Le tout petit père des peuples Nicolas Sarkozy vient encore de se prendre une calotte: le Conseil Constitutionnel, ce repaire d’anarchistes séditieux et de trotskystes enragés, refuse de valider les comptes de la campagne présidentielle la plus merdique de tous les temps, où pour la deuxième fois on a eu un candidat d’extrême-droite au deuxième tour (tu trouves que je suis excessif? Ben tu peux toujours aller bâfrer du chabichou dans la circonscription de Delphine Batho, la gourgandine qui concilie sans sourciller un maroquin à l’Ecologie et un sourire au berger quand il veut buter des loups pour se venger d’être aussi utile au monde qu’un Vert au gouvernement).
Comme tous les Présidents de la République qui partent en campagne électorale et comme toutes les premières dames qui prennent l’avion, Sarko a allègrement confondu les deniers publics et la thune de son parti. Résultat, l’UMP en est de sa poche pour dix millions d’euros, et le malévolent nabot de Neuilly sur Seine devra rembourser cent cinquante mille balles au Trésor Public. Jean-François Copé, l’homme qui avoue que l’UMP est juste en train d’apprendre la démocratie et que c’est pas parce que tu as été élu démocratiquement que tu es légitime, doit avoir les boules. Il n’est d’ailleurs pas prouvé que Copé ait été élu président de son mouvement avec plus de voix que Fillon, comme quoi parfois on devrait fermer son clapet et finir de réviser avant de donner des leçons.
Bref, tout ceci est bel et bon comme un baba au rhum sans baba, mais y a t-il de quoi pérorer comme un ministre du Chômage (parce que du boulot, il y en a autant que de centrales nucléaires parfaitement sécurisées) quand le chômage décroît de 0,005%? Peut-on affirmer avec force que le spectre de la tyrannie débande un peu à l’approche de nos fessiers offerts par les maquereaux des marchés financiers, et que son chien de garde la Misère a éloigné un tant soit peu ses crocs aiguisés de nos tendres jarrets?
Pas sûr du tout, mais les occasions de festoyer se faisant rare, tentons un inventaire des bienfaits de la décision des papys rebelles (qui pourraient aussi se bouger les couches Téna pour interdire la corrida et libérer l’Alsace et la Moselle du joug des curetons, mais bon, vu leur âge avancé, soyons indulgents):
– Morano, Lefevre, Hortefeux, Copé et plein de jeunes loups (mais ceux-là, on peut les buter, j’en m’en cogne) de l’UMP vont se ruer sur les plateaux de télé pour se lancer dans un désopilant concours de fidélité à l’ancien maître, des fois qu’il passerait entre les mailles de la Justice et au cas où il pourrait présenter sa vilaine trogne à la prochaine échéance présidentielle. Du coup, vous pouvez éteindre votre poste de télévision et lire des livres ou le Graoully Déchaîné. Vous n’en serez que plus beaux/belles, plus intelligent(e)s, et vous aurez des conversations plus intéressantes au bureau demain matin.
– grâce à la thune que Sarko va rendre au Trésor Public (enfin lui ou un autre, parce qu’en plus d’être un déplorable Président, c’est sans doute une pince), le déficit public va baisser. Pas de grand-chose, certes, mais en ces temps de rigueur budgétaire, il est bon que les membres les plus néfastes de la communauté, à savoir ceux qui la gouvernent, y mettent un peu du leur au lieu de saccager le Code du Travail et de multiplier les niches fiscales. D’ailleurs, si tous les anciens Présidents qui ont magouillé voulaient bien rembourser l’argent qu’ils ont volé, la Santé et les transports seraient sans doute gratuits. Tu trouves ça poujadiste? Et payer Dassault à fabriquer des avions invendables, c’est pas à la fois de l’assistanat et du vol, peut-être?
– l’UMP est sans le sou. Certainement pas ses membres, qui à force de sucer du banquier ont leur coin de trottoir réservé dans toutes les zones à pantouflage de France et de Guernesey. Mais le parti est exsangue. Finis les meetings au Bourget, place à la salle des fêtes de Bambiderstroff ou à l’arrière-cuisine du restaurateur qui trouve que les immigrés et les précaires sont de plus en plus chipoteurs avec leurs histoires de papiers et de déclaration à l’URSSAF. Non je déconne: on connaît les goûts de luxe de nos ami(e)s de droite, et ils ne balanceront pas un instant s’il faut louer une grande salle confortable pour accueillir comme il se doit le champion de la France étanche des frontières pour les pauvres et perméable aux mouvements de capitaux qui ne produisent que dalle pour les riches. Du coup, re-fraude, re-invalidation des comptes de campagne, re-paupérisation du parti, et un jour ou l’autre l’UMP se fera racheter par le FN au lieu d’en être une bête franchise. C’est le capitalisme, c’est la libre-concurrence, mais tu verras qu’il y en a quand même qui vont chialer.
– il est désormais prouvé que la droite, qui ne cesse d’appeler à l’austérité, à la bonne tenue des comptes publics, aux baisses de charges qui n’ont jamais créé le moindre emploi, à la « valeur-travail », et tout un tombereau de conneries du même tonneau ne sait même pas gérer le budget d’un parti qui ment éhontément sur le nombre de ses adhérents (estimé à un peu plus de 300 000). Alors tu imagines un pays de 60 millions de corps, ce qui est la même chose que l’âme mais c’est un autre débat? Il faut vraiment être bouché à l’éméri ou socialiste pour continuer à souscrire à un modèle économique et social que l’on nous vend très cher depuis les années soixante-dix et qui est un mensonge doublé d’une impasse. La somme des intérêts particuliers, quoi qu’en disent Smith, Ricardo, Alain Minc et d’autres trompettes du même mouvement de pensée, n’a jamais contribué à l’intérêt général.
Sinon, Fillon et Copé se feraient des bisous après être passés devant la CONAR et la COCOE, sinon Jean-Marc Ayrault retournerait étudier Goethe au lieu de s’acharner avec son aéroport inutile, sinon les Verts parleraient d’écologie au lieu de négocier des sièges partout où l’on peut s’asseoir, et sinon on n’aurait même pas besoin de voter pour un guignol qui a eu une vision pour la France au lieu de voter pour sauver nos culs.
Reste qu’avec toutes les casseroles que se traînent nos dirigeants, il n’est guère étonnant qu’on soit le pays de la gastronomie.