L’heure de la Tétée

Quelle différence y a t il entre le chanteur Tété et moi ? Au premier abord, je dirai:  rien. Bon d’accord, il est plus noir que moi, mais je suis certainement moins myope que lui. T’as vu ses binocles ?

Encore que, moi aussi, dans le genre taupe, je vaux mon pesant de cacahuètes. Si il m’arrive quelquefois d’oter mes lorgnons avant d’aborder une femme, c’est parce que je préfère la vision floue d’une silhouette délicate, l’arabesque d’un geste gracieux, à la vue claire et macroscopique de certaines belles de nuit qui hantent les pistes des boites de nuits messines. Tu sais les petasses qui se croient dans une emission de real Tv, prêtes à sucer n’importe quel producteur foireux pour peu qu’il promette un passage télé et la gloire qui va avec. Sans compter que, faute de pouvoir fermer ses oreilles, il faut en plus les écouter. Dans ces cas là, j’aime mieux me garder un peu de liberté et d’imagination derrière mes yeux malades.

Si la conversation de la souris me paraît en plus aussi passionnante qu’un discours de Pecresse sur les montants compensatoires, je me presse de l’inviter à l’arrière de la voiture en lui proposant la botte, trêve de parlotte ma belle, et si je te jouais un solo de langue de velours en Sol majeur ? Par contre, si la fille me captive, si la conversation s ‘anime, si il y a des échanges et pas que de salive, alors là, c’est tout autre chose. Je suis prêt à patienter au moins deux jours avant de lui proposer l’ascension de son mont de Vénus.

Mais revenons à Tété, je sais bien qu’obsédé et vicieux comme tu es, tu te delectes des histoires de grimpettes crapuleuses, mais là, c’est pas le sujet, alors on se recadre. Ne m’encourage pas …

Bon, lui, il joue de la guitare ! Ok, moi aussi, j’en joue, avec moins de talent certes. Quoique, ma mère me trouve très bon et qu’en plus, moi ma gratte, elle est électrique. La sienne à Tété, elle est toute sèche.

Il chante lui, et extremement bien … bon alors là, je suis cuit. La dernière fois que j’ai poussé une petite chansonnette, même pas paillarde en plus, mon chien m’a saisit les roustons et à son regard expressif de basset hound enragé, j’ai compris que si il sortait encore une seule note de ma bouche, j’étais bon pour faire les prochains soldes au rayon femme des Galeries Lafayette. Tenant à ma virilité et ne voulant pas en priver toutes les femmes qui n’ont pas encore eu la chance de venir prendre entre mes bras, la place de ma guitare (t’as vu, t’as vu le clin d’oeil complice au grand poète Georges), je ferme ma gueule.

Bien m’en a pris. Comment j’ai pu oser me comparer à Tété.

Du coup, je cours réecouter « Le Sacre des Lemmings », album sublime. Les mélodies dansantes accrochent, la voix soul percute, les respirations ponctuent le tempo, il joue de sa voix comme d’un véritable instruiment.  Sur sa guitare en bois, Tété joue avec une insolente aisance, les influences blues transpirent de ses doigts, les techniques de picking sont parfaites. Ca en deviendrait presque enervant, toute cette maitrise… mais non, on se laisse embarquer dans son voyage.

Je retourne dans l’univers fantastique des petits lemmings.

Voilà pis c’est tout.

 

 

 

 

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