Devezh mat, Metz, mont a ra ? Aussi sexy et gracieuse qu’une Trabant de sa RDA natale, aussi chaleureuse que le mur de Berlin le lendemain de son édification, le physique de Martine Aubry avec les idées de Margaret Thatcher, voila donc la chanceliere allemande, réélue haut la main comme prévu, largement aidée par la campagne merdeuse de son adversaire du SPD.
Le triomphe d’Angela Merkel me fait prendre la mesure du fossé, de l’abîme même, qui sépare notre fichu pays de nos amis d’Outre-Rhin ; bien qu’étant allergique aux non-concepts mythologisants tels que le « génie des peuples » et parfaitement conscient du fait que la diversité des cultures ne suffit pas à expliquer la diversité des conduites d’un point à un autre du globe, il reste que je doute qu’Angela Merkel aurait autant de succès chez nous ; certes, on nous abreuve de sondages nous informant que les Français voteraient massivement Merkel, mais ça ne veut rien dire : en 2008, les sondages disaient aussi que les Français auraient massivement voté Obama alors même qu’ils avaient élu un mini-Bush un an auparavant… On salue à juste tire le courage, la tenacite la volonté de Merkel ; de fait, il fallait bien ces qualités à une femme pas très jolie pour devenir chef du gouvernement d’un pays ou les anciens ressortissants de la RDA sont encore consideres comme des sous-citoyens, mais Angela beneficie du fait que l’Allemagne est une vraie democratie et non une monarchie elective comme c’est le cas chez nous, ce qui suppose un rapport aux politiciens tout a fait different : les Allemands votent pour un programme qui leur parait pertinent et intelligent la ou les Français votent pour une personnalite qui leur plait parce qu’ils la trouvent sympathique et charismatique, deux qualites qui, de prime abord, font un peu defaut (doux euphemisme) a Merkel qui est douce comme du fil de fer et ressemble de façon assez convaincante a Droopy…
Mais Angela Merkel n’est pas seulement une revanche pour les politiciens qui n’ont pas le bagout d’un Chirac ou l’aura d’un De Gaulle ; elle est aussi la chienne de garde indefectiblement fidele du capitalisme sauvage en Europe. On vante son bilan economique et son taux de chômage a 5,5%, mais on oublie un peu vite a quel prix ça se fait : les industriels allemands sont sans doute prosperes, mais 16% de la population vit sous le seuil de pauvrete, dans une misere souvent encore plus noire que celle que connaissent les Français demunis etant donne qu’il n’existe pas de salaire minimum en Allemagne… Car tel est le « secret » de la « reussite economique » de Merkel, qui n’est ni plus ni moins que le sacrifie de la population sur l’autel d’une prosperite economique dont ladite population ne profitera sans doute jamais, un peu comme si, pour faire avancer une locomotive a vapeur, les machinistes jetaient les voyageurs dans la chaudiere ou si le capitaine d’un bateau sauvait son navire en jetant les passagers par-dessus bord… Quelle utilite a part engraisser une caste de privilegies ? C’est bien joli d’être volontaire, tenace et courageux, mais ça depend pour quoi faire ! Si on va par la, Hitler lui-même n’en manquait pas de ces qualites ! Ses qualites, Merkel ne s’en sert pas pour faire un genocide, certes, mais il n’empêche qu’en bonne eleve de son seigneur et maître a penser Helmut Kohl, elle met resolument ses talents au service de « modele » degueulasse dont on nous rabat les oreilles dans tous les medias, qu’elle entend bien imposer a l’Europe entiere, avec les resultats que l’on connait en Grece… et que les Allemands ont neanmoins approuve une nouvelle fois. Encore une difference de taille entre les Français et les Allemands : les premiers trouvent scandaleux d’être pauvres dans un pays riche tandis que les second trouvent parfaitement normal d’être tres pauvres dans un pays tres riche. Je suis peut-être caricatural, mais il n’empêche que le choix des Allemands me laisserait perplexe si je ne devais pas reconnaitre que Merkel n’avait de toute façon pas d’adversaire valable en face d’elle…
Au fait, qu’est-ce qu’ils vont faire, ces adversaires qui ont ete si mauvais pendant la campagne ? Ben ils vont gouverner avec elle, main dans la main, car la CDU n’a eu qu’une majorite relative (on parle de plebiscite, mais il y a quand même eu 58% des electeurs pour desapprouver la politique de Merkel !) et doit donc gouverner avec le SPD qui avait deja gouverne avec elle lors du premier mandat de la chanceliere, ce qui indique bien que cette derniere n’a pas peur de se salir un brin les mains si ça peut lui sauver son fauteuil (arrivisme, quand tu nous tiens !) et que la politique ultra-liberale de la Thatcher allemande n’est pas de nature a gêner outre mesure les « socialistes » allemands… Tiens, et si c’etait pour ça qu’ils ont fait une si mauvaise campagne ? Parce qu’ils n’ont pas la volonte de proposer une alternative a l’ultra-liberalisme et parce qu’ils savaient que Merkel n’aurait de toute façon pas de majorite absolue et devrait composer avec eux, ce qui leur permettrait de sauver leur peau tout en continuer a jouer leur rôle confortable d’opposants ? Je ne repondrai pas a cette question qui nous ferait quitter le portrait d’Angela Merkel pour nous faire entrer de plain-pied dans celui de la classe politique europeenne dans son ensemble… Auf Wiedersehen, les aminches !
P.S. : J’espere ne pas avoir insiste trop lourdement sur le physique de la chanceliere, je m’en serais voulu de faire un article du même niveau que le journal qui avait publie une photo d’elle en maillot ; il y a assez de choses a reprocher a Merkel pour se moquer de sa plastique.
Courriel