Suite à la noyade d’un jeune de 14 ans placés sous la responsabilité de l’aide sociale à l’enfance de Moselle au Centre départemental de l’enfance de Plappeville, de nombreuses zones d’ombre subsistent quant aux circonstances de ce drame au delà même de l’évènement tragique sur les conditions de travail et de vie au CDE . Voici une lettre ouverte qui a été adressée à plusieurs conseillers généraux et au président de conseil général Mr Weiten. Nous ne manquerons pas de vous faire connaître leur éventuelle réaction.
Il y a quelques jours un jeune garçon de 14 ans se noyait sur le site de Woippy-Plage ; il était confié au Centre départemental de l’enfance de la Moselle qui dépend du conseil général, étant mineur isolé sur le territoire français. D’emblée, le conseil général a semblé vouloir dédouaner les éducateurs présents et par la même se dédouaner lui même de ce drame. Pourtant, des questions se posent : contrairement à ce qui a été dit dans la presse, le jeune n’a pas échappé seul à la vigilance des éducateurs, plusieurs jeunes étaient avec lui et de surcroît ils avaient déjà été repérés en dehors de la zone de baignade surveillée et rappelés sans succès à l’ordre par les maîtres nageurs bien avant l’heure de sa noyade, les surveillants quittant les lieux à 18h et la noyade s’étant produite vers 19h . Un témoin qui nous a contacté affirme que les éducateurs ne se sont inquiétés de leurs jeunes qu’après qu’un attroupement se soit formé alors que le jeune se noyait. Le nombre même d’éducateurs présents est sujet à polémique : 6 selon la direction du CDE pour 40 jeunes, 3 selon des témoins. De toute évidence la question essentielle est de savoir pourquoi des jeunes se trouvaient encore à l’eau après le départ des surveillant de baignade et de plus en dehors du périmètre autorisé de baignade. La responsabilité des éducateurs est il me semble clairement mise en cause .
Au delà de cette noyade se posent d’autres questions : les moyens mis en oeuvre au CDE tant en terme humain que financier sont-ils suffisants ? A l’heure où le CG57 se vante sur son site du programme Macadam Jeunesse , donne-t-on aux foyers qui dépendent du conseil général les moyens d’occuper de manière ludique mais aussi éducative et culturelle les jeunes placés ?
Pour y avoir travaillé 5 ans durant , dans des conditions de précarité (5 cdd successifs d’un an) , de bas salaire et d’inégalité salariale puisque les personnes recrutées en CDD ne bénéficient pas des primes offertes aux personnes embauchées en CDI, je peux témoigner que , non, les moyens ne sont pas suffisants pour que le personnel même à bien ses missions. Le budget dédié aux activités est famélique, j’ai pu voir ainsi des éducateurs qui, faute de moyen (et d’idées aussi, soyons francs) emmenaient régulièrement des jeunes se baigner dans des endroits non autorisés comme dans le Rupt de Mad.
L’autre question est de savoir si le personnel du CDE est suffisamment formé ; j’ai moi même été embauché alors que je n’étais pas diplômé ; un an avant que mon contrat ne soit pas reconduit mon évaluation annuelle disait de moi que « la qualité de mes observations , la finesse de mes analyses me conférait une place essentielle à l’équilibre de l’équipe éducative » . Ayant subit une violente agression, j’ai souffert d’une dépression ; en arrêt durant près de 6 mois , je suis revenu au travail en juin 2005. On m’a alors clairement dit qu’il fallait que je fasse mes preuves si je voulais qu’on me conserve. Ce que j’ai fait puisque la responsable de service m’avait même confié le soin de rédiger un projet de service…mais en octobre on m’a signifié que mon contrat n’était pas renouvelé car j’étais « trop fragile ».
On fragilise ainsi régulièrement les équipes , renouvelées sans cesse ce qui nuit à l’expérience générale des équipes. Et je pense même à leur maturité.
Connaissant votre intérêt pour les questions sociales , j’aimerai connaître votre réaction sur ce sujet et j’aimerai que la mort de ce jeune garçon ne soit pas oubliée et qu’on en tire toutes les leçons. Car malheureusement ce drame n’est pas une surprise.
Vous remerciant par avance, je vous prie de recevoir mes respectueuses salutations.
Courriel
One thought on “LETTRE OUVERTE AU CONSEIL GENERAL DE LA MOSELLE SUITE A LA NOYADE D’UN JEUNE DE 14 ANS A WOIPPY-PLAGE”