Le journal du professeur Blequin (101)

Vendredi 12 juin

9h30 : Je vais au marché. Il n’y a pas grand’ monde, d’une part parce qu’il est encore tôt, d’autre part et surtout parce qu’il pleut. Je constate qu’il n’y a plus de sens obligatoire pour circuler ; j’en suis fort aise : moins il y a de contraintes, mieux on se porte, et plus on stresse les gens, plus ils risquent de tomber malades. C’est ce que je dis à la fromagère qui m’approuve et m’avoue que pendant le confinement, elle a cessé d’écouter la radio parce que c’était trop anxiogène ! Est-elle la seule à avoir été dégoûtée des mass media par cette épreuve ? J’en serais fort étonné ! Les radios et les télés ont passé deux mois à broder sur du vide et à angoisser inutilement les gens : si leurs audiences chutent de façon significative, il ne faudra pas se demander pourquoi – mais j’avoue que je n’y crois qu’à moitié.

Samedi 13 juin

9h30 : Une fois encore, me voilà en route : je dois passer à la poste de Bellevue, le bureau de Lambézellec étant fermé. Chemin faisant, je constate que les pelouses ont repris du poil de la bête grâce aux récentes averses. Je ne comprends pas ceux qui rouspètent parce que le temps est moins chaud et ensoleillé : il fallait bien qu’il pleuve un peu, on a déjà eu une épidémie, on n’allait pas se taper une sécheresse par-dessus le marché, non ? En attendant, à force de traverser la ville à pied presque tous les jours, j’ai mal aux chevilles mais je m’en fiche : je sais déjà que je m’en remettrai plus facilement (et plus agréablement) que du stress que j’aurais accumulé si j’avais pris le bus.

Dimanche 14 juin

13h : Guy Bedos n’est plus mais, fort heureusement, il nous reste encore Pierre Perret : sa chanson « Les cons finis » est une belle méchanceté pas gratuite du tout sur les médecins qui péroraient à la télé pendant que leurs sous-fifres étaient au charbon et nos décideurs politiques qui ont été (une fois encore) en-dessous de tout. Que dire de plus ? Médecins, au lieu dire de nouvelles conneries sur le virus, débrouillez-vous pour faire durer l’ami Pierrot le plus longtemps possible : on a encore besoin de lui et la relève n’est pas du tout assurée !

Lundi 15 juin

Deux croquis sur le vif réalisés sur la terrasse d’un café avant d’aller à la BU.

11h30 : Je passe à la bibliothèque universitaire : il faut prendre rendez-vous pour pouvoir y entrer et on ne peut y rester qu’une demi-heure avec, évidemment, ce fichu masque sur la tronche… Heureusement qu’on n’a pas besoin de rester plus de dix minutes quand on sait exactement de quel(s) livre(s) on a besoin – c’est mon cas. Vous me direz que c’est déjà bien que la BU ait pu rouvrir : je n’en disconviens pas, mais j’avoue que toutes ces précautions me donnent l’impression de vivre à Kafka-land !

13h : Déjeuner avec un vieux complice que je n’avais pas encore revu, nous échangeons sur nos projets communs. Encore un qui n’a connu de l’épidémie que la gêne quotidienne provoquée par le confinement, de même que l’immense majorité de mes proches : ça ne va pas m’aider à me sentir concerné ; de façon générale, Brest pourra se vanter d’avoir été une ville plutôt privilégiée… Pour une fois !

2 comments on “Le journal du professeur Blequin (101)

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *