La BD fait son cinéma (3)

RENAN APRESKI : Ici Brest, les Bretons parlent aux Lorrains ! Aujourd’hui, c’est la sortie d’Astérix et Obélix au service de sa majesté, quatrième adaptation cinématopgraphque des aventures du petit gaulois créé par Goscinny et Uderzo, on peut s’attendre à un certains succès dans les salles, n’est-ce pas, Michel Denisot ?

MICHEL DENISOT : C’est exact ; quand les cinéastes français n’ont plus aucune idée, leur ultime ressource, c’est de continuer à piller allégrement la B.D. Notez que je ne me plains pas trop : en tant que directeur artisitique des Césars, je suis tenu d’aller voir quasiment tous les films français, alors les rares fois où je peux voir autre chose que deux heures de parlottes rasoir, je ne vais pas râler. Mais si jamais Obélix est devenu un trentenaire qui hésite à s’engager avec Falbala, je fous le feu à la salle avant de me faire hara-kiri !

R.A. : Hum ! Cette sortie est l’occasion idéale pour parler une nouvelle fois des rapports qu’entretiennent la B.D. et le cinéma ; Gérard Depardieu, vous portez pour la quatrième fois le costume d’Obélix, c’était un rôle fait pour vous, non ?

GÉRARD DEPARDIEU : J’te l’fais pas dire, mon con ! Être payé des millions pour bouffer du sanglier, on a vu pire, comme rôle ! Le seul truc qui cloche, c’est que le froc à Obélix, il a pas de braguette ! Alors quand j’ai besoin de pisser, ben je pisse dedans, hein, comme dans les avions ! Au moins, cette fois,on pourra me reprocher de montrer mon gros menhir à tous les passants !

R.A. : Heu ! Et vous êtes content de votre interprétation dans ce quatrième opus ?

G.D. : Un peu, ma poule ! Ma scène préférée, c’est le moment où Obélix boit dans les tonneaux de vin confisqués par les Romains pour essayer de retrouver la potion magique ! J’ai adoré la jouer, tu peux pas savoir, j’étais prêt à faire toutes les prises qu’il fallait pour qu’elle soit parfaite ! Mais ils m’ont dit qu’une seule suffisait, tant pis…

R.A. : Bon, merci, Gérard ! Alain Delon, vous avez joué dans le précédent Astérix, et beaucoup s’accordent à dire que votre interprétation dans le rôle d’Alain Delon était le seul intérêt du film…

ALAIN DELON : Oui, Alain Delon a l’habitude de ce genre d’hommage, car il s’honore d’avoir sauvé de la médiocrité quantité d’autres films qui, sans lui, n’auraient même pas valu l’alumette pour les brûler ! De surcroît, Alain Delon a le flair pour savoir si un film sera réussi ou non, et lorsque Thomas Langmann l’a supplié à genoux pour jouer dans Astérix aux jeux olympiques, Alain Delon a tout de suite vu que ce film était mal engagé et n’avait aucune chance de rencontrer un quelconque succès sans l’intervention d’une star digne de ce nom : aussi, pour ne pas briser la carrière de ce jeune réalisateur laborieux, Alain Delon a consenti à donner de son incommensurable talent pour que son film ait tout de même sa chance dans la jungle impitoyable du 7ème art où seul de grands fauves comme Alain Delon peuvent espérer survivre : c’est le cadeau qu’Alain Delon, superbe et généreux, voulait lui faire.

R.A. : Ben c’est rudement gentil de votre part, d’autant que dans ce film, vous vous moquiez un peu de vorte propre perosnnage, en interprétant Jules César…

A.D. : Oui, car Alain Delon se pique d’avoir beaucoup d’humour, surtout à propos de lui-même : il sait que l’on ne caricature que les vedettes dignes ce nom et que toute œuvre qui tourne en dérision Alain Delon est une preuve supplémentaire de l’aura internationale d’Alain Delon. C’est pourquoi Alain Delon se prête lui-même au jeu de caricaturer Alain Delon, car Alain Delon ne veut pas prendre le risque d’être aveuglé par son éclatante gloire et il sait que l’auto-dérision est le plus sûr moyen de garder les pieds sur terre ; et qui mieux qu’Alain Delon peut se moquer d’Alain Delon ? En Papouasie, Alain Delon est l’équivalent du Bacchus latin, le dieu du rire et du vin…

R.A. : Du vin ?

A.D. : Oui car, en vérité, Alain Delon vous le dit : quand on joue un film avec Depardieu, on a intérêt à s’y connaître un minimum en vin !

R.A. : C’est sûr… Jean Dujardin, vous, vous avez joué Lucky Luke, et…

JEAN DUJARDIN : Ouais, ouais, je sais, ce film était une merde… Mais j’avais pas fait The artist, à l’époque ! Je débutais, j’acceptais n’importe quoi ! Et puis mets-toi ma place : tu serais motivé pour jouer le rôle d’un mec qui tire plus vite que son ombre ? Tu trouverais ça valorisant ? Alex, ma femme, m’a vanné pendant des semaines avec ça ! Et les soirs où j’étais pas en forme, elle me disait « Tu préférais monter Jolly Jumper que me monter moi, peut-être ? »

R.A. : Jean, votre vie privée ne nous concerne pas… Est-ce que la B.D. vous inspire, globalement ?

