Sarkozy le disait lors de la campagne présidentielle : il faut rétablir la valeur travail. Et des paroles aux gestes, on a vu qu’il y avait encore bien du chemin à parcourir…
Une question me taraude néanmoins : en quoi le travail est-il une valeur ? avec ce rappel historique en fond d’écran de ma réflexion : le travail a été érigé en devise de la France par le régime de Vichy . Un hasard ?
Avec le travail , nos régimes « démocratiques » (qui sont plutôt des ploutocraties déguisées)ont conservé un modèle d’asservissement pluri-centenaire : le travail comme élement hiérarchisant de la société.
« Il faut travailler pour vivre » ; quoi de plus étrange que cette affirmation ; le droit de vivre serait-il conditionné au seul travail ? Vie et travail se mêlent dans le conditionnement de la populace ; rien n’a vraiment changé avec la révolution française , la noblesse a juste changé d’habits.
Nous sommes dans un système économique qui aliène l’humain au travail avec toutes les conséquences sociales que celà implique ; et dans un monde en crise économique permanente depuis près de 40 ans , avec un chomage à la fois toujours plus présents et toujours plus stigmatisé et stigmatisant, cette aliénation étouffe un peu plus toute remise en question du système qui auto-alimente son écrasant poids sur la masse.
On le voit dans notre pays : à l’heure où jamais le peuple n’aurait eu autant de raisons de manifester son impatience , jamais il n’a paru plus éteint ; le bien-vivre ensemble a disparu derrière les considérations de survie de chacun. Plus l’aliénation de l’homme au travail est forte , plus les travailleurs se replient sur eux-mêmes. Plus les travailleurs se font petits, plus le patronat montre ses muscles ; dans les relations sociales , le déséquilibre est de plus en plus aux désavantages des salariés ; les syndicats semblent usés, parfois même dépassés par des bases qui tentent sporadiquement de réagir.
Pour pousser la réflexion à son extrême, ériger le travail en valeur sinae qua non à la vie, c’est forcément donner au patronat le droit de vie ou de mort sur les employés, ne serait-ce que d’un point de vue symbolique et inconscient ; c’est mettre en jeu chez chacun de nous un instinct de survie qui dans le contexte actuel passe à l’acceptation de tout même de l’inacceptable et a même rendues malsaines les relations humaines au travail .
La vie à crédit ne fait qu’augmenter ce phénomène, accentuer le phénomène de soumission de l’homme au travail.« On revient avec le crédit à une situation proprement féodale, celle d’une fraction de travail due d’avance au seigneur, au travail asservi. »disait Baudrillard.
Cette aliénation est-elle soluble dans la liberté ? rend-elle illusoire l’existence d’une démocratie réelle ? Et j’en reviens à mon rappel historique : en gravant le travail dans la devise de la république pétainiste , n’a-t-on pas donné la plus éclatante des preuves que le travail est l’un des principales socles de tout régime fascisant ?
Je me rasais en pensant à celà. Puis partit au travail comme on va à l’abattoir ; vivement le week-end….pour ceux qui ne travaillent pas.