LE FC METZ N’EST PAS MORT, IL DORT.

Après la terrible désillusion du vendredi 4 mai, au soir d’une défaite humiliante 2-5 contre Guingamp, peu de personnes croyaient encore à un sursaut d’orgueil de ces hommes qui en manquent tant. Et pourtant, tout était encore possible en cas de victoire à Avignon, ce club qui après nous avoir empêché de monter il y a 2 ans , nous envoie cette fois par le fond avec dans ces rangs deux anciens messins, Rocchi et Butelle.

Il n’y a donc pas eu de miracle hier soir dans l’horrible stade de l’ACA. Le FC Metz, club du top 10 français en terme de matchs joués dans l’élite, va connaître la saison prochaine l’enfer du championnat de troisième division, là où beaucoup avaient ri de voir le voisin Strasbourgeois il y a  peu,inconscients qu’ils étaient de voir que le FC Metz y allait lui aussi tout doucement.

Quatorze ans après la folle nuit qui avait vu le FC Metz perdre au goal-average un titre de champion de France au profit du RC Lens (qui a senti lui aussi le souffle du national dans son dos cette saison), c’est toute une région qui s’est réveillée ce matin avec la gueule de bois. Colère pour les uns, tristesse pour les autres, le sort du club chéri du peuple grenat ne laisse personne indifférent tant ce club a bercé par sa riche histoire plusieurs générations de lorrains, fiers de ses valeurs familiales (surfaites depuis longtemps),de combativité et de son ancrage dans l’histoire même de notre région. Quand la sidérurgie lorraine se mourrait en 1984, la victoire du FC Metz en coupe de France a redonné un peu d’espoir aux lorrains et la magnifique victoire au Nou Camp 4-1 contre le grand Barcelone de Schuster marquera cette année là l’un des plus incroyables exploits du football français. Avec à la baguette un certain Jules Bocandé, décédé en début de semaine, comme un symbole de la fin d’une époque,et dont l’office religieux a été célébré ce matin en présence de Carlo Molinari qui doit vivre de tristes heures.

L’année même où le FC Metz fête ses 80 ans (même si pour certains dont je suis,il est né en 1919 avec la création du CA messin), il aura connu la pire saison de sa longue existence.

Deux questions sont maintenant sur toutes les lèvres : qui sont les responsables de cette déroute et va-t-on être en mesure de rebondir ?

Il ne faut pas aller chercher loin les responsables : le premier d’entre eux est le président Serin. S’il a réussi à assainir en partie le déficit du FC Metz, il a aussi et surtout été incapable de prendre des décisions pourtant évidentes pour tous les observateurs ou prenant des initiatives qui ont précipités notre déclin sportif. L’erreur originelle aura été de conserver Yvon Pouliquen après l’échec de la remontée en 2009 et alors que celui-ci avait le culot de faire le difficile à l’intersaison et de se faire désirer alors qu’il n’avait pas grand chose de désirable. En janvier 2010, alors que le FC Metz se retrouve en bonne position pour remonter en ligue 1, Bernard Serin laisse partir pour une bouchée de pain le meilleur buteur du club, Papiss Cissé qui aujourd’hui vaut au moins 15 fois ce que l’a vendu Metz ,et qui depuis janvier 2012 joue à Newcastle United en Premiere League où il flambe . Pour 1,5 millions d’euros, on a  sans doute laisser passer l’occasion de retrouver la Ligue 1 et ses revenus plus confortables.

Début avril, le club est encore en excellente position pour monter. Entre temps, Sylvain Wiltord, champion d’Europe en 2000, a rejoint les grenats pour un bilan plutôt mitigé. C’est le moment que choisissent les joueurs pour perdre de leur superbe ; conséquence : le club quitte le podium, et la réaction de Bernard Serin est trop tardive : quand il remplace enfin Pouliquen par Joel Muller , le mal est déjà fait : Arles-Avignon, venu gagner à Saint Symphorien, fait le trou et Metz ne parviendra pas à le combler.

En juin 2010, c’est le grand ménage ; de nombreux cadres quittent le club , et le président Serin prend sans doute l’une des plus risibles et inattendues décisions qui soit : confier l’équipe à Dominique Bijotat, looser notoire , limogé ou démissionnaire de partout où il est passé avec des bilans à chaque fois assez catastrophique, que ce soit à Ajaccio, Châteauroux ou encore Sochaux. Où Bijotat passe,le club trépasse.

