Galerie de portraits (6) : François Hollande

Devezh mat, Metz, mont a ra ? Un an déjà… Il y a tout juste un an se produisait un de ces accidents de l’Histoire qui font le désespoir des éditorialistes omniscients qui prétendent savoir ce qui va se produire l’année prochaine : François Hollande était élu président de la République.

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On se souvient tous de sa désormais fameuse litanie lors du débat télévisé contre son prédécesseur : « Moi, président de la République, je ne ferai pas ci, moi, président de la République, je ferai ça ! » On sait ce que sont devenues les promesses faites ce soir-là ; pour ma part, j’avais vraiment ri devant ce discours que je trouvais plus risible qu’autre chose, mais en même temps, je savais que c’était LA chose à dire : il fallait marteler dans l’esprit du téléspectateur moyen qu’il allait devenir président. Compte tenu du fait que l’écart entre lui et Sarkozy au second tour a été finalement assez serré, il est à peu près certain que cette litanie a réussi à faire la différence sur le fil du rasoir… Ce discours dont je rigole encore aujourd’hui répondait à deux objectifs : premièrement, en finir avec la malédiction qui semblait frapper le candidat du PS aux présidentielles depuis 17 ans au point d’empêcher ce dernier de se présenter pour gagner plutôt que pour ne pas perdre (vous saisissez la nuance ?) et, deuxièmement, permettre à François Hollande de faire oublier sa condition d’éternel second couteau.

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C’est qu’il revenait de loin : le grand public a fait connaissance avec ce petit homme rond et discret à la fin des années 1990, quand il « dirigeait » le parti socialiste ; je mets « diriger » entre guillemets car son rôle se réduisait, dans les faits, à préparer le terrain pour la campagne présidentielle de son seigneur et maître, qu’il remplaçait depuis l’arrivée de ce dernier à Matignon, en attendant de devenir le premier ministre du président Lionel Jospin ; la voie semblait toute tracée à l’époque pour Hollande, ce qui explique peut-être qu’il n’ait pas pris sa tâche suffisamment au sérieux, d’où une campagne de 2002 passablement bâclée qui a eu les conséquences tragiques que l’on sait… Jospin, écœuré (on le serait à moins), se retire et laisse à François le douteux privilège de gérer un parti politique en pleine déconfiture, que tout le monde donne pour mort, tâche d’autant moins appréciable que les médias et l’opinion n’ont de cesse que de fustiger le manque manifeste de charisme et d’énergie de Hollande, le présentant comme un benêt : son physique poupin est pour beaucoup dans cette réputation peu glorieuse qui occulte les qualités que ses proches lui reconnaissent (travailleur, intelligent, sympathique, plein d’humour) et qui expliquent qu’aujourd’hui, deux jolies femmes se disputent son amour…

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Déjà, à cette époque difficile, se manifeste la capacité de Hollande à garder son calme en pleine tourmente, ce à quoi les militants socialistes ne s’étaient pas trompés en le reconduisant à la tête du PS : aujourd’hui encore, c’est à la fois son principal défaut et sa plus grande qualité. Contrairement à son prédécesseur qui réagissait à chaque événement quelque peu marquant et parlait avant de réfléchir, il laisse le temps jouer pour lui : les deux méthodes ont leurs avantages et leurs inconvénients. Si l’on s’en tient à son plan de carrière personnel, la méthode de Hollande peut s’avérer payante à long ou moyen terme, et elle l’a déjà été : il aurait pu se proposer pour représenter le PS en 2007, arguant de sa légitimité en tant que premier secrétaire et mettant en avant les élections locales remportées sous son pavillon. Il ne l’a pas fait, considérant à juste titre qu’il n’était pas prêt et a laissé sa compagne de l’époque (avec laquelle il ne vivait déjà plus) se bananer, attendant dans l’ombre que vienne son heure : rien que pour ça, nous pouvons affirmer que sous une apparence inoffensive se cache une âme qui n’est certes pas celle d’un redoutable animal politique comme l’était Mitterrand mais qui n’en a pas moins juste ce qu’il faut de machiavélisme pour monter une stratégie qui porte ses fruits. Loin d’être aussi « normal » qu’il le prétend, Hollande est roué comme un paysan corrézien : la facilité dont il a fait preuve pour surprendre ceux qui ne voyaient aucun avenir pour lui tient à sa capacité à envisager la tournure que prendront les choses sur le long terme, le « capitaine de pédalo » sait où il va ; ainsi, une fois son mandat de chef du PS terminé, il s’est lancé en campagne pour les présidentielles, quatre ans avant 2012 ; cette annonce avait fait rire tout le monde, mais «  rien ne sert de courir, il faut partir à point » et prendre le départ avant tout le monde était précisément ce qu’il fallait faire pour rattraper le retard qu’il avait accumulé sur les autres présidentiables qui ne le craignaient pas – il est d’ailleurs à peu près certain qu’il joue de son air inoffensif pour mieux endormir la méfiance de ses adversaires potentiels et les faire tomber au dernier moment…

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Conclusion : à une heure où les autres se déchaînent pour descendre en flammes le président un an après son élection, je répète que je ne suis pas déçu par la politique de François Hollande, je n’attendais rien de lui, plutôt crever que de revenir en arrière, on ne peut pas être rationnellement nostalgique du sarkozisme. J’espérais simplement que l’élection de Hollande créerait, après dix ans de chape de plomb, l’appel d’air nécessaire pour redonner aux Français l’envie de se battre pour leurs droits. J’ai donc été moins déçu par notre président que par mes concitoyens… Quoi qu’il en soit, à ceux qui affirment que son quinquennat est déjà voué à l’échec, je rappelle que Hollande sait jouer avec le temps qu’il a devant lui ; son apparente mollesse n’est que patience, il travaille sur le long terme, attitude qui déroute forcément à une époque marquée par la dictature de l’immédiateté, et qui agace légitimement des citoyens dont les conditions de vie se dégradent, mais qui est la clé de la capacité de Hollande à surprendre, capacité qui pourrait bien se manifester de façon éclatante dans les années à venir et lui permettre d’étonner fortement tous ceux qui le croient déjà mort politiquement. Qu’est-ce que ce serait s’il était de gauche… Kenavo, les aminches !

01-03-Voeux du président

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