Dis papa, pourquoi t’as les yeux rouges et tout gonflés
C’est à cause du petit garçon qui dort sur la plage
C’est pour ça que je t’ai vu pleurer
Tu sais, mon papa, maintenant, il doit être dans les nuages.
C’est pas la peine de me raconter des histoires
Sa petite tête enfoncée dans les coquillages
Vient de faire de lui une star, une gloire
Aylan, la pauvre victime innocente
Des hommes, de la guerre et d’une histoire bégayante
Dis papa, pourquoi moi j’ai tant et eux si peu
Pourquoi, quand tu me réveilles le matin, je souris
Aylan a-t-il souris à son père ce matin
De quand date la dernière risette de ce petit africain
Qui sont les enfoirés qui ont rendus si secs ses yeux
Qui sont les responsables de toute cette barbarie
Papa, franchement j’ai la haine
Contre ces hommes et leur morale malsaine
Dis papa, moi je l’aurai bien accueilli chez moi
Le petit Aylan, et p’être même son frangin
En poussant les meubles et tes livres de Cavanna
On aurait pu lui faire une p’tite place sur le sofa
Tranquille, nous et les petits syriens
On aurait fait un beau bras d’honneur
Aux fachos qu’on a dans le viseur
Pourquoi ils parlent tous de quotas
Tous ces politiciens cyniques
Merkel, Cameron, Hollande, c’est tragique
Alors qu’il suffit d’écouter son cœur
S’agit juste de sauver les p’tits gars
Qu’ils viennent d’ici ou d’ailleurs
Allez, mon papa, vient on s’embarque
Vient, on quitte ce monde triste
Loin des ces gens belliqueux
De ces égoïstes nombrilistes
Qui ne pensent qu’à eux
Et qui, après deux émissions à la mords moi le nœud
Oublieront aussitôt les petits Aylan
Que la mer offrira aux goélands
Dis papa, maintenant, arrête de chialer
Et ne reste pas là, à me regarder dormir
Je ne grandirai pas dans le monde de Casimir
Ça j’lai bien compris
Et d’tout’façon, j’te rappelle que j’n’ai qu’ dix mois
Alors, soit fort et arrête de parler pour moi
Sinon, promis, je vomis dans ta guitare préférée