A l’heure où cet article sera publié, il ne restera qu’une poignée d’heures pour sauver le professionnalisme à Strasbourg ; la journée d’hier n’a rien apporté de nouveau si ce n’est l’exaspération visible de Jafar Hilali, fatigué de ses propres errements peut-être…
Le Racing a été entendu par le gendarme financier français, la DNCG, qui , devant la confirmation de la volonté strasbourgeoise, ou devrais-je dire londonienne, d’abandonner le statut professionnel a transmis le dossier à son homologue de la FFF chargé des clubs amateurs. Pendant ce temps là on imagine bien qu’en coulisses les amoureux du Racing s’échinent à sauver ce qui peut l’être ; mais qui pourrait trouver 10 millions pour arracher aux griffes d’Hilali le club centenaire ?
Un Jafar Hilali qui continue à faire preuve d’un certain cynisme pour ne pas dire d’un cynisme certain quand il claironne « Je ne veux plus perdre mon temps par rapport au Racing. » Comme si le Racing n’en avait pas perdu avec lui…
On serait pourtant presque tenté de dire que de voir Strasbourg perdre son statu professionnel qu’il détenait depuis 1933 est logique tant les dirigeants qui se sont succédés à la Meinau ont fait preuve d’amateurisme. Et le dernier président de l’ère professionnelle en tête. On en reviendra pas sur tous les épisodes tragico-comiques de la gouvernance Hilali (résumés brièvement ici), on peut juste se demander avec quelles intentions Hilali est venu (et quand je dis venu , les strasbourgeois souriront sans doute) dans la capitale alsacienne tant il s’est acharné à tout détruire autour de lui…
Reste que si Strasbourg venait à disparaitre du paysage pro français il rejoindrait un grand cimetière des éléphants d’où beaucoup de clubs ne sont jamais revenus mais d’où ont réussi aussi à s’extirper d’autres clubs non sans mal et sans heurts.
Qui se rappelle ainsi du FC Sête , 2 titres de champion de France (1934,1939), 2 Coupes de France (1930 et 1934) mais aussi 3 abandons du professionnalisme dont le dernier tout récent en 2008 alors que le club avait réussi à retrouver la ligue 2 lors de la saison 2005-2006 ?
Oublié aussi le CO Roubaix-Tourcoing, champion de France en 1947.
Le grand Stade de Reims a lui aussi connu sa traversée du désert malgré ses 6 titres de champion, ses deux Coupes de France et même ses deux finales de coupe de champions contre le Real Madrid dont il était l’un des principaux adversaires sur le plan européen au courant des années 60 ; il a voyagé en soute entre 1992 et 2002 où il a retrouvé la ligue 2 . Depuis, il fait l’ascenceur entre National en Ligue 2 dans un stade flambant neuf.
Le Stade Français, avant d’être un club de rugby fantasque a aussi été un club de football honnête qui joua en première division et participa même à deux coupe UEFA dans les années 60. Il ne se remit jamais de la perte du statut pro au milieu des années 80.
On se souvient aussi d’un autre racing, le Racing Club de France, champion en 1936 et 5 fois vainqueur de la coupe, 30 saisons dans l’élite et 6 en ligue 2 sous l’appellation Racing Club de Paris, Matra-Racing à la fin des années 80 sous l’impulsion de Lagardère ou encore Racing Paris 1. Depuis 21 ans , le Racing est resté dans l’amateurisme, tentant au début des années 2000 de retrouver la ligue 2 mais sans résultat.
Autre club d’Ile de France légendaire, le Red Star, deux Coupes de France a son palmarès,19 saisons de ligue 1 et 34 de ligue 2. Depuis sa descente en National en 1999, le club de Saint Ouen peine à retrouver son lustre descendant même en division d’honneur avant de rater de très peu la montée en National cette saison.
Plus proche de nous et plus modeste, on se souviendra de la déchéance d’Epinal tombé en DH en 1998 ; le SAS a joué au total 10 ans en ligue 2.
On citera aussi Perpignan qui a connu le professionnalisme dans les années 90 et avait même quelques ambitions, le Stade Briochin qui a déclaré forfait en plein milieu du championnat de France de ligue 2 en 2007 , les lorrains de l’US Forbach (9 ans de professionnalisme), du FC Thionville qui compta dans ses rangs le futur champion du monde Fritz Walter,.
On se souvient aussi du FC Rouen et ses nombreuses années de professionnalisme (19 saisons en ligue 1 et 35 en ligue 2), du FC Orléans , 13 ans de ligue 2 ponctués d’une finale de coupe de France en 1980 du SC Toulon pensionnaire de la D1 de 1983 à 1993, du FC Martigues qui a connu la division 1 au milieu des années 90, du FC Charleville ancien de ligue 2 tout comme Wasquehal, de l’AS Béziers qui a joué 40 ans en ligue 2 !
L’Alsace avait aussi déjà connu la débandade du FC Mulhouse ,6 saisons en élite et 27 dans son antichambre et qui déposa le bilan en 1999 . Colmar, bien parti pour être le premier club alsacien dans l’immédiat avait aussi connu son heure de gloire en adoptant un statut professionnel de 1937 à 1949.
Enfin, parmi les pensionnaires actuels de ligue 1 on se souviendra que le Stade Brestois, qui rappelle sans doute de mauvais souvenirs aux strasbourgeois présents en 1988, a mis 13 ans à retrouver son statut pro qu’il avait perdu en 1991, que 50 années de professionnalisme n’ont pas mis le FC Valenciennes à l’abri d’un déclassement qui aura duré 9 ans avant le renouveau . En ligue 2, le club de Tours a aussi traverser de grosses crises depuis les années 90 avant de se stabiliser à nouveau en ligue 2.
On le voit, le retour au premier plan de clubs qui un jour ou l’autre ont quitté le professionnalisme n’est pas monnaie courante. Dans quelques minutes, Strasbourg deviendra officiellement un club amateur et devrait être relégué au mieux en CFA où ils retrouveront peut-être…la réserve du FC Metz. Avec quels joueurs, quel entraineur, quels moyens, quelle ambition ? et dans quelle stade ? c’est presque une page blanche qui s’ouvre pour le glorieux Racing Club de Strasbourg. Après les ratures et les gribouillis du chapitre Hilali.
Hilali a parachevé l’oeuvre de ses prédecesseurs qui, depuis milieu des années 90 ont tout fait et n’importe quoi. Le dernier en date, Ginestet, a lachement sauvé son petit protefeuille en vendant presque sous le manteau le club à un requin de la finance. Il est évident que tout doit être reconstruit et qu’il faudra 9 voire 10 ans avant de revoir un jour le club strasbourgeois briller au firmament du foot français. Mais que dire aussi de nos élus? Nos taxes et impôts locaux ne sont-elles bonnes que pour alimenter les frais de bouche pharaonniques? Ils ont bonne mine avec un bâtiment et des insfrastructures du centre de formation, maintenant qu’il va disparaître. N’aurait-il pas fallu, à un moment ou un autre, dire « TOUCHE PAS A MON ALSACE »? Voilà encore un exemple de la mondialisation et du sacro-saint fric qui se permet tout y compris un enterrement de première classe d’un club centenaire. Je suis profondément choqué. J’ai 60 ans et j’ai connu les plus grandes heures de gloire des année 70 80. Quel gâchis!!
Je ne suis pas certain qu’être ou ne pas être alsacien soit le problême cependant 😉