« Quand je vois la haine de certains opposants au mariage gay je me dis que le poison qui coule dans leurs veines est de celui de ceux qui mettaient des juifs dans des wagons.» (Jérôme Lambour)
Ici Brest, les Bretons parlent aux Lorrains ! Si, comme moi, vous avez l’habitude de chiner dans les grandes braderies, les vide-greniers, les foires aux livres, les boutiques de bouquinistes… Bref, si vous êtes un habitué des manifestations et lieux dédiés, partiellement ou exclusivement, à la revente de livres, ça vous est sûrement déjà arrivé de constater que beaucoup de gens revendaient un exemplaire d’un livre que vous avez étudié à l’école ou au collège en cours de Français.
L’explication du phénomène est simple : si vous avez étudié ce livre pendant votre scolarité, c’est qu’il était au programme de l’éducation nationale cette année-là, ce qui veut dire que ce ne sont pas seulement les vingt ou trente têtes blondes qui peuplaient votre classe qui ont dû le lire, mais quasiment tous les gosses de France qui avaient votre niveau scolaire à l’époque ! Imaginez le nombre d’exemplaires écoulés par ce biais ! Et comme le programme ne change pas forcément d’une année sur l’autre, ça double d’autant plus ce nombre. Donc, quand les enfants qui ont étudié ce livre ont grandi, de deux choses l’une : ou bien ils le gardent en souvenir, ou bien ils essaient de s’en débarrasser soit parce que ça leur rappelle les lectures à marche forcée qu’on leur imposait quand ils n’avaient pas encore le goût de la lecture (certains ne l’acquièrent jamais, ce qui règle d’autant plus vite la question) soit parce qu’ils ont mûri et trouvent cette lecture désormais au-dessous de leurs moyens (ce ne sont pas les plus nombreux !) soit pour se faire un peu d’argent de poche (ce qui n’exclut pas l’une ou l’autre des deux motivations susnommées)
L’un des livres de ce type que j’ai fréquemment retrouvé sur l’étal des revendeurs, je l’avais étudié en classe de troisième, au collège, il s’agissait de L’ami retrouvé de Fred Uhlman. Pour ceux qui ne l’ont pas lu, ça se passe à Stuttgart au début des années 1930 et ça raconte l’amitié entre Hans Schwarz, fils d’un médecin juif, et Conrad Von Hohenfels, jeune descendant d’une famille aristocratique allemande au passé prestigieux. La monté en puissance des nazis conduira Hans à se réfugier en Amérique : après ses études, il apprendra que Conrad est mort pendant la guerre…exécuté pour sa participation à un attentat contre Hitler, d’où le titre de ce petit livre. Mais avant de fuir, Hans avait assisté à un cours « d’histoire » donné par un professeur mis en place par le régime nazi et racontant que les civilisations antiques les plus florissantes, comme celle de la Grèce, devaient leur grandeur à l’arrivée sur leur sol de peuples présentés comme les ancêtres des allemands : en d’autres termes, à lire Fred Uhlman, la propagande hitlérienne passait aussi, ce qui ne surprend personne, par une réécriture de l’histoire glorifiant systématiquement les ancêtres mythiques de la race aryenne soi-disant supérieure comme porteurs de tous les bienfaits possibles et imaginables pour la civilisation européenne. Tous les régimes totalitaires font ça…
Pourquoi je vous parle de ça ? Parce que quand j’entends Serge Dassault annoncer super à l’aise que c’est l’homosexualité qui a provoqué la décadence de la Grèce antique, j’ai vraiment l’impression d’assister ni plus ni moins qu’à un énième exemple de dévoiement de la connaissance historique à des fins idéologiques malsaines, dévoiement indigne d’une société démocratique. Et ce mec-là est sénateur-maire de Corbeil, donc élu du peuple… Monsieur Dassault, puis-je vous appeler « l’ennemi retrouvé » ? Allez, salut les poteaux !
Et le premier financeur en argent et logistique du FHaine!!!