Lettre au père Noël

Cher Père Noël,

Je t’écris sans même savoir si tu existes vraiment mais, après tout, je m’en fiche un peu : il y a bien des gens qui parlent à Dieu comme s’il existait, alors… Et puis toi, au moins, personne n’a jamais tué en ton nom.

Est-ce que j’ai été sage cette année ? Très franchement, j’ai fait ce que j’ai pu : en tout cas, je n’ai pas voté Marine Le Pen, ce n’est donc pas moi qui ai fait le plus de conneries cette année. J’avoue, j’ai fait un bras d’honneur aux supporters de Bernadette Malgorn qui distribuaient des tracts mais, dans un sens, c’est eux qui ont commencé : rends-toi, compte ils diffusaient leur vilaine propagande au marché de Saint-Martin ! Oui, à Saint-Martin ! Le quartier où bat le cœur populaire de Brest ! C’était le reflet inversé de ce qui se passerait si la France Insoumise distribuait des tracts à Neuilly-sur-Seine ! Une véritable provocation ! D’ailleurs les discours et le programme de Bernie-la-matraque sont en soi une provocation contre l’humanisme.

Quoi qu’il en soit, je voulais te dire une chose dont je n’avais pas osé te parler quand j’étais petit. Tu as sans doute entendu parler du harcèlement scolaire : et bien je l’ai subi à l’école et au collège. Je pourrais t’expliquer pourquoi j’étais une tête de turc rêvée pour mes « camarades » mais au fond, il serait vain de chercher des raisons : j’aurais pu ne pas avoir le millième des « défauts » qu’ils me reprocheraient, ils m’auraient traité de la même façon ; ils avaient décidé que ce serait moi leur souffre-douleur et, s’ils n’avaient pas trouvé de motifs pour me harceler, ils les auraient inventés.

Bref, confronté dans mon âge tendre à la bêtise et à la méchanceté gratuite, j’en suis sorti complètement paranoïaque : je me suis méfié de tout et de tout le monde, je croyais que le monde était rempli de gens haineux prêts à me détester au moindre pet de travers de ma part. De ce fait, quand je m’énerve pour une raison x ou y, parce que je suis un peu soupe au lait (personne n’est parfait), je m’en veux pendant 48 heures, persuadé que ceux qui ont assisté à cette crise vont m’en vouloir à vie, ce qui n’est évidemment jamais arrivé. Bref, j’ai découvert sur le tard la bonté dont mes semblables sont capables et je n’ai pas su la comprendre.

Mais maintenant, j’en ai marre. Puisqu’il y a des gens qui m’aiment comme je suis, je renonce à essayer de changer et à m’excuser pour un oui ou pour un non. Alors, père Noël, cette année, j’aimerais que tu gâtes touts celles et tous ceux qui m’ont pardonné si facilement mes sautes d’humeur : je ne peux pas te donner la liste complète parce qu’elle est longue, et c’est justement parce qu’il y a beaucoup de monde que j’ai fini par comprendre, d’une part, que mon caractère ne faisait pas de moi une personne mauvaise et, d’autre part, que le monde n’était pas le bourbier que j’imaginais. Tu comprends pourquoi je leur suis reconnaissant à ce point-là.

Allez, sur ce, je te souhaite bon courage pour ta tournée, même si je me doute que tu dois avoir l’habitude, depuis le temps. Amicalement,

BENOÎT « Blequin » QUINQUIS

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