Temps est venu pour tous, de méditer sur cette vieille recette …

Il était une fois un soldat qui s’en revenait de la guerre. La route était longue, il soufflait un vent glacial et le soldat avait grand-faim. Quand il arriva enfin dans un village, il s’arrêta devant la première maison et demanda quelque chose à manger. Mais les gens secouèrent la tête :
– Nous-mêmes n’avons rien à manger, dirent-ils.
Et le soldat poursuivit son chemin. Il s’arrêta devant la maison suivante et demanda un morceau de pain.
De nouveau, les gens secouèrent la tête :
– Nous n’avons rien, dirent-ils, ni pour nous, ni pour nos enfants!
– Auriez-vous une grande marmite? demanda le soldat.
– Oui, répondit le père de famille, nous avons une marmite.
– Avez-vous assez d’eau pour la remplir? demanda encore le soldat.
– Oui, nous avons assez d’eau.
– Alors, dit le soldat, remplissez la marmite d’eau et mettez-la sur le feu car j’ai avec moi une pierre à soupe.
– Une pierre à soupe, s’étonne le père, mais qu’est-ce donc que cela?
– C’est une pierre qui fait de la soupe, dit le soldat.
Toute la famille l’entoura pour voir cette merveille, cette pierre qui faisait de la soupe ! La mère versa de l’eau dans la grande marmite et la suspendit au-dessus du feu. Le soldat sortit alors de sa poche une pierre semblable, à vrai dire, à toutes les pierres qu’on peut ramasser le long d’une route et la jeta dans la marmite.
– Et maintenant, dit-il, attendons que l’eau bouille.
Ils s’assirent tous autour du feu.
– N’auriez-vous pas un peu de sel pour la soupe, demanda le soldat.
– Bien sûr, dit la femme, et elle lui tendit la boîte à sel.
Le soldat en prit une grosse poignée et la jeta dans la marmite.
– Quelques carottes donneraient du goût à la soupe, dit le soldat.
– Oh! si ce n’est que cela, dit la femme, nous avons des carottes.
Et elle en tira d’une caisse que le soldat contemplait déjà depuis quelques minutes. Pendant que les carottes cuisaient, le soldat se mit à raconter ses aventures. Puis il dit :
– Ne pensez-vous pas que quelques pommes de terre épaissiraient la soupe ?
– Il nous reste des pommes de terre, dit la fille aînée, je vais aller les chercher.
On éplucha les pommes de terre, on les mit dans la marmite et l’on attendit de nouveau que la soupe bouille.
– Un oignon relèverait le goût, dit le soldat.
– C’est vrai, répondit le père et il envoya son fils cadet en chercher chez le voisin. Le petit garçon en rapporta trois qu’on mit aussitôt dans la marmite.
En attendant que la soupe cuise, tout le monde plaisantait et le soldat évoquait les temps heureux d’avant la guerre.
– Je n’ai pas goûté aux choux depuis que j’ai quitté la maison de ma mère, dit-il.
– Va donc au jardin arracher un chou, dit la mère à sa fille cadette.
La petite revient bientôt avec un superbe chou qu’on ajouta aussitôt à la soupe.
– Elle ne va pas tarder à bouillir maintenant, dit le soldat.
– Encore quelques minutes de patience, dit la femme, et elle remua la soupe avec une longue cuiller de bois.
A ce moment précis, la porte s’ouvrit et le fils aîné rentra. Il apportait une poule superbe.
– Voilà justement ce qu’il fallait pour corser le repas, dit le soldat.
En un tournemain, la poule fut préparée dans la marmite.
Le fils aîné s’exclama :
– Cette soupe sent vraiment bon !
– C’est le voyageur qui a apporté une pierre à soupe et qui nous l’a prêtée pour notre repas, dit le père.
Enfin la soupe fut prête; elle était, en effet, excellente, et il y en avait assez pour satisfaire la fin de tout le monde: le soldat, le paysan et sa femme, le fils aîné et la fille aînée, le petit garçon et la petite fille.
– C’est une soupe merveilleuse, dit le paysan.
– C’est une soupe miraculeuse, dit sa femme.
Et le soldat répondit:
– Oui, c’est vrai, et elle fera toujours de la soupe si vous suivez la formule que nous avons adoptée aujourd’hui.
Ils terminèrent le repas et, quand vint le moment des adieux, le soldat remit la pierre à la femme pour la remercier de sa gentillesse. Elle ne voulait pas l’accepter, mais il insista :
– Gardez-la, je vous en prie, dit-il, c’est bien peu de chose.
Et il poursuivit son chemin, sans la pierre. Fort heureusement, il en trouva une autre, juste avant
d’arriver au village suivant…

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