Mon fidèle cabot venait tout juste de poser un petit colis piégé dans la nature luxuriante que nous offre la campagne messine, à cette période de l’année où l’été, fatigué par trois mois de dur labeur pendant lesquels les hordes d’ouvriers se font cramer la couenne sur les plages sur-bondées de la Côte d’usure, l’été donc, disais-je, laissait doucement la place à l’automne timide (on reprend sa respiration). Un colis du genre plutôt nauséabond, tu vois ? Une fois, au beau milieu d’une clairière, il avait même largué un étron tellement fumant, que des gens racontent avoir vu des biches et des sangliers s’enfuir du bois en se pinçant le nez.
Tout à coup, une odeur venait de lui sauter à la truffe, tant est si bien qu’il décarra avant même de finir son affaire. Me voilà en train de suivre cette boule puante encore fumante. La distance considérable qui sépare la tête d’un basset-hound, de son arrière train et le temps que doit mettre l’information pour aller de l’un à l’autre explique sans doute le fait qu’il se mit à suivre une piste avant d’avoir terminé son ouvrage de bronze malodorant.
Bref, truffe au sol, reniflant frénétiquement et bruyamment, mon fin limier accélérait le pas et m’amenait à travers les hautes herbes, vers un endroit où, tout d’abord, mes naseaux furent agressés par une puanteur encore plus insupportable que celle de mon chien et par le bourdonnement de centaines de mouches auquel se mêlait le croassement de quelques corbeaux. Je tomba sur un macchabée, j’allais dire nez à nez, mais le pauvre n’avait plus le sien depuis que maître corbeau s’était mit en tête de le lui boulotter. D’un aboiement sec, Mr Grande’zoreille fit partir le prélat emplumé. D’un coup de santiag, je m’occupa du second. Une fois débarrassé des corvidés, je pus tranquillement m’intéresser à ce mystérieux mort, qui se trouvait là, au beau milieu d’un champ abandonné aux mauvaises herbes où seuls quelques imprudents coquelicots parvenaient à s’extraire de cet enchevêtrement de tiges, de feuilles et de ronces.
Il se présentait à moi dans une position d’un ridicule tout à fait grotesque. Une position que seul un corps ayant chuté de plusieurs mètres de hauteur pourrait se permettre. Ce n’était plus un cadavre, c’était un tableau de Picasso. Un pantin désarticulé, avec la jambe droite au dessus de la tête et le coude gauche tranquillement replié mais pas dans le bon sens. C’est à dire que le pauvre gus pourrait peinard se rouler une clope dans le dos tout en sifflotant le dernier Lady Gaga, sans mettre une miette de tabac à terre.
A quelques mètres de là, un immense pylône EDF trônait, une tour Eiffel pour pauvres. M’est avis que le contorsionniste mort avait chuté de cette plate forme, située à environ 15 mètres du sol. Sans doute, quelqu’un l’avait même aidé un peu. Mais alors deux questions m’arrivent à toute vitesse, comme le pédophile à la récréation de 10h. Qui et pourquoi avait on jeté ce pauvre zig de cette foutue plate forme ?
Une fois les premières constatations effectuées, je me retirais – comme dit souvent le mari infidèle – et je regagnais la parking au bout duquel m’attendait, tu sais quoi .. . ? ma voiture. Ça t’en bouche un coin, mon n’veu !
J’avais prévenu la maison poulaga qui n’allait pas tarder à faire son entrée sur la scène de crime, car cela en était bien une.
Quant à moi, je me pressais de rejoindre un ami viticulteur dans la cave duquel nous devions goûter la nouvelle cuvée de son délicieux nectar. Une seule gorgée de son sublime Morgon te refait croire en Dieu, deux et te voilà prêt à aimer toutes les femmes du monde. Bon j’exagère un peu…
Alors ces vendanges, comment s’annonce ce nouveau cru ? demandais-je. L’artiste de la vigne me répondit que l’année sera exceptionnelle, le raisin était gorgé de sucre, de soleil et de vie …
Et toi, mon ami, me répondit il, qu’as tu de neuf à me raconter ?
Journée banale, j’ai ramassé un cadavre, sans doute un fan de Mike Brant … la routine quoi, me voilà reparti dans une enquête et je ne sais pas quel bout commencer.
Ah, sinon, j’ai d’autres vendanges intéressantes ce mois ci et celles ci vont te plaire, puisque rien que pour ce mois de septembre, on a la chance de voir sortir le nouvel opus de Slash. L’album World on Fire vient d’arriver et le maître au chapeau haut de forme nous offre une splendide galette comportant pas moins de 17 titres ou le rock pur et dur est à l’honneur.
Sinon, l’excellent Richie Kotzen, nous gratifie d’un disque reprenant l’essentiel de sa carrière solo. De la très bonne came mon pote où la voix soûl de Richie se mêle à sa virtuosité guitaristique.
Et cerise sur le gâteau, le 23 septembre, Joe Bonamassa nous sort ‘Different Shades of Blues’, son petit dernier. J’ai pu écouter déjà un titre et je peux te dire que si tout l’album est comme ça, ça va être du très lourd.
Donc tu vois, ce mois de septembre a tout bon … de bonnes vendanges qui nous promettent un vin fantastique et trois supers CD à se mettre sous la dent.
Voilà pis c’est tout.