbying agressif sans que ça se voie ? Voilà qui ne m’étonnerait qu’à moitié… C’est d’autant plus grave que cela prend nos dirigeants en flagrant délit d’hypocrisie aggravée : non contents de nous bourrer le crâne de propagande pour nous dire qu’il n’y a pas de drogues douces et ainsi justifier que l’on persécute les consommateurs d’herbe ou de marijuana, ils ferment les yeux sur une drogue vraiment dure ! Tiens, j’avance une hypothèse : nier la différence entre drogues douces et drogues dures aurait-il pour finalité non seulement de maximiser les effets néfastes des drogues douces mais aussi de minimiser les effets des drogues dures afin de protéger les trafiquants d’une part et les consommateurs proches du pouvoir d’autre part ? Je veux dire par là : faute d’information sur les effets de la cocaïne, la population garde de la poudre blanche l’image de la drogue des stars, du show-biz, du gotha et devient ainsi une proie idéale pour les cartels de tous les horizons. Et comme la consommation de cocaïne est un fait avéré dans la « jet-set », ne maintiendrait-on pas vivace cette image trompeusement flatteuse de la coke afin que toutes ces stars en carton-pâte, que nos élus fréquentent probablement dans les boîtes à partouze où le populo ne va pas, restent à l’abri de la vindicte populaire même quand elles sont prises en flagrant délit de sniffage ? Je ne fais pas mon schtroumpf à lunettes qui vous dit que la drogue c’est pas bien, je trouve juste qu’il y a là une contradiction majeure qui est de nature à nous faire poser un certain nombre de questions… Allez, salut les poteaux !

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