Cet article a été publié en mars 2010 sur notre ancien site ; je le reproduis aujourd’hui pour rappeler à Mr Vanneste , ce fumeux révisionniste, que la déportation des homosexuels est moins une fable que les valeurs morales de l’UMP.
Pierre Seel ; ce nom est sans doute étranger à beaucoup d’entre vous et pourtant , cet homme était porteur d’un message fort : l’histoire ne devait plus occulter le calvaire infligé par les nazis aux homosexuels. En filligrane apparaissait également dans son combat la nécessité de ne pas fermer les yeux sur les violences homophobes toujours plus vivaces dans nos pays qui se disent pourtant civilisés.
L’histoire de cet homme est terrible autant que symptomatique ; lorsqu’en 1940 cet alsacien porte plainte pour le vol de sa montre sur un lieu de drague homosexuel , il est sans doute loin de se douter que celà le conduirait dans l’horreur d’un camp concentrationnaire.
Hélas , en 1941 , les nazis exploitent cette plainte pour déporter Pierre Seel non sans l’avoir au préalable torturé et violé durant 13 jours et 13 nuits. Il découvre ensuite la dure loi du cap du Struthof , où comble de l’abomination , les déportés homosexuels n’ont pas même droit à l’entraide des autres déportés…
Son ami tué devant lui
Pierre Seel va vivre là , sur les pentes vosgiennes, une épreuve d’une douleur inimaginable lorsqu’un jour , il reconnait son ami , son amour , lors d’une éxécution ; le jeune homme agé de 18 ans , est dévoré vivant par des chiens devant les yeux impuissants de Pierre Seel. Des images qui le hanteront toute sa vie durant.
Après 6 mois de captivité , Pierre Seel sera incorporé de force dans l’armée allemande comme bon nombre d’alsaciens et de lorrains. La fin de la guerre ne fut pas synonyme de répit ; l’homosexualité était toujours considéré comme un fléau , le paragraphe 175 du code pénal allemand qui punissait l’homosexualité – à l’origine de l’arrestation de Pierre Seel – n’a été abrogé qu’en 1969. Après la guerre, en France, la loi de 1942 signée par Pétain devient l’article 331 du code pénal. Et en 1960, l’amendement Mirguet classe l’homosexualité « fléau social » et donne au gouvernement le droit de légiférer par décret pour la combattre. Ce n’est qu’à l’arrivée au pouvoir des socialistes en 1981 que les autorités françaises ont cessé de ficher les homosexuels…Certains homosexuels ont même été emprisonnés à la libération du fait de leurs « vices » …Pierre Seel se marie alors , pour les apparences , pour vivre plus ou moins en
paix.Il aura même 4 enfants.
Les pédés au four
Il sortira de son silence suite aux violentes attaques homophobes de l’évêque e Strasbourg en 1982 ; il n’aura alors de cesse de témoigner et de se battre pour la reconnaissance de la déportation des homosexuels ; il participe , sans y être invité , aux cérémonies anniversaire mais voit régulièrement les triangles roses fleuris qu’il dépose sur les monuments aux morts piétinés comme en 1989 à Besançon où certains membres de l’assistance crièrent « les pédés au four ».
Catherine Trautman , maire socialiste de Strasbourg à l’époque , refuse même de lui serrer la main. En 1994 , il publie un livre poignant « moi , Pierre Seel , déporté homosexuel » à la suite duquel sa famille rompt toute relation avec lui ; il n’a jamais vu ses petits-enfants.
Il est décédé le 25 novembre 2005 , à Toulouse , où il vivait depuis 12 ans avec son ami ; la mairie de Toulouse a accepté , dans un vote à l’unanimité , de donner son nom à une rue de Toulouse. Sans doute le genre de décision qui n’est pas prête d’être prise dans notre ville de Metz où la gay pride est indésirable dans le centre-ville.Et où l’on a rebaptisé recemment l’une des principales places de la ville « Place Jean-Paul II ».