La truffe collée au sol, la queue droite, à la verticale, telle une antenne d’auto-tamponneuse, voilà mon fidèle hound qui part à toute vibrure sur une piste. L’usine a respirer est en branle, il renifle tout ce qu’il peut en faisant un bruit d’aspirateur mal débouché. Lorsqu’il part de la sorte, il n’y pas grand chose à faire … juste faire confiance à son flair infaillible.
Il file à une allure aussi soutenue que lui permettent ses petites pattes et s’engouffre via l’entrée principale de la Fnac du centre Saint Jacques.
Et mezigue, que veux tu que je fasse, Ignace ? Je le suis, bien entendu. Je sais trop bien qu’il va me mener tout droit vers l’endroit voulu.
Je passe devant le vigile, incrédule, un peu interloqué par la vue de cette grosse saucisse reniflant tel un Delarue en manque. Tout juste a-t-il le temps de m’interpeller de la sorte:
_ Hep, s’vous plait !! les chiens ne sont pas admis dans le magasin.
_ Ta gueule, tu vois bien qu’il est sur une piste, non ? Alors tu le laisses bosser peinard, ok ?
_ Mais, monsieur, la direction interdit …
_ Ferme la, définitivement, ferme la, sinon je lui ordonne de te choper les valseuses, pigé ?
Ainsi se termine cet entretien, viril mais correct avec le gorille qui retourne illico réajuster son costard bas de gamme un peu débraillé par cette soudaine agitation.
Merde, maintenant, j’ai perdu le chien des yeux. Quelques cris de femmes viennent de la droite. Sans nul doute, le gros vicieux est de ce coté. Il n’a pas pu résister à fourrer son museau entre les cuisses d’une dame agenouillée, trop occupée à chercher le dernier prix Goncourt.
Je me dirige donc vers ce qui me semble être le rayon CD de la Fnac. Un aboiement sourd et profond me donne la position exact de mon partenaire canin. Il a trouvé, le bon chien. Je le trouve assis devant un bac, la queue balayant le sol de droite à gauche. Me voyant arriver, il se dresse sur ses pattes arrières et me montre du museau le disque recherché.
_ Bon travail, mon pôte. Une petite flatterie de la main sur sa tête suffit à le récompenser. Il se rassied, se couche, la tête posée sur ces antérieurs et attends.
Je saisis le disque, oui, il s’agit bien de celui là. Il n’est pas tout neuf mais lorsque je veux faire un cadeau utile, je préfère piocher dans des valeurs sures. Et là, quelque chose me dit que je ne me trompe pas.
Audioslave … Un excellent groupe américain, qui n’existe malheureusement plus mais qui nous a laissé quelques très bonnes galettes. Pour présenter rapidement le band, il faut juste savoir qu’il est formé des musiciens de ‘Rage against the Machine’ et du chanteur Chris Cornell, qui fait hurler les filles à chacune de ses apparitions. Ensemble, ils jouent un rock musclé où la fusion des anciens de RATM vient se méler au hard-rock/grunge de l’ancien chanteur de Soundgarden. J’attire tout particulièrement ton attention, lecteur adoré, sur Tom Morello, le guitariste, dont la créativité, l’originalité et la puissance en font un des gratteux les plus intéressants de ces vingt dernières années.
A noter également qu’Audioslave est le permier groupe américain à s’être produit à Cuba, à la Havane plus exactement.
Maintenant, direction la caisse. D’un sifflement leger, je préviens le hound renifleur que l’heure du départ à sonné. Le reste n’a plus tellement d’interêt, une caisse sordide, une caissière triste comme un cul de vieux.
Seul, mon affrontement avec le chien pour lui faire lacher le CD qu’il avait volé … un best of de Shirley Bassey, vaut la peine d’être conté ici.
Voilà pis c’est tout.