Le journal du professeur Blequin (59)

Claire Morin et Harold Kiefer (Hobaya) au Temple du Pharaon.

Vendredi 21 février

20h30 : Me voici au Temple du Pharaon,un salon de thé et de narguilé de la rue Jean Macé tenu par un Egyptien depuis, parait-il quatorze ans : pourtant, je n’y avais encore jamais mis les pieds, étant peu passionné par le thé et, de surcroît, non-fumeur – on m’assure que le narguilé n’est absolument pas comparable avec la cigarette, mais je préfère ne pas m’y essayer pour autant. Alors qu’est-ce que je fais là ? Et bien je suis venu soutenir le groupe Hobaya, qui est venu s’y produire et, accessoirement, je suis venu y faire des repérages en vue d’une exposition que je compte faire en ces murs : je me demande si mes travaux ne risquent pas de jurer dans ce décor oriental, mais le patron est plutôt emballé. J’espère que je ne le décevrai pas…

Samedi 22 février

11h30 : Vous avez vu la vidéo de Quaden, le jeune australien victime de harcèlement sous prétexte qu’il est atteint de nanisme ? Et bien pas moi : je n’ai pas eu le courage de la visionner, je n’aime pas regarder des choses qui font mal. De toute façon, les photos tirées de la vidéo et les commentaires que j’ai lus à ce sujet sont assez éloquents… Bien sûr, elle est horrible, l’image de ce pauvre petit traité plus bas que terre par ses semblables parce qu’il est différent ; bien entendu, il est tout à fait normal et respectable que cela émeuve à ce point les internautes ; mais pourquoi, pourquoi faut-il absolument montrer des images choquantes et même insoutenables pour que les gens daignent se mobiliser contre des faits intolérables ? Au final, on ne lutte que contre un mal qui est déjà fait ! Au même âge que Quaden, j’étais déjà victime de harcèlement mais en ce temps-là, je n’avais pas la possibilité de me faire filmer en train de souffrir et encore moins de diffuser les images de mon calvaire dans le monde entier… Et quand l’émotion suscitée par le cas du petit Australien sera retombée, est-ce que la cause du harcèlement en milieu scolaire ne va pas une fois de plus quitter les mémoires en attendant le prochain drame humain provoqué par la conjonction mortifère de ces deux facteurs que sont la cruauté infantile et l’indifférence des adultes ?

Dimanche 23 février

12h30 : Déjeuner avec une amie très chère, que je n’avais pas vue depuis longtemps, à La Fabrik 1801, ce restaurant où je me suis fabriqué une solide migraine en quémandant des renseignements. Cela dit, s’ils ne sont pas doués pour répondre aux questions, je ne dois pas l’être davantage pour poser les bonnes : j’aurais dû prendre la peine de demander si les trois cartes de réduction qu’on m’avait offertes étaient cumulables ; ce n’est qu’à l’addition que je me rends compte que la réponse est non : la machine n’accepte de débiter qu’une carte par repas. J’ai donc économisé sept euros et non vingt et un comme je l’espérais : ça me fera un prétexte pour revenir car je dois bien reconnaître qu’on y mange très bien.

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