Un point, c’est tout. n°5, 1/03/2015

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Point de détail : Il ne se passe pas une semaine sans qu’on entende au moins un candidat FN aux départementales dégobiller sa bouillie raciste… Les électeurs ne pourront pas dire qu’ils ne savaient pas ! Et malgré ça, on s’obstine à prétendre que le FN serait devenu un parti respectable : ça ma rappelle tragiquement les Allemands qui, après 1945, ont affirmé qu’ils ignoraient ce que les Nazis allaient infliger aux Juifs, ce qui ne tient pas debout une seconde étant donné l’absence totale d’ambiguïté caractérisant les gueulantes du petit caporal autrichien… Comme quoi, les prolétaires, je ne sais pas, mais la mauvaise foi, elle, n’a absolument pas de patrie !

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Point par pouce : Un matin, je me rends dans un bureau de poste et, à l’entrée, je tombe sur un panneau annonçant qu’à cause d’une panne d’informatique due à l’orage de la veille, aucune opération n’est possible ! Avouez que ça ne s’invente pas ! C’est à se demander comment on faisait avant ! Vous allez voir qu’avec toutes les catastrophes climatiques qu’on nous annonce, tous nos beaux équipements informatiques vont tomber en panne de plus en plus souvent et immobiliser régulièrement et totalement notre société, désormais peuplée d’infimes ne sachant plus rien faire de leurs dix doigts sans le secours d’un appareil électronique ; alors ceux qui avaient continuer à penser, à travailler, à fabriquer sans la béquille de la machine, devenus rares, seront redevenus indispensables à une société qui, auparavant, se moquait d’eux ; à de rares exceptons, comme ils aiment la vie, la vraie, ils n’abuseront pas de cette revanche, tandis que les informaticiens, dont le prestige aura volé en éclats, s’organiseront pour préparer leur vengeance… Dites, c’est mes yeux ou je tiens un scénario pour un grand film de science-fiction catastrophe ? Quelqu’un a le numéro de Ron Howard ?

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Point de prolongation : Ça fait un peu mal aux seins de devoir défendre des artistes dont l’œuvre m’horripile, mais bon, de temps à autre, il le faut bien. Par exemple, contrairement à une importante proportion de mes compatriotes, j’exècre Jean-Jacques Goldman, je trouve sa voix ridicules, ses paroles insipides et ses musiques putassières et je ne lui pardonne pas d’avoir fait des Restos du cœur un grand-guignol où toutes les chaussettes molles de la chanson française viennent faire leur promo. Mais pour le coup, je ne lui ferai pas le reproche d’avoir fait une chanson dans laquelle il invite la jeunesse à se réveiller : bien sûr, tous les jeunes ne sont pas aigris et apathiques, mais il y en a quand même beaucoup qui se laissent aller à la paresse et au désenchantement et il est parfois bon que des gens d’une génération antérieure leur rappellent qu’ils ont toute la vie devant eux et que leur avenir ne dépend que d’eux-mêmes ; le discours que tient Goldman me change un peu du sempiternel « c’était mieux avant » qu’on me sert à longueur de journée ! Pour une fois que j’entends un « vieux » dire que la jeunesse mérite mieux que le FN et le djihad ! Pour le coup, les attaques dont il fait l’objet me rappellent la réaction d’un cancre qui enverrait chier le prof qui voulait seulement l’encourager ! Cette remarque vaut aussi pour Madonna qui évoque l’Allemagne nazie pour dénoncer l’intolérance en Europe ; je n’ai jamais aimé ce que fait cette vieille belle même pas belle, mais je préférerai toujours passer la soirée avec elle plutôt qu’avec un membre de la famille Le Pen et, de toute façon, je ne lui reprocherai pas cette comparaison salutaire : on commence par stigmatiser une partie de la population au nom d’une origine ethnique réelle ou supposée et on finit par envoyer des innocents à l’abattoir ! Donc, Jean-Jacques, Madonna, ma répugnance naturelle à hurler avec les loups me pousse à vous offrir mon corps comme rempart. Mais pas au point d’écouter vos chansons : ne m’en demandez pas trop non plus.

Mon seul et unique dessin représentant Goldman.
Mon seul et unique dessin représentant Goldman.

Point d’honneur : Un soir, à l’issue d’une journée rendue plus pénible que de coutume par un mauvais rhume et des conditions atmosphériques désagréables, je crois pouvoir goûter quelque récréation en assistant à une scène ouverte à laquelle participait notamment Johanna Alanoix, une ado prodige de la chanson que Mikaël Tygréat et moi-même avons déjà reçue sur l’antenne de Graou’live ; malheureusement, il se trouve que parmi les participants figurait aussi un groupe de jeunes rappeurs dont une chanson avait pour refrain « Charlie Hebdo attise la haine mais ce n’est pas une raison » : en d’autres termes, ils désapprouvaient les attentats du 7 janvier (c’était la moindre des choses) mais ce qu’ils disaient, ils l’auraient dit aussi bien pour Minute ou Valeurs actuelles si l’un de ces deux canards fachos avaient été victime d’une attaque similaire – ce qui ne risque pas d’arriver puisque les djihadistes savent bien que ce sont justement les vrais racistes qui leur rendent le plus service… Manque de bol, ma patience avait été sérieusement entamée par les circonstances susnommées, d’autant que dans l’après-midi, je m’étais procuré le nouveau numéro de Charlie qui venait de paraître et j’avais été particulièrement ému par les textes de Riss et de Philippe Lançon ; bref, j’ai pété les plombs : à la fin de la chanson, je me suis levé de ma banquette, j’ai brandi le journal devant la scène et j’ai hurlé, fou de rage, « Moi, je lis Charlie et je vous emm… » ! Pas très glorieux ni très intelligent, j’en conviens, et une partie du public me l’a bien fait comprendre, mais je n’avais pas pu m’en empêcher : sans le vouloir, ces jeunes gens avaient appuyé sur une plaie qui n’était toujours pas refermée. Libre à vous de trouver ma réaction inappropriée, disproportionnée, contre-productive ou tout ce que vous voulez, mais si je n’avais pas pris sur moi de rappeler que non, non et non, Charlie Hebdo n’est pas un journal raciste, qui l’aurait fait ? Hein ? Qui ? Un point, c’est tout.

Il avait vachement l'air d'attiser la haine ! Qu'est-ce que ça aurait été s'il avait été gentil !
Il avait vachement l’air d’attiser la haine, en effet ! Qu’est-ce que ça aurait été s’il avait été gentil !

Sabrina

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