Dans ma dernière chronique, j’ai été un peu dur avec le GUD, en comparant ses membres à des petites pétasses éplorées. Et comme la méchanceté n’est pas dans mon tempérament, je m’en veux un petit peu (pas des masses non plus, mais ce n’est pas facile tous les jours de trouver des idées pour introduire une chronique), et j’ai décidé de vous rédiger un petit papier rien que pour vous, mes petits doudous aryens.
Mes chers petits poussins gudistes, je me suis mis en peine de vous trouver de quoi vous mettre un peu de baume au cœur. En effet, vous déplorez que plus aucune rue ne porte le nom de l’illustre Maréchal Pétain, qui n’a pas peu fait pour la réputation de délateurs hypocrites et racistes que se traînent un bon nombre de nos compatriotes (quarante millions selon vos estimations, je ne contesterai pas le chiffre, vous vous y connaissez sans doute mieux que moi). C’est pitié que de le dire, mais aujourd’hui, nul ne peut plus s’enorgueillir de résider qui avenue Pierre Laval, qui boulevard Klaus Barbie, qui square Joseph Goebbels. On essaie encore, à chaque scrutin présidentiel, de nous faire accroire que le travail rend libre et que les étrangers nous ont obligé à rogner notre prestigieux quotient familial à force de violer nos frontières avec la même frénésie qu’un curé dans un jardin d’enfant. On tente encore de faire défiler nos fiers soldats et notre armement à la pointe de la modernité le 14 juillet, on se surprend à en tenir une demi-molle quand résonne la Marseillaise et quand s’élève le drapeau tricolore. On laisse encore à l’Alsace et à la Moselle les breloques du Concordat au cas où les Allemands voudraient finir les travaux du Mettis dans le Quartier Impérial. Mais vous et moi le savons, mes petits lapinous gudistes, le nationalisme contemporain, c’est comme se tirer sur la nouille devant un mauvais film de boules alors que la grosse Bertha gît, moite et offerte, dans un inaccessible plumard gardé par de féroces garde-chiourmes judéo-maçonniques, et qu’elle appelle au secours sans qu’on ne puisse rien y faire.
Rassurez-vous, chers choupinets du GUD, si Le Copen (contraction de Le Pen et Copé: vous avez vu, les gauchistes aussi savent faire des jolis jeux de mots sans aucun sens) persistent dans leur action, le IVè Reich finira bien par arriver. Mais en attendant, séchez vos larmes, mes bichettes. Certes, on ne peut plus chanter « Maréchal, nous voilà » en regagnant son logis, mais il reste encore plein de rues nommées d’après un assassin plus ou moins illustre. A peu près dans toutes les villes de France, il y a une rue Adolphe Thiers, du blaze du mec qui a liquidé la Commune plus promptement et plus virilement (ça vous plaît, ça, mes bitches, hein?) que Sarkozy ne liquidera jamais mai 68. Dans absolument toutes les communes de notre beau pays, il y un boulevard Général mon cul sur la commode ou un Colonel mes couilles sur ton front qui vient rappeler au péquenot moyen que si on n’avait pas pété la gueule à un Anglais, un Germain, un Bourguignon ou un voisin de palier à un moment donné de l’Histoire, et bien les choses ne seraient pas pareilles. On ne sait pas comment elles seraient, mais elles ne seraient pas pareilles, alors tu arrêtes de poser des questions idiotes et tu la boucles parce que c’est OF-FI-CIEL, c’est marqué dans les bouquins à l’école, et ils l’ont encore dit hier à la télé.
Et juste pour vous faire plaisir et pour excuser ma diatribe de la semaine dernière, je vous déniché une belle tête de con de derrière les fagots, aux pieds duquel vous pourrez vous rendre en pèlerinage en attendant qu’un nain irascible et plein de tics qui se prend pour un beau gosse ne décide d’envahir la Pologne (je ne vise personne). Oh, je n’ai pas cherché bien loin: le gazier à qui appartient la tête de con a une statue juste devant l’office de Tourisme, l’Hôtel de Ville à sa droite et la cathédrale à sa gauche, le tout sur la place d’Armes, comme un symbole de tout ce que vous aimez, mes petits chéris. Le Maréchal Fabert, puisque c’est de lui qu’il s’agit, Abraham de son petit nom, est né au crépuscule du XVIè siècle à Metz, et pour le reste de sa biographie, démerdez-vous. Mais comme son titre de Maréchal l’indique, le bonhomme était un militaire. J’en profite pour digresser une minute: la seule fois où j’ai approuvé un projet sarkozyste, c’est quand j’ai vu la place d’Armes pleine de militaires qui se faisaient une dernière cérémonie avant de débarrasser le plancher et de dépolluer un peu la ville de son manteau kaki; le petit père des peuples eut-il consenti à vider toutes les casernes de Metz et d’ailleurs, j’aurais claqué la bise à Mme Zimmermann. Mais le destin dans son infinité sagesse a su m’épargner cette turpitude.
Et donc le Maréchal, dont les faits d’armes sont sûrement légendaires puisqu’on n’érige pas de statue en plein centre-ville à des baltringues ou à des losers, a laissé une citation. A titre personnel, je la trouve parfaitement dégueulasse et j’ai envie de pisser dessus à chaque fois que je la lis, mais comme je sais qu’elle vous plaira, mes tendres petits chatons du GUD, je vous la dédicace:
Si pour empêcher qu’une place que le Roi m’a confiée ne tombât au pouvoir de l’ennemi, il fallait mettre à la brèche ma personne, ma famille et tout mon bien, je ne balancerais pas un moment à le faire
En manière de punition pour sa cruauté à l’endroit de ses descendants et de ses collatéraux, Fabert est mort à Sedan. Et ça c’est moche. Je préférerais encore crever avec les miens et mon peu de bien à Bar-le-Duc ou à Pont à Mousson.
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