Vas-y Mahmoud!

Ami(e)s masochistes, cette chronique est la vôtre. Si vous revendiquez publiquement que vous avez voté non au Traité de Lisbonne parce que vous pensez qu’un chapitre économique n’a rien à faire dans une Constitution Européenne, ou si vous affirmez renâcler au « vote utile » parce que vous n’avez jamais compris à qui c’était utile, vous pourriez devenir la cible de la vindicte de votre entourage, et faire l’objet de moultes turpitudes tant verbales que physiques, même et surtout de la part de gens que vous pensiez pacifistes et relativement intelligents. Abordons aujourd’hui LE sujet épineux entre tous, qui peut vous valoir des bordées d’injures (au premier rang desquelles facho, néo-nazi, antisémite, Dieudonné) par les Philippe Val de toutes les obédiences: le conflit israélo-palestinien.

On aurait pu se contenter de couler des jours heureux d’anti-européen ou de faiseur de nid de la droite sans ce conflit dont on redoute de ne jamais voir l’issue. Si à la fin de la seconde guerre mondiale (j’utilise l’adjectif second car il suppose qu’il n’y a pas de troisième, mais comme je suis un munichois stalinien, je l’attends bien sûr en secret), on avait créé un Etat israélien en Allemagne plutôt que sur les mânes de l’Empire Ottoman, comme la logique et l’excellent dessinateur Art Spiegelmann le préconisent, on n’en serait pas là et j’aurais été heureux de parler de la nomination de David Douillet, le mou du bulbe homophobe et misogyne au ministère le plus inutile après celui de la Défense. Mais depuis un demi-siècle se succèdent intifadas, colonisation, attentats-suicide, et plans de paix morts-nés pour des raisons plus géopolitiques que religieuses. Le fait est que si l’on fait abstraction des extrémistes religieux des deux camps, la Palestine est un petit Etat sans reconnaissance juridique internationale qui se fait assassiner à petit feu par Israël qui est une puissance militaire dirigée par des brutes à qui la population commence à faire savoir qu’elle préfèrerait investir dans le logement plutôt que dans l’armée. Comme en plus d’être à la solde de Moscou, je suis trop paresseux pour vous retracer l’Histoire de cette belligérance, je vous renvoie aux très bons ouvrages de Charles Enderlin, l’un des rares journalistes à avoir tout compris. Parlons quand même de l’initiative courageuse de Mahmoud Abbas, le chef de l’autorité palestinienne, qui est parti à New-York en désespoir de cause pour demander la reconnaissance et l’adhésion de son Etat à l’ONU.

Le Conseil de Sécurité de l’ONU a commencé hier à statuer sur la possibilité de voir la Palestine devenir le 194ème Etat-membre de cette noble institution. M. Abbas, bien qu’acclamé lors de son discours, savait à l’avance que Benyamin Netanyahu refuserait de négocier au motif légèrement hypocrite qu’une disposition des Nations-Unies ne pouvait garantir la paix. C’est pourtant dans cet objectif qu’elle a été créée. Encore plus fourbes, les Etats-Unis ont d’ores et déjà annoncé qu’ils mettraient leur véto, alors qu’Obama appelait un Etat palestinien de ses voeux pendant sa  campagne électorale, mais il s’est entre temps pris une torgnole dans un scrutin dans un quartier juif de New-York. Au mieux, on propose à M. Abbas un statut « d’Etat observateur non membre », comme un vulgaire Vatican à qui l’on n’a jamais même suggéré de devenir une démocratie. On voudrait pousser une population à bout pour que la misère et le sentiment d’abandon les fasse devenir un quarteron de terroristes qu’on ne s’y prendrait pas autrement, même si l’on admet évidemment la légitimité d’Israël à défendre ses frontières et sa population. Etonnament, on a assez peu entendu Sarkozy sur le sujet. Après avoir perdu le Sénat, on se doute qu’il doit être dans un état de stress assez intense pour faire accoucher Carlita à cent mètres de distance, mais il aurait aussi pu suggérer l’adhésion de la Palestine à l’Union européenne. Même Philippe Val soutenait cette idée avant de devenir un pompeux cornichon radiophonique. Certes, géographiquement, la Palestine n’est pas en Europe, mais l’UE est une union politique et le critère géographique n’a aucune importance, tout comme des normes budgétaires sont absurdes en l’absence de politique économique concertée. Après tout, les équipes de football israéliennes jouent bien dans les compétitions européennes, et on trouve dommage que l’UEFA se développe plus vite que l’Europe politique. Ah mais oui, il faudrait faire de la peine à M. Giscard d’Estaing et à Benoît XVI en renonçant aux racines chrétiennes européennes. On est pas sorti du bourbier.

Dans un prochain épisode, nous avouerons sous la torture que si nous vendons les secrets industriels de la France à la Chine, ce n’est que pour plaire à Zhang Ziyi.

 

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