Notre-Dame de Pourris

L’incendie de la cathédrale de Nantes en 1972 : le bâtiment s’en est très bien remis, je ne vous dis que ça…

Je ne dois pas être normal : quand j’ai appris que Notre-Dame de Paris avait été ravagée par un incendie, ça ne m’a pas ému plus que ça. J’avais visité la cathédrale quand j’étais lycéen, mais ça ne m’a pas marqué plus que ça, j’aime encore mieux les cathédrales de Metz et de Strasbourg. J’ai lu le roman du vieux père Hugo, mais je n’arrive pas à faire le rapprochement entre ce chef-d’œuvre de la littérature et le gigantesque piège à touristes que le bâtiment est devenu : la probabilité d’y rencontrer une magnifique Bohémienne est faible, on a plus de chances d’y croiser un troupeau de touristes chinois aussi bruyants que pleins aux as…

De surcroît, cet incendie n’est pas le fait d’une volonté criminelle : c’est un accident, la-faute-à-pas-de-chance. Encore heureux que le feu n’ait pas été allumé par un terroriste islamiste, une certaine grosse blonde aurait été trop contente… Si ç’avait été un attentat, ça m’aurait probablement affecté ; là, tout ce que ça m’inspire, c’est que si le père Bon Dieu existait, ce serait décidément un gros con : avec tous ses pouvoirs, il pourrait quand même penser à ignifuger sa maison… Car, par-dessus le marché, je n’arrive pas à oublier que c’est un édifice religieux : je n’encourage pas les incendies des lieux de culte parce que je ne tiens pas à voir se rallumer les guerres de religion, mais quand de tels incendies se produisent accidentellement et sans mort d’homme, ils me font presque rire, j’y vois une preuve éclatante de l’inexistence de Dieu : faut-il que les croyants soient vraiment abrutis pour ne pas renier aussitôt leur foi chrétienne !

On dit que la foi soulève des montagnes : de fait, dans cette affaire, elle a déjà soulevé des montagnes de pognon ! Et là, il y a vraiment de quoi être écœuré : tous ses culs cousus d’or qui jurent leurs grands dieux que les richesses ne peuvent pas être mieux réparties, et qui planquent dans les banques suisses ou dans les paradis fiscaux des montagnes de grisbi qu’il faut à tout prix protéger du grand méchant fisc pour ne pas freiner l’investissement, voilà qu’ils sortent, comme par magie, suffisamment d’oseille pour réparer un monument ! Combien de vies humaines pourrait-on sauver de la maladie, de la malnutrition ou du mal-logement avec tous ces millions qui circulent pour rénover quelques vieilles pierres ? Qu’on ne me raconte surtout pas que c’est désintéressé : ou bien ils espèrent acheter le silence de l’Église catholique (qui n’est pourtant pas regardante) sur leurs magouilles, ou bien ils attendent que le fisc français, en retour, leur fiche la paix (ce qui ne devrait pas être difficile à obtenir), ou bien le tourisme leur rapporte et ils ne font que réparer une machine à profit parmi d’autres – la dernière hypothèse est la plus plausible mais elle n’exclut absolument pas les deux autres.

Conclusion : ce qui aurait pu n’être qu’un incendie sans victimes humaines a débouché sur le pitoyable spectacle de la solidarité entre le Grand Capital et l’Église catholique, deux ennemis du genre humain devant lesquels la République se sent subitement obligée de s’agenouiller au nom du « symbole national » (quel vilain mot) que constituerait la cathédrale… Rien que pour ce dommage collatéral, je pleure presque cet incendie !

Affiche de l’émission « Le mercredi c’est Graoully » au moment de son lancement en 2011.

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