J.D. : Ouais, bien sûr ! J’ai pensé à jouer les Bidochon jeunes avec Alex, mais c’est déjà ce qu’on a fait à la télé pendant des années, ça n’vaut pas l’coup… Comme c’est les films où je parle pas qui marchent le mieux, je jouerais bien le Marsupilami ! Et puis jouer une bestiole qui a une queue de huit mètres de long, ça me déplairait pas ! ‘Faudrait que j’en parle à Chabat…

R.A. : C’est ce qu’on vous conseille… Keith Richards, ces adaptations des « comics » au cinéma, ça vous inspire ?

KEITH RICHARDS : Ah, m’en parle pas ! Depuis qu’il est question de faire Astérix in Britain au cinéma, il y a des jeunes rockeurs qui se croient marrants en me disant « Hé, papy Keith, quand Astérix a débarqué chez nous, t’étais déjà là ? Et c’est là qu’il t’a appris à consommer de la potion magique ? » Ils me croient fini, mais le vieux Keith a encore de la ressource ! D’ailleurs, pour revenir à c’que tu dis, quand Spielberg a tourné Tintin, ça m’a étonné qu’il me contacte pas pour faire le captain Haddock : j’avais déjà joué un vieux marin dans Pirates des Caraïbes, ça m’allait au poil ! Et s’il avait voulu une Castafiore plus vraie que nature, pas de lézard, Mick l’aurait fait ! Parce que pour faire les divas, çui-là ! Et la comparaison s’arrête par là : la Castafiore, la presse l’a mariée avec douze milliards de personnalités, c’est à peine moins que le nombre de filles que Mick s’est tapées depuis le début de sa carrière…

R.A. : On s’en doute ! Catherine Sinet, la B.D., c’est pas tellement le truc des Siné, il me semble ?

CATHERINE SINET : Le cinéma non plus, Bob s’endort systématiquement devant l’écran ! J’ai souvent entendu dire qu’on le comparait au capitaine Haddock, lui aussi : pas seulement parce qu’il est grossier et qu’il aime bien l’alcool, mais aussi parce qu’il est révulsé par les injustices : quand Haddock enguirlande un négrier dans Coke en stock, il agit d’une façon que Bob ne renierait pas ! Mais personnellement, il me fait plutôt penser à Lucky Luke : il défend les pauvres, les faibles, les opprimés, mais il a souvent envie de les laisser tomber tellement ils sont cons et lâches… Notez, pour le moment, sa vie, elle ressemble plutôt à une série de Cauvin, Les femmes en blanc : espérons que ça ne devienne pas tout de suite Pierre Tombal

R.A. : Croisons les doigts ! Monsieur le président, vous avez un commentaire sur le sujet ?

FRANÇOIS HOLLANDE : Tout à fait : durant ma campagne, on m’a comparé à Babar, mais maintenant que je suis président, je me sentirais plus proche d’Haroun el Poussah ; vous savez, le calife dans Iznogoud… Il m’est arrivé d’être aussi gros que lui, et surtout, je suis sûr que dans dans mon entourage, il y a un méchant grand vizir qui veut ma perte pour pouvoir prendre ma place sans que je le sache !

R.A. : Vous pensez à Manuel Valls ?

F.H. : Oooooh, non ! Pas Manuel ! J’ai une confiance absolue en lui ! De telles bassesses, ce n’est pas son genre ! En ce qui le concerne, je suis quiet !

R.A. : C’est marrant, je trouve que votre réponse accentue votre ressemblance avec le calife…

F.H. : Vous voulez dire que je ne méfie pas assez ? Bon sang, il faudra que je recadre Jean-Marc Ayrault ! Il ne faudrait pas qu’il se mettre à croire aveuglément à son charisme au point de s’imaginer avoir la stature pour me remplacer !

R.A. : Oui, il ne faurdrait pas qu’il y croie… Jonathan, le mot de la fin ?

JONATHAN HOESCH : Ben il ne faut pas oublier que dans les deux premiers films Astérix, c’est Christian Clavier qui jouait le petit gaulois : à l’écran, Clavier, il résiste à l’envahisseur, mais dans la vraie vie, il pactise avec lui pour payer moins d’impôts !

R.A. : Merci, Jonathan… Avant de conclure, signalons à nos lecteurs que s’ils aiment le jeu consistant à chercher quel personnage de B.D. un homme politique pourrait interpréter au cinéma, ils peuvent se reporter au livre de Gervais et Albert Algoud, publié en 2009 chez Fetjaine : je recommande tout spécialement Martine Aubry en Raymonde Bidochon, D.S.-K. en Pervers Pépère, Raffarin en Achille Talon, Borloo en Gaston Lagaffe, Bachelot en Castafiore, Copé en Iznogoud et Jospin en Tournesol… Plus vrais que nature ! Allez, kenavo !

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