Fatigué !

Trois jours entiers sans aller sur Internet, sans même ouvrir mon ordinateur : pour certains ados, ça relèverait de l’exploit ! Mais moi, je ne suis pas en cure de désintox ; je n’ai pas non plus été privé d’Internet, je ne suis même pas fâché avec l’un ou l’autre de mes correspondants. Non, si j’ai laissé mon PC au placard pendant trois jours, ne publiant aucun nouveau dessin sur le Blogquin et n’écrivant aucun texte quelque peu cohérent sur le Graoully, c’est que je suis tout simplement FATIGUÉ.

Qu’on s’entende bien : je n’essaie pas de vous apitoyer sur mon sort, je sais pertinemment qu’à de rares exceptions près, vous n’en avez rien à secouer de savoir comment je vais. Notez, je ne vous en veux pas, vous ne me connaissez pas et je ne vous connais pas non plus : que suis-je pour vous à part un nom sous le titre de l’article et qu’êtes-vous pour moi à part un numéro de plus dans les statistiques de fréquentation de ce site, que je peux tout juste imaginer vaguement doté, comme moi, d’une paire d’yeux, d’un nez, d’une bouche et de tout ce qui permet d’identifier clairement un individu comme un ressortissant de la race humaine ? Non, je ne cherche pas votre compassion, il y a des gens qui souffrent mille fois plus que moi, ici-bas, je vous explique simplement pourquoi je suis silencieux et la raison de ce mutisme, la voilà : je suis FATIGUÉ.

Oui, fatigué.

Fatigué de ce combat pour la tolérance et l’égalité en droits qu’il faut toujours recommencer à zéro !

Fatigué d’être traité de naïf chaque fois que je plaide pour le respect de la dignité humaine !

Fatigué d’être qualifié de privilégié parce que j’ai eu la mauvaise idée de faire des études !

Fatigué de culpabiliser chaque fois que je ne m’investis pas assez dans une cause que je soutiens pourtant !

Fatigué de me sentir impuissant face aux détresses dont la moitié de l’humanité est victime !

Fatigué de défendre un ordre qui n’en vaut pas la peine de peur d’en trouver un pire !

Fatigué de toujours ressasser les mêmes arguments qui rentrent dans une oreille et ressortent par l’autre !

Fatigué des aigris égocentriques qui ne disent pas leur nom pour lesquels vivre sous Hitler ou sous Mendès France serait du pareil au même !

Fatigué de s’entendre annoncer à longueur de journée un avenir sombre et morose, comme si je n’avais aucune prise dessus !

Fatigué d’être traité de mouton parce que je respecte les règlements et n’oublie jamais d’aller voter !

Fatigué d’être taxé de cynisme alors que je n’aspire qu’à apporter un peu de joie à mes semblables !

Fatigué d’être traité d’inculte parce que j’ai le malheur de voir le racisme avant l’œuvre d’art hypothétique !

Fatigué que des plus cons que moi qui croient mieux connaitre la vie que tout le monde me fassent la leçon !

Fatigué de l’épicurisme de pacotille dont s’abreuvent les médiocres pour oublier qu’ils ont des vies à leur image, c’est-à-dire minables !

Fatigué des hédonistes qui, tel leur « divin marquis » de mes couilles, sont aussi donneurs de leçons que les curés qu’ils prétendent combattre !

Fatigué des imbéciles heureux qui sont nés quelque part qui, par leur fierté déplacée, finissent par me donner honte d’être né au même endroit !

Fatigué du « ras le bol » d’enfants gâtés devenus aveugles qui n’ont jamais connu la guerre, la famine ou le fascisme !

Fatigué d’être accusé de ne pas vivre ou de passer à côté de la vie parce que je prends surtout mon pied dans mon atelier !

Fatigué d’être traité de rabat-joie alors que je n’empêche personne de s’amuser !

Fatigué qu’on m’interdise d’avoir des sentiments sous prétexte que je suis intelligent !

Fatigué de me commettre avec tout ce que je déteste rien que pour rendre service !

Fatigué des braillements des gosses qui jouent dans la rue et que je dois subir chaque fois qu’il faut beau et que j’ouvre ma fenêtre…

Bon, d’accord, cette dernière cause de fatigue est assez maigre par rapport aux autres, mais je suis tellement fatigué que je n’arrive pas à trouver de chute pour ce texte.

Ce texte est dédié à notre Renaud national, lui aussi grand fatigué.
Ce texte est dédié à notre Renaud national, lui aussi grand fatigué.

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