Le journal du professeur Blequin (151)

Victor Segalen en professeur Tournesol.

Mardi 13 novembre

17h : A l’issue d’une journée passée à courir à droite et à gauche, je prends le temps de feuilleter le Côté Brest de cette semaine, déjà disponible en ligne à la veille de la diffusion de la version papier. Je suis présent au sommaire avec la première partie d’un diptyque sur Victor Segalen, cet écrivain voyageur dont on commémorera le centenaire de la mort l’année prochaine. Le journal propose également une interview de Charlotte de Turckheim qui vient jouer son spectacle à Brest : je n’irai pas le voir car cette dame ressemble trop à Marine Le Pen, ce qui m’empêche de rire… Vous pouvez me trouver ridicule mais, d’après Siné, Jacques Prévert avait le même problème avec Jacques Tati qui, à ses yeux ressemblait trop à De Gaulle ! Côté Brest publie aussi un article consacré aux blocages prévus à Brest le 17 novembre… Si les gens se mobilisaient aussi activement pour le climat que pour le droit de faire vroum-vroum à moindre prix, il y aurait longtemps qu’on n’aurait plus à se faire du souci pour l’avenir de la planète ! Je suis suffoqué par tant d’égoïsme !

Mercredi 14 novembre

11h30 : En feuilletant le quotidien Ouest France, je tombe sur l’interview d’un sociologue qui qualifie de « défoulement poujadiste » le mouvement des gilets jaunes. L’expression peut sembler méprisante mais elle est assez juste quand on sait quelle tranche de la population y prend part : ils ont beau se prétendre « victimes du système » (oh, comme c’est original), ils ne constituent pas la frange la plus précarisée de la société ! Quand on sait qu’il y a des jeunes qui n’ont même pas les moyens de se payer le permis…  En fait, sous leur gilet jaune se cachent une grosse paire de fesses molles et une vie médiocre qui pue à plein nez les traites du pavillon, les soirées devant Hanouna, les week-ends à Disneyland avec les gosses, la trouille du chômage et des jeunes cadres ambitieux : il n’y a aucune chance pour que leur coup de sang débouche sur une vraie révolution, ils sont généralement les premiers à diaboliser les zadistes, à se plaindre d’être « pris en otages » quand les fonctionnaires sont en grève et à réclamer toujours plus de présence policière. Dès qu’ils sentiront que leur mouvement risque de menacer directement leur bien-être de plastique, ils rentreront dans leurs clapiers ! J’en rirais presque si ça ne risquait pas de me poser problème pour aller fêter l’anniversaire d’une amie…

12h30 : Je me rends à la librairie Dialogues : on m’annonce que les détenteurs d’une carte de fidélité dont je fais partie n’ont plus besoin d’imprimer leurs chèques-cadeaux et qu’ils n’ont qu’à donner leurs cartes en disant qu’ils ont telle ou telle somme dessus. « C’est plus simple », dit la dame : pour toi peut-être, machine, mais pas pour moi ! Quand on a une trouille bleue d’adresser la parole à une personne inconnue, ce n’est pas simple du tout ! D’ailleurs, ça ne rate pas : quand je fais la queue à la caisse, je suis rongé par l’angoisse, de sorte que lorsqu’un gamin montre du doigt mes achats, je lui crie « De quoi j’me mêle », ce qui est assez mal vu à notre époque où les gosses ont tous les droits, et quand vient mon tour, je perds patience devant un caissier qui qui me prend manifestement pour un débile en me réexpliquant trois fois le nouveau fonctionnement sans que je le lui demande… Quelle manie, dans les commerces, de vouloir toujours tout changer !

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