Le journal du professeur Blequin (14)

Mercredi 16 octobre

14h40 : Je sors de quatre journées de quasi-réclusion volontaire dans mon appartement, m’étant juste permis de rendre visite à une amie et d’aller faire des courses à la supérette : le but était de préparer mon exposition à la mairie de quartier de l’Europe (Brest) qui se tiendra en novembre et de réaliser une quarantaine d’illustrations inédites pour un livre dont je vous reparlerai sans doute ultérieurement. L’objectif est atteint, mais je ressens une certaine lassitude (bien compréhensible j’imagine) et c’est dans cet état que j’entame ce nouvel après-midi de permanence à L’arTpenteur (Saint-Renan) où mon exposition se poursuit. M’attendant à ne pas avoir un seul visiteur et à devoir subir les cris que poussent les enfants assistant à l’atelier de création artistique qui se tient dans le même bâtiment, je trouve de quoi m’allonger et décide de mettre cette permanence à profit pour m’offrir un repose bien mérité… Et c’est donc allongé au sol que me trouve une visiteuse, la seule de la journée, une illustratrice qui avait été intriguée par un article paru dans la presse au sujet de l’expo, et qui avait donc envie de la découvrir ! On ne devrait jamais sous-estimer le pouvoir des médias…

22h : J’entreprends de monter une vidéo, ce que je n’avais plus fait depuis longtemps. Quand le logiciel bugue sans raison apparente, je me rappelle déjà pourquoi j’avais arrêté… Avec ça plus mon marathon graphique de ces derniers jours, je commence à me demander si je suis volontaire ou masochiste !

Jeudi 17 octobre

14h20 : Me revoilà à Saint-Renan pour une nouvelle permanence. Surprise, cette fois, c’est tout un groupe qui vient me rendre visite, plus précisément une jeune femme qui emmène en promenade des gens en situation de handicap – il y a quelques années, on aurait dit « des gogols » sans remords, mais je ne suis pas du genre à rouspéter contre le « politiquement correct ». Naturellement, ce n’est pas le plus éveillé des publics, mais à la limite, je préfère ça aux bourgeois prétentieux qui viennent phosphorer devant des œuvres d’art pour se donner l’air intelligent : l’avantage des visiteurs de ce genre, c’est que leur rapport à l’art n’est pas intellectualisé et qu’ils ne font pas mystère des émotions que ça leur procure, et rien que ça, c’est beaucoup plus instructif pour moi !

17h : J’attends le car pour rentrer sur Brest. Une voiture de la police municipale vient stationner à la gare routière où traînent quelques ados : je me demande ce qu’un bled comme Saint-Renan peut faire d’une police municipale ! A part à donner un emploi au cousin dans la dèche et à rassurer quelques vieux cons qui prennent peur dès qu’apparait un type un peu trop bronzé, je ne vois pas à quoi peuvent servir des flics municipaux dans cette commune résidentielle où la délinquance doit être aussi élevée que sur la Lune ! L’un des ados vient poser je ne sais quelle question à l’un des deux perdreaux : il n’en faut pas plus pour que celui-ci s’énerve et menace d’appeler si le groupe ne fiche pas son camp. Les ados se font prier : quand je pars enfin, du car, je constate que deux voitures de gendarmes sont déjà sur place, vraisemblablement appelées par les poulets qui voulaient justifier leur salaire et ont donc mobilisé les pandores pour l’incroyable menace que constituait un groupe de gamins désœuvrés… Faut-il que les flics s’emmerdent ! Remarquez, les ados aussi voulaient tromper leur ennui…  Luttons contre l’ennui et la délinquance régressera !

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