Précarité : deux étudiants brestois témoignent.

03-05-Etudiants

Devezh mat, Metz, mont a ra ? Ce n’est pas la nouvelle du siècle, beaucoup d’étudiants ont des difficultés financières au quotidien; deux étudiants brestois ont accepté de témoigner anonymement sur ce sujet.

Monsieur X, étudiant en cinquième année de médecine, nous livre par le menu son parcours du combattant, avec néanmoins un relatif optimiste : « À partir de ma deuxième année, me financer a commencé à devenir compliqué pour ma famille ; alors en troisième, pour gérer mes loyers, je travaillais près de chez mon père à Lorient, mais c’était un peu compliqué, avec tous les allers et retours. Du coup, en quatrième année, j’ai pris un CDI de veilleur de nuit à Plouzané ; sept nuits par semaine, j’aidais à coucher des personnes âgées, je restais dormir sur place et s’il y avait besoin de faire des soins un peu compliqués, l’aide-soignant me réveillait : je touchais une heure de RTT par réveil et 34 euros par nuit, je terminais à sept heures et j’enchaînais sur les cours ou les stages le lendemain à neuf heures… 34 euros pour une veille où on ne dort pas beaucoup dans une chambre pourrie où il n’y a même pas de volets et où on est réveillé dès qu’il y a un peu de bruit dans les couloirs, c’était pas terrible ! Je récupérais des nuits où je ne dormais pas assez et je n’avais pas le temps de travailler suffisamment mes cours. Mais avec ça, les bourses, l’hôpital et les APL, j’entrais dans mes frais. Cette année, je n’’ai plus le temps, il y a le concours à la fin de l’année alors j’ai mis fin à mon CDI en juin. J’avais perdu les bourses donc j’ai fait une demande exceptionnelle en expliquant ma situation et j’ai fini par obtenir l’équivalent d’un échelon 2 de bourse. En tout, j’ai un peu plus de 600 euros mensuels, mais c’est un peu limite ; vu que je ne bosse plus, j’ai fait un prêt que je terminerai de rembourser l’année prochaine, mais je suis obligé de piocher dans mes réserves tous les mois pour vivre un peu correctement : j’avais 1.600 euros, de côté je vais arriver à zéro avant la fin de l’année. Mais de toute façon, je toucherai un salaire un peu meilleur quand je serai interne : je commencerai au smic et ça grimpera petit à petit. À priori, le plus dur est fait. »

Mademoiselle Y, étudiante en master de droit, est plus vindicative : « Ça fait six ans que je travaille comme surveillante d’internat à mi-temps ; en six ans, mon salaire est passé de 560 euros à…568 ! J’ai des aides des APL, réduites parce que je travaille l’été et pendant les vacances comme animatrice ! Presque tout mon salaire part dans le loyer, l’abonnement internet, l’électricité et le gaz et je me nourris avec mes 110 euros d’APL. Ce qui est assez marrant, c’est que comme je suis en travail précaire, je paie mon inscription à la fac avec ma prime pour l’emploi ! ‘Faut bien calculer, quoi ! Je m’en sors, mais en fait, je travaille tout le temps, j’ai jamais de vacances ! Je prends juste deux semaines pendant l’été ! Mon avenir ? Je sais pas, on verra ! Je suis quelqu’un de dynamique, je me fais pas de soucis. Mais si on pouvait donner l’échelon zéro aux gens qui travaillent ! Qu’au moins on ne paie pas nos frais d’inscriptions ! Déjà que c’est dur de travailler et d’étudier en même temps, si en plus il faut payer tout le temps ! Surtout si c’est pour finalement se les faire rembourser six mois après par la commission d’aide spéciale… Et qu’on nous donne des tickets de RU, aussi ! Ou alors que la bouffe soit honnête ! Parce que payer 3,10 euros pour manger des frites tous les jours… »

En bref, vous en serez d’accord, il y a plus à plaindre que Cahuzac, en ce moment… Kenavo, les aminches !

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