Le journal du professeur Blequin (85)

Mardi 28 avril

8h : Plus que treize fois dormir… Au bout d’un mois et demi de confinement, il me reste encore plus de la moitié de mon stock de papier hygiénique : je n’avais pourtant guère plus qu’un paquet entamé et je ne pense pas produire moins d’excréments que la moyenne. De toute façon, la dernière fois où je suis passé dans un magasin, j’avais bien vu que le papier toilette ne manquait pas… Je repense à tous ceux qui ont foncé dans les magasins dès l’annonce des mesures gouvernementales : est-ce que l’expérience du confinement leur aura au moins servi de leçon, et y réfléchiront-ils à deux fois avant de paniquer pour leurs petites fesses ? Je l’espère sans trop oser y croire…

9h30 : Comme chaque matin, je procède au relevage des compteurs ; un seul message qui dit ceci : « Je viens par ce message solliciter votre aide et j’attends votre réponse avant de vous donner tous les détails. » Apparemment, le confinement n’arrête pas les arnaqueurs…

16h : Il parait que le « docteur » Raout a annoncé que le Covid-19 disparaitrait des pays tempérés d »ici un mois ; c’est à ça qu’on reconnait les charlatans : ils disent au public ce qu’il a envie d’entendre, et Raout sait pertinemment que son public de petits blancs se fiche de ce qui arrivera aux pays autres que le leur… Le devin de Goscinny et Uderzo était en-dessous de la vérité, finalement !

Mercredi 29 avril

9h30 : Je vous ai déjà fait part des soucis que j’ai eus avec la poubelle jaune de mon immeuble, ou plutôt avec son absence prolongée. Aujourd’hui, nous en avons enfin une, mais elle n’a pas été vidée depuis des semaines. Je suis donc obligé, pour évacuer mon trop-plein de déchets recyclables, de sortir pour en trouver une qui ne soit pas trop chargée : comme je préfère éviter celle de la vieille folle qui m’a jeté une boîte de conserve, je remonte la rue en pyjama, sans même une attestation sur moi. J’ai donc bravé le confinement pour la première fois depuis le 16 mars, qui plus est dans des conditions peu confortables… Heureusement qu’il n’y avait aucun policier ! Je constate au passage que les travaux du foyer du 3ème âge ont repris : nos villes reprennent déjà visage… Inhumain. Quand je rentre, je repense aux personnels chargés du ramassage des déchets ; dans ces circonstances particulières, il font certes un travail remarquable, qui mérite d’être salué quasiment au même titre que celui des personnels soignants, mais il n’empêche que deux choses chez moi ont des limites : la première, c’est la contenance de la poubelle jaune, et la deuxième, c’est ma patience !

Jeudi 30 avril

9h : Pluie et vent au programme, on n’a pas d’excuse pour faire fi du confinement ! C’est dans cet atmosphère passablement sinistre que je me lève, encore secoué par ma trouvaille de la veille : j’ai en effet découvert deux séries d’animation destinées aux adultes, Birdie et Robot Chicken. La première, qui revisite la vie des oiseaux de façon trash et gore, m’amuse ; la seconde, qui parodie sans retenue la culture populaire, me laisse un goût amer : je n’avais pourtant rien ressenti de tel en regardant la série Les Kassos qui est basée à peu près sur le même principe ; le problème n’est donc pas une question de fond mais de forme : l’humour noir en animation traditionnelle ne me dérange pas, mais avec des figurines animées en stop-motion, je trouve ça plus malsain. En fait, j’aime les blagues d’adulte tant qu’on n’a pas la mauvaise idée d’y mêler des jouets d’enfants ; mais chacun décide de ses limites !

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