Merci, les gauchistes hors-sol !

« Là où les uns voyaient l’abstraction, d’autres voyaient la vérité. » (Albert Camus, La Peste)

Les gens de gauche sont des imbéciles parce qu’ils croient que les pauvres sont tous gentils ; les gens de droite sont des cons parce qu’ils n’ont toujours pas compris que les riches sont tous des salauds. C’est une chose que je dis fréquemment mais qui n’est qu’à moitié vraie : certains gens de droite ne sont que des imbéciles comme vous et moi et il arrive que des gens de gauche soient vraiment très cons. J’en ai fait l’amère expérience à plusieurs reprises.

Il y a d’abord eu la tristement célèbre « manif pour tous » qui rassemblait les plus gros cons de la vielle droite rance et qui n’a été combattue que mollement par certains gauchistes parce que ça les embêtait de soutenir un gouvernement socialiste qui les avait déjà déçus ; pour la même raison, ces mêmes crétins de gauche ont soutenu Dieudonné au nom de la liberté d’expression contre Manuel Valls : ils avaient ainsi abandonné à leur sort, successivement, les homosexuels et les Juifs, et offert par la même occasion un boulevard à des idées nauséabondes dont ils seraient eux-mêmes les victimes si elles étaient appliquées. Belle victoire. Durant la même période, le groupe Indochine a sorti sa chanson College boy, contre le harcèlement en milieu scolaire, avec le clip sanglant de Xavier Dolan : ça aurait pu être une occasion rêvée pour accélérer la lutte contre un fléau qui pourrit la vie de milliers d’adolescents (j’en sais quelque chose), ils ont préféré laisser les bien-pensants condamner le clip, sous prétexte qu’ils n’aimaient pas la bande à Sirkis qui avait pourtant eu le courage de briser un tabou ; ils ne se sont même pas doutés que s’obstiner à dire « Indochine c’est de la merde » dans un tel contexte, ça revenait à dire « Vive les bourreaux, à bas les victimes » – en tout cas, en tant qu’ancienne victime, c’est comme ça que je l’ai vécu. Et ce n’était encore qu’une répétition générale de leur chef-d’œuvre le plus éclatant, à savoir le tristement célèbre « Je ne suis pas Charlie » qui, après les attentats du 7 janvier 2015, était strictement synonyme de « Vive les terroristes » mais sauvait les apparences dans leur refus asinien (je suis désolé pour les ânes) d’être en phase, fût-ce un dixième seconde, avec le pouvoir. Passons rapidement sur ceux qui refusaient de voter Macron au second tour il y a trois ans et clamaient subséquemment, sans s’en rendre compte, « Marine présidente » : ils en auraient ri ensemble à Auschwitz, ça ne fait aucun doute.

Pourquoi je vous reparle de ça ? Parce qu’ils continuent à déconner : aujourd’hui, ils dénoncent le confinement qu’ils envisagent comme l’application d’une stratégie des puissants pour contrôler totalement la population et considèrent que l’épidémie de coronavirus n’est qu’un prétexte pour rogner les libertés. Mais bien sûr ! Les chantiers sont à l’arrêt, les entreprises perdent de l’argent, la consommation est en chute libre, les voyages à l’étranger sont quasiment impossibles et tout ça arrange les grands de ce monde, c’est évident ! Soyons clairs : il n’y a sûrement pas la moindre parcelle de stratégie dans le confinement, les gouvernants sont aussi désarmés que nous tous face à cette situation sanitaire inédite et, de toute façon, quand on sait que les hôpitaux de l’Est de la France sont saturés au point qu’on déplace des malades dans l’Ouest, qu’il y a eu des milliers de morts en Italie, que les rues de l’Inde offrent un spectacle de cauchemar et qu’il a fallu construire des hôpitaux en quatrième vitesse en Chine, où l’on ne met pourtant pas tant de façons d’ordinaire envers les « faibles », on se dit que ça fait beaucoup pour un simple prétexte…

Conclusion : les cons de gauche sont ceux qui ont oublié qu’être de gauche, à la base, c’est prendre le parti des faibles et des opprimés, et qui ont si peur de passer pour des valets du pouvoir qu’ils sont prêts à laisser tomber les victimes pour peu que les grands ce monde les défendent aussi, même si ce n’est (comme trop souvent) qu’une défense de façade. Ces abrutis existent, ils sont les hérauts de ce que j’appelle le « gauchisme hors-sol » : ils ne prennent jamais la peine de mettre les mains, au moins fugacement, dans le cambouis de la souffrance du monde et rendent le plus mauvais des services à la cause qu’ils croient défendre en ne regardant le monde que derrière les œillères de leur idéologie ; si le président de la république disait « vive la vie », ils décideraient d’organiser un suicide collectif… En ce moment, ils sont confinés, comme nous tous ; mais ils se font entendre quand même, par la grâce des médias modernes : je ne leur souhaite ni la mort ni la contamination, mais j’ai si peu envie de les revoir en chair et en os que je ne suis pas trop pressé d’être déconfiné. Donc, merci les gauchistes hors-sol de m’aider à prendre mon mal en patience !

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