« Un peuple prêt à sacrifier un peu de liberté pour un peu de liberté pour un peu de sécurité ne mérite ni l’une ni l’autre et finit par perdre les deux. » (Benjamin Franklin)
« Le mariage est une merveilleuse institution, qui sert à partager à deux les problèmes qu’on n’aurait jamais eus si on était resté seul. » (Plaute)
« J’aime tellement les homosexuels que j’aurais aimé leur éviter le mariage ! » (Jean d’Ormesson)
Psikopat n°13 Octobre 2012 : Ici Brest, les Bretons parlent aux Lorrains ! Le mois d’octobre s’achève, il ne faudra pas manquer le numéro deux de « L’inventaire du mois », l’émission de Mikaël Tygréat et votre serviteur ni le numéro 247 du Psikopat ; en attendant, revenons brièvement sur le numéro 246 du magazine de Carali, dont le grand dossier était consacré au mariage gay.
L’ami Carali avait cru nécessaire de rappeler dans son « zlata » que son seul critère pour choisir les dessins et les textes qu’il publie était purement qualitatif et en aucun cas idéologique : « Quand je lance le thème du prochain Psiko aux auteurs, je ne sais absolument pas ce qu’ils vont raconter, tout ce que je leur demande, c’est de s’exprimer librement. » Le même esprit que le Graoully, quoi ! Pourquoi cette précision, puisque ça fait déjà des années que Psikopat s’affirme comme un journal anti-pensée unique ? Pour expliquer pourquoi, concernant le mariage gay, parmi les auteurs, « certains sont pour (ça se sent), d’autres sont contre ou s’interrogent (ça se sent) ». En fait, il n’y a aucun texte ou dessin contre le mariage homosexuel en particulier, mais il y a quelques textes et dessins contre le mariage… en général.
Et de fait, au fil des pages, lisant notamment les textes de Karine Vallée et de Dédé la science ainsi que les planches de Bar et de Troud, une évidence m’a sauté aux yeux : la légalisation du mariage gay ne doit pas faire mal au cul qu’aux vieux cons réacs à la mentalité médiévale mais aussi, je pense, aux libertaires de la génération de mes parents qui ont lutté contre le mariage… Je me souviendrai longtemps de cette B.D. pas autobiographique mais presque du grand Gotlib parue dans un des tous premiers numéros de L’écho des savanes : il rencontre sa femme Claudie, il est à deux doigts de faire l’amour avec elle, mais avant de pouvoir le faire, ils se sentent obligés de remplir une formalité, en l’occurrence le mariage : ils sont mariés par un prêtre coiffé d’un képi de gendarme qui leur arrache les cœurs en leur disant « autant vous débarrasser tout de suite de ces instruments encombrants qui, de toute façon, ne nous serviront plus ». C’étaient les années 1970, les homosexuels revendiquaient de plus en plus leur droit d’être reconnus comme des personnes à part entière et le rejet du mariage, institution bourgeoise héritée de la morale judéo-chrétienne, était dans l’air du temps. Je n’ai pas connu ces années en manque de liberté, mais aujourd’hui, je crois que nous vivons des années en manque de servitude : la pratique du mariage, que l’on croyait amenée à disparaître, a connu un net regain ces dernières années. Pourtant, elle constitue toujours plus ou moins un mensonge que s’imposent des couples qui tentent de faire croire à la société et de se faire croire à eux-mêmes qu’ils vivront le grand amour pour toute la vie alors qu’en fait, ils divorceront probablement au bout de deux ans, non sans avoir fait un ou deux gosses en passant, ou sombreront dans la routine la plus morne… Oui, je revendique le droit des homosexuels à se marier, mais c’est vraiment pour le principe de l’égalité en droit entre tous les citoyens : vu le triste spectacle des couples hétérosexuels mariés, étant donnée l’intolérable intrusion de la société dans la vie sentimentale et sexuelle des citoyens que constitue l’institution du mariage, je pense sincèrement que nos parents ont raté quelque chose : ils auraient obtenu l’abolition du mariage, personne ne se marierait et les homos auraient déjà les mêmes droits que les hétéros ; mais non, l’ordre moral bourgeois l’a emporté une fois de plus, et pour avoir les mêmes droits, les homos doivent se normaliser, se couler dans le moule de la société… Celui qui résume le mieux cette idée dans le journal, c’est le génial Caritte avec son dessin où le maire demande à deux mariés « acceptez-vous de renoncer à votre liberté pour un peu de sécurité ? » Enfin bon, tout ceci est anecdotique : il s’agit du principe de l’égalité en droits, et si les homos obtiennent le droit de se marier, rien ne les oblige à s’en servir, après tout ! Et s’ils s’en servent, pourquoi le leur reprocher ? Il n’y a pas que les hétéros qui ont le droit d’avoir une vie de merde !
Á part ça ? Et bien j’ai lu la nouvelle d’Olivier Ka il y a bientôt un mois de ça et il ne m’est toujours rien arrivé de grave : il s’est donc trompé, tous ceux à qui il raconte ce traumatisme infantile ne sont pas touchés par la malédiction ! Cela dit, je dis ça pour moi, mais peut-être qu’un autre lecteur… Allez, salut les poteaux !