Nul n’est prophète en son pays

Anne-Sophie Lapix vue par votre serviteur.

Vous vous en souvenez peut-être, il n’y pas si longtemps encore, sur ce même site, je vous avais troussé un de ces articles dont j’ai le secret, dans lequel je jugeais opportun de prendre la défense d’Anne-Sophie Lapix, alors lapidée verbalement par les talibans du football qui n’avaient pas digéré qu’elle ose montrer du doigt le caractère indécent des sommes investies dans le ballon rond, en général, et des salaires des joueurs, en particulier. Je ne m’étendrai pas sur les critiques que ça m’a valu, émanant d’internautes qui me reprochaient de défendre une « potiche » ou qui estimaient que la présentatrice du 20h de France 2 jouissait elle-même d’un train de vie qui rendait sa remarque déplacée – deux critiques qui peuvent pourtant se discuter. En revanche, j’aimerais attirer votre attention sur la conclusion que j’avais donnée à cet billet d’humeur :

« Bref, la présentatrice du 20h de France 2 risque fort de voir sa tête mise à prix par les supporters bêtes et méchants. Et si l’équipe de France gagne la coupe du monde, ils iront probablement jusqu’à la tondre ! Fort heureusement, une telle victoire est très peu probable… » Cliquez sur ce lien pour lire l’article dans son intégralité.

Le moins qu’on puisse dire est que je n’ai pas fait montre d’un talent divinatoire certain : non seulement parce que la coupe du monde de football a eu l’issue que vous connaissez mais aussi parce que les « supporters bêtes et méchants » que je visais ont déjà oublié la phrase de madame Lapix, désormais un souvenir éclipsé non seulement par l’euphorie de la victoire de leur équipe mais aussi, plus généralement, par l’amnésie collective qui, aujourd’hui, touche la population pour chaque fait, chaque scandale, chaque polémique qui occupait le devant de la scène et nourrissait les conversations il y a à peine un mois.

Ce manque de clairvoyance, j’en avais aussi fait montre quand je faisais part de mes craintes relatives au bond dans les sondages que la victoire des « Bleus » ferait faire à notre président : j’avais été assez traumatisé, adolescent, par le profit que Chirac avait tiré de la coupe du monde 98 et je craignais que Macron ne jouisse d’un rebond similaire. Finalement, la seule personnalité politique à avoir vraiment bénéficié d’un effet « mondial » dans l’opinion publique française est, paradoxalement, la supportrice numéro 1 de l’équipe battue en finale, à savoir la présidente croate  : il ne se passe pas un jour sans que je lise ou entende des louanges adressées par mes compatriotes à cette femme dont ils ne savent finalement rien si ce n’est qu’elle est allée assister à la finale à ses frais et non avec l’argent du contribuable – ce qui est évidemment à son honneur, surtout quand on dirige un pays qui n’est sûrement pas le plus riche d’Europe, mais ça ne suffit pas à nous dire si c’est une bonne présidente…

Bref, contrairement à mes prédictions, Macron ne bénéficiera pas d’un « effet mondial ». Je ne suis pas doué pour prédire l’avenir proche mais je ne suis pas le seul : notre président lui-même devait être persuadé que la victoire des Bleus lui profiterait et il n’a pas vu venir l’affaire Benalla qui le couvre d’opprobre et de ridicule… Dans l’absolu, ça devrait me consoler : mais avoir un président qui est aussi mauvais que moi pour imaginer l’avenir à court terme, ce n’est pas très rassurant pour nous tous, ou je me trompe ?

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