Le Fillon est traître : sous ses airs obscures de vampire de la Sarthe, on pensait que se cachait un homme politique capable de se démarquer de l’héritage sarkozyste. On se mettait même à croire qu’en fait, durant la présidence du Messie du Cap Nègre, nous avions eu de la chance d’avoir Fillon à Matignon pour faire contrepoids et freiner la droitisation de l’Etat.
Que nous étions naïfs…alors qu’en France se dessine une vague de nostalgie aussi inexpliquable qu’un dictionnaire reptilien dont l’objet de culte est le Nanissime en personne, Fillon est tout fier de nous annoncer aujourd’hui le ralliement de Christian Estrosi.
Entre Copé et Fillon, le concours de beauté est lancé ; et on on se demande ce que Guaino est venu faire au milieu de cela ; l’homme de confiance de Sarkozy à qui on doit des moments de bravitude inoubliable comme le discours de Dakar, dont on se demande si l’endroit du corps d’où il est sorti ne se situerait pas là où le dos perd son ombre, chercherait-il à négocier lui aussi son ralliement ?
Mais revenons en à notre ami Estrosi ; il explique son alliance à Fillon par « la loyauté et la fidélité exemplaires » de celui-ci à l’égard de Sarkozy. Tu parles d’une qualité et d’un argument…Et pourquoi pas parce qu’il a des gros sourcils …On en est donc encore là à l’UMP : quand à l’automne dernier les ténors socialistes se disputaient l’investiture des sympathisants de gauche, la droite raillait les primaires. Et Estrosi en disait « il faut respecter les primaires socialistes car le problème des socialistes, ce n’est pas les primaires, c’est leurs idées qui sont primaires« .
Alors qu’expliquer qu’on soutient Fillon à la présidence de l’UMP parce qu’il a été fidèle à Sarkozy c’est tellement primaire que ça en devient secondaire.
Oui, car ce qu’il faut retenir , c’est que Fillon, en bon disciple de Chirac, sait reconnaître le sens du vent. Et il faut bien avouer que les quelques espoirs de mai sont déjà loin. D’ailleurs, si la majorité des français a voté pour Hollande une minorité l’aura fait par adhésion forte au programme socialiste. Et Fillon sait que l’élection à la présidence de l’UMP ne se jouera pas sur des idées centristes ; et il n’hésite pas , avec Estrosi , à lancer un signal à la frange droitière de l’UMP : Copé n’est pas le seul sur le terrain du populisme , Estrosi sera la caution immorale de Fillon en ce domaine.
Et il sera bien entouré : Eric Ciotti, qui est un peu à Estrosi ce que le pou de pubis est à Kim Kardashian, Laurent Wauquiez ou la pauvre Valérie Pécresse sont dans l’écurie de l’ancien premier ministre. Une jolie dream team où Copé, nonobstant son indéniable tête à claques, paraîtrait presque sympathique.
Rappelons qu’Estrosi , membre éminent de l’association « les amis de Nicolas Sarkozy » dont il est secrétaire général avait été jugé inéligible en 1993 , ses comptes de campagne ayant omis de signaler des dépenses supporter par une association ayant pour nom… »Les amis de Christian Estrosi » . Amis qui ne devaient pas être nombreux dans les défilés de la gay-pride puisqu’ Estrosi a combattu avec vigueur le PACS, déclarant alors » une société qui céderait à la provocation de ces défilés exhibitionnistes pour accorder les mêmes droits à des couples homosexuels qu’à des couples mariés serait une société décadente ». Rappelons aussi qu’il avait déposé un projet de loi en 1991 proposant le retour de la peine de mort pour certains crimes. Voilà un CV qui en jette dans la France réactionnaire de 2012…
Ciotti, lui , est à l’origine de la loi supprimant les allocations familiales en cas d’absentéisme scolaire. Quant à Wauquiez, qui se veut le chantre de la droite sociale (interdiction de rigoler !) il a pourtant dénoncer le cancer qui ronge la société française : pas le chômage, pas la finance débridée, pas la corruption, non : l’assistanat ; et dans sa bouche inutile de dire qu’il ne parlait pas des premiers assistés de ce pays , les pleurnichards du patronat.
Fillon est donc un UMPiste comme les autres : prêt à toutes les compromissions avec n’importe qui. Et en cela, il est bien un fidèle apôtre de Sarkozy. CQFD.