Le journal du professeur Blequin (81)

Vendredi 17 avril

11h : Le chanteur Christophe est mort à Brest… Oserais-je avouer que c’est un privilège dont nous, Brestois, nous serions volontiers passés ? Être la ville où Christophe a clamsé, avouons unanimement, même si on est fan du chanteur (ce n’est pas mon cas) que ça n’a pas tout à fait la même classe qu’être celle où Georges Brassens, Jacques Brel ou Serge Gainsbourg aurait poussé son denier soupir… Enfin, ça aurait pu être pire : on aurait pu accueillir le trépas de Michèle Torr ! Là, je n’envie vraiment pas l’agglomération qui aura ce privilège plus que douteux… Bon, j’ironise, mais vous m’avez compris : je ne souhaitais pas sa mort, mais je ne pense pas que ce soit une perte des plus lourdes pour la culture française ; cela dit, je vous préviens : si jamais un touriste a l’indécence de me demander de lui indiquer l’hôpital où Christophe est mort, je lui colle une patate qui lui permettra d’y aller en tant que client ! Un peu de décence, c’est vrai, quoi, à la fin, sans blague !

Samedi 18 avril

10h30 : Sortie express pour poster mon courrier. L’atmosphère est humide, il y a quelques grains, ce n’est pas pour me déplaire. Le long de l’église, les massifs de fleurs, qui n’ont probablement pas connu la main de l’homme depuis un mois, sont plus magnifiques que jamais, à croire que l’être humain salit tout ce qu’il touche… Quelques personnes sont masquées, mais ce n’est pas la majorité : l’un de ces porteurs de masque porte un costard-cravate, je suis prêt à parier que si ça ne tenait qu’à lui, il garderait son masque en toute saison pour ne pas devoir s’abaisser à respirer le même air que la populace ! Le bureau de poste est toujours fermé, ce qui n’est pas fait pour m’étonner, mais je constate que la boîte est déjà moins pleine que la dernière fois : cela confirme que le courrier est relevé malgré tout, il y a vraiment des travailleurs qui mériteraient non seulement une augmentation mais même des émoluments supérieurs à ceux des singes savants encravatés qui gesticulent dans les open spaces… Je redescends : un coup d’œil rapide à l’entrée du bureau de tabac me fait découvrir la une du Télégramme avec pour titre « L’économie américaine accuse le choc ». Je sais qu’il ne faut pas se réjouir à l’idée que des entreprises risquent de fermer et que des gens perdent leur travail, mais j’espère au moins que ça coûtera sa réélection à qui-vous-savez, histoire que cette catastrophe serve au moins à quelque chose… A l’approche de mon immeuble, je regrette de ne pas avoir mon appareil photo : j’avise deux escargots sur une boîte aux lettres, un tout petit qui suit un plus gros ; j’ai beau savoir que ces bestioles sont hermaphrodites, je ne peux pas m’empêcher de voir une maman suivie de son petit…  Ça aurait pu faire une belle image à garder dans mon cœur pour démarrer la journée, mais j’ai le don pour tout gâcher : arrivé au pied de chez moi, je m’aperçois que j’ai oublié mon badge pour entrer ! Je suis obligé de sonner chez une voisine qui, heureusement, m’ouvre sans problème : comme son nom est le premier que le cadran de l’entrée propose aux visiteurs, j’imagine que ça doit lui arriver souvent, surtout avec tous cas sociaux qu’il y a dans ce bâtiment…  Moi le premier !

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