Kings of Comedy Show : c’est tof !

Samedi 27 janvier, 20h.

Mon article sur Laura Laune a du succès : quatre jours après sa publication, il fait encore réagir les internautes. Bien sûr, certains vieux cons n’ont pas manqué de s’engouffrer dans la brèche pour sortir l’inévitable litanie sur l’air de « on ne peut plus rien dire, aujourd’hui Desproges serait censuré, et gnagnagni et gnagnagna ».

Je pensais forcément à ces imbéciles et aussi à Laura Laune en ce soir où quatre des compatriotes de cette dernière venaient se produire dans ma commune de Guilers (dans une ville dont le maire est lui-même un comique, certes involontaire, ils ont dû se sentir chez eux !) ; ça s’appelle le Kings of comedy show et ce sont quatre humoristes, Freddy Tougaux, Farah, Gaëtan Delfériere et Walter qui, chacun pendant vingt minutes, dézinguent à tout va et donnent un sérieux coup de vieux aux couilles molles du « stand-up » français. Aucun sujet ne leur faisait peur et surtout pas la pédophilie, sujet qui fut récurrent dans la soirée sans doute parce qu’il s’agit d’un des clichés les plus lourds à porter pour les Belges : la frite, ça va encore, mais quand les gens s’imaginent qu’on la carre systématiquement dans l’oignon du Manneken-Pis, il devient urgent d’en rire !

N’en déplaise à ceux qui affirment qu’on ne peut plus rire de rien, toute la salle était pliée, moi le premier. Par conséquent, la soi-disant régression de la liberté de dérision dont on nous rebat les oreilles chaque fois qu’un réac se fait remonter les bretelles pour une de ses ignominies, je la cherche encore ! Il est vrai que les artistes de cette soirée étaient belges et que c’était déjà en soi un facteur qui rendait plus facilement acceptables pour le grand public les vannes les plus audacieuses : Walter disait justement qu’à partir du moment où il est identifié comme belge, il peut tout se permettre puisque les gens partent du principe qu’il ne parle jamais sérieusement, à tel point qu’il suppose que si Albert Einstein avait parlé avec l’accent bruxellois, ses travaux n’auraient jamais été reconnus !

De surcroît, il est un fait qu’on ne peut nier : notre vieux pays de France, « horriblement las de son effort immense » comme dirait Aimé Césaire, plie l’échine sous le poids de sa propre histoire, trop longue, trop riche, trop « glorieuse » ; notre France a fini par se croire éternelle et, de ce fait, le moindre signe de faiblesse lui est un drame. La chape de plomb, en France, la voilà : nous voulons à tout prix nous croire importants, à la hauteur de notre histoire surévaluée, et sommes devenus quasiment incapables d’auto-dérision. Les Belges n’ont pas cet excédent de bagage : tous les pays sont plus ou moins artificiels mais la Belgique, nation encore jeune à l’échelle de l’Histoire, ne peut pas se voiler la face à sujet ; alors à quoi bon se prendre au sérieux quand on est bien placé pour savoir que l’Histoire est une vaste farce ? Dans la prairie de l’humour, la Belgique est une jeune fille qui virevolte le pied léger et la France une vieille mégère qui craint qu’un chardon n’abîme ses belles chaussures. Pourtant, les vieilles dames indignes, ça existe…

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