Le journal du professeur Blequin (100)

Jeudi 14 juin

9h30 : Ce qui coûte un « pognon de dingue » comme vous le dites avec votre délicatesse coutumière, monsieur le président, ce sont des vies humaines ! Evidemment que ça coûte de l’argent, ce n’est pas comme si on nourrissait un chien ! Vous l’exprimez d’une telle façon que vous me faites penser à un jeune père qui se serait reproduit sans réfléchir et s’apercevrait trop tard qu’élever un enfant est difficile et coûteux ! Maintenant, si vous voulez vraiment faire des économies à tout prix tout en continuant à arroser les riches, vous n’avez qu’à organiser un génocide ! Après tout, vu la façon dont vous traitez les migrants et les handicapés, on peut considérer que vous vous entraînez déjà ! Et vous pourrez compter sur votre copain De Villiers pour faire le tri entre les « bons » et les « mauvais » Français ! Toutes ces ignominies me rendent d’autant plus malade que je crains avoir de plus en plus de mal à expliquer aux gens qu’il ne faut pas voter Front National… Quoi ? On ne dit plus « Front National » mais « Rassemblement National » ? Alors je vais me contenter de dire « Parti nazi », ça reviendra au même.

Gérard Cissé vu par votre serviteur.

17h : Conférence de Gérard Cissé sur Lambézellec à la fin de l’ancien régime : oubliez les nostalgies, ce qui était alors « la commune la plus étendue de France » avant de devenir un quartier de Brest constituait, en 1783, un véritable cloaque. Routes impraticables, éboulements à répétitions et mares impénétrables formaient le paysage d’une commune encore rurale mais déjà industrialisée où le moindre trajet prenait vite la tournure d’une expédition que ne renierait pas Indiana Jones ! Et que faisaient les pouvoirs publics de l’époque ? Rien ! Après, on s’étonne que les gens aient fait la révolution six ans plus tard…

18h : A l’issue de la brillante conférence de monsieur Cissé, présentation du dernier numéro des Cahiers de l’Iroise, consacré aux îles bretonnes, auquel j’ai contribué en produisant un article sur Ouessant TSF, première station maritime française de télégraphie sans fil – je ne dis pas ça pour faire de la pub, les contributions à cette revue ne me rapportent rien à part un peu plus de visibilité pour mes talents d’écrivain, j’ai le droit d’être un peu fier de moi, non ? Une personne me demande quel niveau d’écriture est attendu pour participer à cette revue : je lui réponds « Faites comme si vous alliez à l’école », réponse jugée tout à fait pertinente par le président de la société éditrice des Cahiers.

Vendredi 15 juin

10h : Le mouvement des cheminots pourrait se poursuivre en juillet ; ça promet beaucoup de reportages sur les « usagers pris en otage » et encore beaucoup plus de bonnes affaires pour les co-voitureurs ! Notez, je ne suis pas meilleur que les autres : alors que je sais pertinemment que c’est l’avenir des transports publics qui est en jeu, je ne peux m’empêcher de me demander comment je vais faire pour partir en vacances dans un mois et demi ! Et pourtant, j’avoue ne pas être « dingue de vacances » : comme tous les hyperactifs, il m’est difficile de décrocher.

12h : Cours d’expression poétique ; la prof explique fort bien pourquoi la fin de l’année peut être déprimante : c’est tout simplement parce que c’est la fin de quelque chose. Quand les vacances approchent, on n’a plus la motivation du début de l’année et on n’est déjà plus dans le feu de l’action comme au milieu de l’année, toute la pression qu’on se mettait jusqu’à présent retombe et nous laisse seul face à la rude réalité de notre insignifiance… Ajoutez à ça qu’il devient difficile de mobiliser les gens pour quoi que ce soit : s’il fait beau, ils ne pensent qu’à aller dehors, et s’il ne faut pas beau, ils dépriment… Bref, le cap est difficile à passer pour moi, surtout si le soleil n’est même pas au rendez-vous.

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