Il était pourtant question à l’époque d’un entraineur allemand francophone nommé Peter Zeidler ; le même qui assistera vendredi prochain à l’enterrement du FC Metz sur le banc du Tours FC en passe de réaliser sa meilleure saison depuis le retour du club tourangeaux en ligue 2…comme un symbole de plus .

Le bilan de Bijotat à Metz est à la hauteur de sa réputation : deux ans d’errements tactiques où il a été incapable de dégager un fond de jeu cohérent et une équipe type. Deux ans de compositions fantaisistes, de favoritisme pour des joueurs comme Guerriero qui sur le terrain perd souvent pied (et cela a notamment été le cas lors des deux derniers matchs du FC Metz, là où un capitaine digne de ce nom aurait du se transcender). Lui l’ancien de l’ASNL qui a  montré à chaque fois qu’il a joué… contre le FC Metz avec Ajaccio qu’il pouvait avoir le feu sacré restera comme l’un des plus fautifs des joueurs. Deux ans perdus également pour les jeunes pousses du FC Metz pourtant vainqueur de la Gambardella et qui n’auront été utilisés qu’en dernier ressort quand le club était déjà au bord du précipice ; quel cadeau pour eux…Deux ans pourtant de soutien présidentiel au mépris des faits et de la déliquescence implacable des grenats.

Les supporters, au delà de la descente, se souviendront longtemps de cette saison pour avoir été celle où un fossé immense s’est creusé entre eux et le club. Bras d’honneur de Bijotat à la Tribune Ouest, doigt d’honneur de Duhamel à la TEB lors du match Metz-Angers passé inaperçu pour la presse mais que j’ai vu de mes yeux, et insultes et menaces de certains joueurs sur les réseaux sociaux à l’encontre de leurs propres supporters. Du jamais vu, mais des faits assez symptomatiques de cette équipe de petits bras aux cerveaux mal faits. Pour la majorité d’entre eux, jouer à Metz ne signifie rien, comme en témoigne leur incapacité à répondre à des questions toutes simples sur le palmarès de leur club lors d’une interview fort instructive publiée dans le républicain lorrain à l’automne dernier. Il n’y a plus depuis longtemps dans ce club des joueurs qui ont le grenat dans le coeur, l’un des derniers a malheureusement du mettre fin à sa carrière pour des raisons médicales l’été dernier et s’appelle Stéphane Borbiconi.

Que ce soit Duhamel dont Troyes n’a pas eu besoin pour monter en ligue 1 et qui est ailleurs depuis longtemps dans sa tête, Bouby trop juste en ligue 2, Guerriero inconséquent et indigne capitaine, Besle qui n’a signé que pour 6 mois avec dès le départ l’envie d’aller voir ailleurs, Diaz peu concerné ou encore Fleurival devenu inconsistant, de nombreux joueurs cristallisent aujourd’hui la colère des supporters messins humiliés par cette descente dont se délectent nos voisins nancéiens.

Mais on ne fait pas d’ânes des chevaux de course , et pour l’avoir cru, les dirigeants messins doivent prendre leurs responsabilités en assurant au club un soutien financier susceptible de lui permettre de se reconstruire. Une reconstruction qui passera inéluctablement par une réorganisation interne , une vraie de vraie cette fois : exit Razurel et Muller, recrutement d’un entraîneur attaché aux couleurs messines , pourquoi pas Patrick Rémy , né à Béchy et qui a un expérience des montées (Sedan,Caen,Beauvais)…

En tout état de cause, le club a besoin d’un nouveau départ, et il faut que le président Serin prenne bien conscience que ce renouveau ne pourra pas se faire avec les hommes du passif que sont toutes cette bande de sangsues qui phagocytent le FC Metz depuis trop longtemps.

Le FC Metz a un an pour retrouver la ligue 2. Pour retrouver ses valeurs. Et se réinventer un avenir. Pas un avenir à la « projet grenat 2010 » , non, un vrai avenir, avec un vrai entraineur et de vrais grenats sur le terrain. Les grands clubs ne meurent jamais, il faudra savoir se servir de cette désillusion terrible pour rebondir de plus belle. Avec ses supporters, ses jeunes talentueux comme N’Sor, Keita ou Mané, sa tradition et ses structures, les grenats ont les moyens de refaire surface ; à Serin de jouer. Et bien cette fois.

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