Le journal du professeur Blequin (141)

Samedi 9 janvier

21h : Toujours chez mes parents, je regarde avec eux La petite histoire de France sur W9. J’avoue que j’aime beaucoup cette série qui, à mes yeux, est ce qu’on a fait de mieux en matière d’humour à la télévision depuis Kaamelott. Cela dit, je me sens très proche du hobereau chassé de Versailles : comme lui, j’ai dû renoncer à une vie bien remplie pour me replier dans la demeure familiale. Grâce à mes géniteurs, je m’ennuie quand même un peu moins que lui…

Dimanche 10 janvier

11h : Il y a des mots durs à dire, mais je ne peux que féliciter le Pape François et Marine Le Pen de s’être prononcés en faveur de la vaccination : s’ils peuvent entraîner dans leur sillage tous les imbéciles qui les écoutent religieusement, c’est bon à prendre ! Cela étant, le Vatican et le RN restent les ennemis jurés du genre humain et, quand nous pourrons reprendre une vie à peu près normale, il faudra les combattre de plus belle.

Lundi 11 janvier

10h30 : Georges Pernoud est mort. Cette nouvelle ne m’affecte pas autant que celle du décès de Philippe Gildas il y a un peu plus de deux ans, mais ça me fait quand même quelque chose : il fut un temps où mes parents regardaient Thalassa presque tous les vendredis soir, c’est donc encore une partie de mon enfance qui s’en va. De surcroît, tous les amis de la mer sont mes amis : il faut croire que l’espèce est en voie d’extinction puisque l’émission n’est plus diffusée en prime-time mais le dimanche après-midi ! Quelle tristesse… Allez, bon vent, Georges !

Mardi 12 janvier

19h : L’horizon s’éclaircit. Il est désormais confirmé que les gens ayant été contaminés par le Covid-19 jouissent d’une immunité de huit mois ou plus, soit un délai amplement suffisant pour que la pandémie ne soit pas un fléau sans fin. De surcroît, les Français sont de plus en plus nombreux à vouloir se faire vacciner. Ce sont évidemment des bonnes nouvelles, mais tant qu’on ne sera pas sur une vraie dynamique de retour à une vie normale, tant qu’on en sera encore à devoir tout reprendre à zéro sans arrêt, tant qu’on aura encore à supporter l’épée de Damoclès du reconfinement, je ne serai pas tranquille… Je voudrais être plus vieux de six mois !

Mercredi 13 janvier  

14h30 : Bref retour à mon appartement pour retirer les décorations de Noël que j’avais installées il y a un mois et, surtout, assurer la livraison de mes calendriers – deux tâches pour lesquelles je n’allais quand même pas attendre le mois d’avril. Avant ça, petite visite à Artéis pour dépenser une bourse que mes parents m’avaient offerte : j’y croise une dame de l’association qui m’avait sollicité il y a deux ans pour donner une conférence et qui me reconnait ; ça me touche toujours, de constater que le public ne m’a pas oublié…

Jeudi 14 janvier

9h : Sortie en ville pour assurer mes livraisons et quelque bricoles : en une matinée, je passe à la poste, à la banque, à la faculté, à la boutique Dalbe de Saint-Martin, à l’atelier d’un ami et à la boulangerie. Ce genre de marathon citadin faisait encore partie de mon quotidien il n’y a pas si longtemps et ça ne me déplait pas de renouer, l’espace d’une matinée, avec l’ambiance de l’époque où je croyais encore avoir un avenir… Mon amertume remonte, il est déjà temps que je retourne à Guilers.

Vendredi 15 janvier

16h : Me revoilà chez mes parents. J’ai un peu honte, je l’avoue, d’être à ce point incapable de faire face en adulte à cette situation, mais les auteurs de mes jours, loin de s’en plaindre, sont plutôt contents de m’avoir à leurs côtés dans ces circonstances. En fait, ce n’est pas moi qui suis en train de régresser : c’est ma famille qui se serre les coudes…

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