Ici Brest, les Bretons parlent aux Lorrains ! Vous en avez peut-être entendu parler, la sénatrice UMP Chantal Jouanno a présenté dernièrement un rapport qui appelle à lutter contre ce que l’on appelle « l’hypersexualisation » des petites filles, c’est-à-dire une tendance actuelle de notre société à accorder aux fillettes la possibilité d’être « sexy » ; il va de soi que je soutiens entièrement ce combat qui n’a pour but que la protection de l’enfance et ne peut en aucun cas être interprété comme une croisade réactionnaire de cagots aux esprits étroits. J’ai donc décidé d’apporter ma pierre à cet édifice en faisant les propositions que voici :
1. Ne laisser en circulation que des petites filles très moches.
Pour faire débander les pédophiles, toutes les filles mineures devront avoir l’un ou l’autre des attributs physiques suivants : calvitie précoce, strabisme divergent, gros nez crochu, grandes oreilles décollées, dentition pourrie, obésité, boitement. Toute petite fille non-conforme sera aussitôt amochée par les forces de l’ordre et leurs parents mis à l’amande.
2. Ne pas laisser les beaux hommes et les belles femmes se reproduire entre eux.
Dans la logique de la proposition précédente et afin de prendre le problème à la source, il sera strictement interdit aux plus beaux de nos concitoyens d’entretenir des relations sexuelles pouvant entraîner la naissance d’un individu porteur de leur patrimoine génétique favorisant la beauté : il sera même interdit à un(e) beau (ou belle) français(e) de le faire avec un(e) bel(lle) étranger(e). Vanessa Paradis, par exemple, devra quitter Johnny Depp pour refaire sa vie avec Kad Merad.
3. Ne pas laisser les petites filles dévoiler un centimètre carré de leur peau.
Il faut parfois s’inspirer des bonnes idées de nos ennemis : à l’instar des pays vivant sous le joug de l’islamisme radical, la France interdira désormais aux petites filles de montrer autre chose que leurs yeux, quel que soit le temps et la saison. Le voile intégral n’est pas nécessaire, de bons gros lainages feront l’affaire. En cas de mort d’une fillette ayant été emmitouflée en pleine canicule, tous les tribunaux du monde seront incompétents pour juger le litige entre la famille et l’État.
4. Rétablir la séparation des sexes à l’école.
Une école d’excellence a récemment rétabli le port de l’uniforme : cela est bien, mais il faut aller encore plus loin dans le grand bond en arrière nécessaire à la salubrité morale de notre jeunesse ; chaque école des filles sera donc séparée de l’école des garçons d’au moins cent kilomètres, les couples ayant deux enfants de chacun des deux sexes n’auront qu’à se démerder. Rappelons que par décret officiel, l’homosexualité n’existe pas en France.
5. Nettoyer les programmes scolaires.
Ne pas donner de cours d’éducation sexuelle ne suffit pas : toute allusion à la sexualité et même à l’amour sera bannie des programmes jusqu’à la terminale dans les établissements féminins. Les établissements masculins pourront continuer à faire étudier à leurs élèves des romans d’amour ou la reproduction des animaux : cela n’aura aucune conséquence pour les relations entre les deux sexes à la sortie de l’école vu que le service militaire de trois ans aura été rétabli entretemps pour les jeunes hommes,
6. Organiser des autodafés de livres corrupteurs.
Des romans sulfureux comme le Lolita de Nabokov seront évidemment visés par cette mesure, mais l’ensemble de la littérature disponible sur le marché, à commencer par les livres pour enfants, sera intégralement relue par un comité de censure chargé d’y traquer la moindre allusion sexuelle et d’agir en conséquence. Ainsi, l’ensemble des albums de Babar sera censuré, les trompes des éléphants rappelant de façon trop évidente des sexes masculins.
7. Exciser les petites filles et leur coudre le vagin.
Figurez-vous que dès la naissance, les petites filles ont un sexe ! Il est plus que temps, vous en conviendrez, d’en finir avec ce scandale millénaire et c’est pourquoi nous empruntons une nouvelle fois une idée à nos ennemis en l’exponentialisant. Pour les besoins naturels, il suffira d’apprendre aux fillettes à uriner et à déféquer par le nez. Les vagins seront décousus à la majorité, les femmes devront se démerder avec ce nouvel organe dont elles ne savent rien et dont on leur aura caché l’existence.
8. En finir avec l’accouchement par le vagin et la reproduction par le pénis.
Figurez-vous que pour donner le jour à une petite fille, il faut introduire un sexe masculin dans un sexe féminin ! Il est plus que temps, vous en conviendrez, d’en finir avec cette pratique qui conditionne nos fillettes à être sexualisées avant même qu’elles ne soient nées. La fécondation in vitro et le clonage étant encore trop proches la méthode naturelle, les petites filles naitront désormais dans les roses par décret ministériel.
Voilà, j’espère que ces quelques propositions sérieuses et réalistes éclaireront la lanterne de nos gouvernants dont la modernité et la pertinence ne cesse de m’impressionner : comment le monde peut-il ne pas nous envier ces hommes et ces femmes qui acceptent si bien la réalité d’une société qui évolue et qui savent s’occuper des vrais problèmes de société ? Allez, salut les poteaux !