Ils ont battu le pavé (et quelques féministes et journalistes aussi) tout le week-end , et ceux de dimanche ont même réussi à faire passer Frigide Barjot (celle qui clamait Fais moi l’amour avec deux doigts ) et sa bande de réactionnaires pour d’aimables progressistes. C’est dire…
Civitas a donc manifesté dimanche contre le mariage gay mais pas seulement. La manifestation a tourné à la démonstration de l’évidente homophobie des catholiques intégristes. Il y a quelques semaines, le gouvernement avait interdit les rassemblements contre la vidéo anti-islam postée sur You Tube et qui avait enflammé le monde musulman. Il était de son devoir d’en faire autant pour cette manifestation d’une organisation qui à l’évidence n’est pas républicaine et surtout incite à la haine.
Il y avait d’abord ce mot d’ordre « non à l’homofolie » ; un retour à la définition d’une homosexualité pathologique de la part d’énergumènes qui feraient bien mieux de se soucier de leur propre santé mentale. Et il y a eu cette banderole , choquante, « La France a besoin d’enfants, pas d’homosexuels » . Une banderole d’une rare violence qui devrait faire bondir nos hommes politiques républicains s’ils n’étaient pas pris dans le suspens insoutenable de l’élection du président de l’UMP, ce pseudo-psychodrame dans un parti en déliquescence. Imaginez le tollé que ferait cette banderole si on remplaçait le mot homosexuels par juifs, musulmans ou je ne sais quoi…On est là dans un appel larvé à la haine voire pire pour certains esprits torturés qui se lâchent sur les réseaux sociaux. Des propos affligeants comme ce pauvre crétin qui , au sujet du suicide des jeunes homosexuels nous dit « on s’en fout du suicide des fiottes ». Ou celui-ci, profondément malade et dangereux qui affiche des images d’homosexuels battus en s’en félicitant et va même jusqu’à afficher l’image de ces deux pauvres adolescents pendus en Iran il y a quelques années en souhaitant le même sort aux homos français.
Pour cette violence qu’on inflige aux homosexuels avec ce débat , ces propos qui doivent achever les jeunes homos mal dans leur peau, j’en veux infiniment au parti socialiste. Parce que le mariage pour tous aurait du être entériné dès juillet . Si on en fait un principe d’égalité, l’égalité n’attend pas ! Quand François Hollande nous explique que l’état de la société ne permet pas de faire de suite le droit de vote aux étrangers lors des élections locales, ce même constat sur l’état d’une société en pleine régression au niveau du respect d’autrui et de la différence aurait du lui faire prendre les mesures nécessaires pour que le débat sur le mariage pour tous soit le plus bref possible . Les socialistes ont-ils oublié les dérapages à l’époque du PACS, quand les mêmes réactionnaires scandaient « les pédés au bûcher » ? Et à ceux qui nous expliquent que ce n’était pas une priorité au vue de la situation économique, je réplique que la crise ne doit pas faire arrêter les progrès sociétaux, bien au contraire.
Je lui en veux de ne pas avoir interdit cette manifestation de dimanche ; je lui en veux de ne pas avoir interdit Civitas pas plus que leurs prédécesseurs de l’UMP (mais ça c’est plus dans la logique de la ligne actuelle de la droite décomplexée pourtant très coincée) ; j’en veux aux dirigeants socialistes d’être aussi absents pour dénoncer les dérives d’hier et leur mollesse à défendre le mariage gay . Mais j’en veux aussi pareillement à la gauche de la gauche étonnamment inaudible, un peu comme si une partie d’entre elle se souvient que pour les communistes l’homosexualité a longtemps été considérée comme une perversion bourgeoise.
En janvier, le mariage pour tous sera sûrement voté ; mais ni la gauche et sa faible défense du projet (et je me permet au passage de lorgner vers la place d’armes de Metz) ni la droite républicaine et son accointance coupable avec les extrémistes n’en sortiront vraiment grandis. Ce qui devait être une loi égalitaire aura finalement réussie à créer une insécurité plus forte encore pour les homosexuels. Car la violence des propos va s’accompagner inexorablement d’une hausse des violences physiques et morales comme c’est déjà le cas ces dernières années.
La France s’enfonce chaque jour un peu plus dans les extrémismes, les frustrations et les clivages. A la politique de Sarkozy qui consistait à montrer du doigt les communautés les unes après les autres réplique celle d’Hollande qui consiste à regarder les autres montrer du doigt en n’agissant pas.
Civitas doit être interdit et dissous . On a dissous des mouvements de supporters pour une banderole contre les chtis qui avait fait tant de bruit pour trois fois moins. La justice doit être saisie contre les dérapages homophobes. Le responsable de Civitas doit être poursuivi comme tout ceux qui amalgament l’homosexualité à la pédophilie (ce qui inclut quelques hommes politiques). Et Facebook doit réagir contre les groupes incitant à la violence contre les homosexuels.
Car l’homophobie n’est pas une opinion, c’est un délit nom de Dieu !