Galerie de portraits (7) : Claude Guéant.

Devezh mat, Metz, mont a ra ? Vous le savez, demain, on commémore la défaite du pire dictateur de tous les temps ; depuis cette date, un jeu qu’on peut s’amuser à pratiquer, c’est d’essayer de voir quel rôle aurait joué, au temps où la France était sous la botte nazie, l’un ou l’autre de nos hommes politiques actuels… Inutile de dire que peu d’entre eux auraient résisté ! Mais ils n’auraient pas eu pour autant tous la même attitude : qu’on ne s’y trompe pas, les collabos ne se ressemblaient pas tous…

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Prenons trois exemples précis, les trois ministres les plus emblématiques de la politique migratoire de notre ex-mini-président Nicoléon 1er : ils auraient tous été collabos sans hésitation, mais pas avec les mêmes motivations ni la même conviction. Ainsi, au risque de surprendre, Brice Hortefeux n’aurait même pas été le plus répugnant de tous : sa place est celle du collabo-bidochon de base, certes raciste mais surtout pleutre et donc s’écrasant devant l’autorité du « maréchal » et la force brutale des « vainqueurs » ; il est la grande gueule de bistrot qui n’aime ni les « chleus » ni les « métèques » mais laisse les premiers exterminer les seconds, sans souffrir outre mesure, sincèrement persuadé que Pétain a sauvé la paix, gobant sans broncher la propagande de Radio-Paris, vendant du beurre, des œufs et du fromage (B.O.F.) à l’occupant « parce qu’il faut bien vivre » et dénonçant des Juifs « parce que c’est la loi », autant de petites lâchetés qui ne l’empêchent pas, quatre ans plus tard, de jouer avec brio son rôle de résistant de la dernière heure… Éric Besson n’est pas le plus terrible, mais il est peut-être le plus méprisable : lui, c’est le collabo du type Pierre Laval, celui qui est convaincu que la victoire de l’Allemagne nazie, cette grande nation sur-armée et hyper-disciplinée, est inéluctable, qu’Hitler finira par gagner la guerre et conquérir le monde et qu’il vaut mieux donc se faire bien voir du dictateur, c’est pourquoi il dénonce comme « juif » comme « communiste » ou comme « terroriste » (c’est ainsi que Vichy appelait les résistants, ne l’oublions pas) des voisins qui ne sont rien de tout ça mais dont il espère bien rafler les biens… Mais le plus terrible aurait été sans conteste Claude Guéant : dans son cas, on parle de « collaborationniste ». Lui, c’est vraiment un méchant. S’il collabore, ce n’est pas par opportunisme ni par lâcheté, c’est vraiment par conviction, il est persuadé que la collaboration avec l’Allemagne nazie est une chance pour la France, l’extermination des juifs mérite pour lui le titre de « solution finale », il est trop heureux de cette occasion d’en finir avec la République, ce régime honni qu’il appelait la « gueuse ». Monstre froid, ça le fait sourire de savoir que des petits enfants juifs sont conduits à l’abattoir ou que des « communistes » sont abattus sans état d’âme, il considère les Français volontaires pour combattre l’URSS comme des héros. Bref, c’est un être abject : la seule chose qui le différencie de Pétain est qu’il n’est pas gâteux et c’est bien pour ça qu’il n’aurait pas échappé à la prison après la libération.

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Mais à une heure où Guéant risque vraiment la prison pour des raisons qui n’ont pas de rapport direct avec ses idées politiques, ce n’est plus vraiment aux affreux collaborationnistes des années 1940 qu’il me fait penser mais plutôt à François Léotard : au début des années 1990, celui-ci se défendait de s’être fait construire une maison aux frais de la princesse an affirmant qu’il avait fait les travaux lui-même ; cette défense faisait rire tout le monde… La défense de Claude Guéant, qui prétend que c’est à la vente de tableaux d’obscurs peintres hollandais qu’il doit d’avoir touché une grosse somme qui aurait servi à financer la campagne de « Tsarkozy », ne vaut guère mieux et montre que derrière le masque du monstre froid et implacable se cache d’abord un gros bourgeois boursouflé de préjugés et de bêtise qui perd toute sa contenance quand la justice le prend la main dans le sac, tant il est peu habitué à ce que ses magouilles, habituellement bien cachées à l’abri des lambris dorés de son salon feutré, éclatent soudain au grand jour. Il semble que les électeurs de Boulogne, qui n’ont pas voulu de lui comme député, ne s’y sont pas trompés…

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Cette imbécillité entre-t-elle en contradiction avec le portrait de collaborationniste répugnant qui vient d’être brossé le concernant ? Pas du tout : le regretté René Goscinny disait en son temps « j’ai la faiblesse de penser qu’en général, la méchanceté n’est pas un signe d’intelligence », ce en quoi Platon, qui affirmait que nul n’est méchant en parfaite connaissance de cause (et non pas « volontairement » comme le disent certaines traductions quelque peu approximatives), lui aurait donné raison. J’ai la même faiblesse, et j’ajoute même qu’une crapule est rarement plus dangereuse qu’elle en a l’air et que les pires fripouilles sont souvent des ratés, des mal épanouis, des gens trop cons pour ne pas passer à côté du bonheur. Guéant en est l’illustration éclatante : il a l’air redoutable, mais c’est un minable ; avoir des idées aussi pourries que les siennes ne peut pas être une preuve d’intelligence et sa défense merdeuse, à peine digne d’une de ces petites frappes qu’il diabolisait quand il était ministre, nous font voir sa médiocrité et sa petitesse toutes nues… Tiens à ce propos : quand un ministre de l’intérieur montre du doigt les petits truands ratés des banlieues pourries, ne le ferait-il pas pour se rehausser lui-même, vu qu’il ne vaut pas mieux que ces petits voyous ?

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Faire le portrait de Claude Guéant… ‘Faut aimer son métier de satiriste pour étudier des saloperies pareilles, j’vous jure ! Kenavo, les aminches !

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