Je viens de Metz et cette ville est mienne. Comme la Moselle, comme ma région la Lorraine. J’ai pas choisi de naître là, mais j’ai choisi d’y rester. Tout le monde n’a pas eu cette chance. Certains ont dû s’expatrier, principalement pour travailler.
Vu d’ailleurs, de Paris, du plateau de France 2 foot, cela peut constituer une punition.
Un Marseillais décrivait notre région comme celle où le soleil ne se lève jamais. Peut être parce que dans le cœur des lorrains, il ne s’est jamais couché depuis que la Lorraine fut libérée.
Même à –10, chez nous, il fait bon dans nos cœurs, y’a la chaleur. Celle de notre intérieur, celle de l’humain qui ne craint rien parce qu’il est fier et lorrain. Cette constatation se vérifie du mineur au couvreur.
Tous les corps de métier sont rassemblés par le labeur, toutes les âmes sont unifiées par le bonheur de participer au même dessein. Vivre ensemble et bien.
Dans nos villages, le RER n’est jamais en retard, on n’en a pas, on ne déteste pas le voisin fonctionnaire. Les grèves génèrent la solidarité aux métallos trimard pas de nombrilisme aiguisé comme les usagers des gares.
On se salue et à l’heure de l’apéro, le facteur côtoie sans animosité les ouvriers du bâtiment qui viennent déjeuner chez le cafetier. On devise sur l’actualité, parfois on est d’accord parfois on a tort.
On parle souvent du club de notre capitale à nous : le FC Metz.
Certes il ne nous donne pas toujours l’amour qu’on lui porte mais on reste derrière, fidèles car on sait que c’est malgré nous que nos talents s’exportent.
Même traînés dans la boue par des moins que rien, on reste debout, drapeau en main.
De l’antiracisme Metz est un fleuron, la Tribune Est, un bastion.
Notre frustration de gloire et de victoire ne nous a pas conduit au dépotoir idéologique qui a conduit au firmament un pathétique soupirant.
Le racisme ordinaire prescrit comme calmant au frustré de la croissance avortée dans les pharmacies de garde des journaux télé, on n’y a pas contribué. Pour certains, on les a même dénoncés. Vindicte vite étouffée.
Y’avait une brebis galeuse dans le troupeau ?
Désolé Guy Carlier, nous on traquait le loup, la meute fascisant pendant que toi, tu taclais (sur quelle console ? ) Bernard Mendy en nous ignorant. Pierre Menès lui, s’intéressait déjà à nous. Et qu’on ait pété les plombs contre des saluts nazis, l’avait laissé transis. Pas par la peur mais par le plaisir de cracher une fois de plus sur Metz. Son public d’abrutis, le pire de France etc… à croire que ces gens là n’ont jamais connu les stades où le racisme n’est pas un évènement exceptionnel mais constitue un droit d’entrée… Bizarrement, certains ignorent certaines habitudes pourtant répandues dans le stade qu’ils fréquentent et préfèrent soulager leur silence coupable sur des cibles sans défense. A défaut de pouvoir nettoyer le bassin, on essaie d’y noyer le poisson.
Pardon la France de ne pas avoir anticipé le racisme bête et méchant d’un abruti, trop occupés que nous étions à te voir jouer à « command & conquer » dans tes banlieues,
Pardon la France de ne pas avoir empêché Francis Heaulme d’être un serial killer,
Pardon la France de ne pas faire remonter ta moyenne de température et de te laisser nos nuages pendant que Thalia t’offrait son corsage,
Pardon la France de ne pas donner Robert Pires à l’équipe de France de ton Domenech,
Pardon la France de ne pas accepter le bonnet d’âne de ta ligue 1 qui, même a 668 millions, reste une classe d’illettrés,
Pardon la France, d’avoir des mots que tu ne comprends pas et des maux que tu ne résoudras pas,
Pardon la France, d’être le motif de rigolade de tes journalistes et le piège géographique des mêmes
Pardon la France d’avoir mis des knepps au père fouettard,
Pardon la France de mettre des déterminants devant les prénoms des gens,
Pardon la France pour les raoudis qui feront bleu pour schniker des barons ou des schlouks de schnaps en mangeant des spritz tout en fermant ta schness…
On est Metz et même si on descend, on lâche pas l’Est…
Isham (Février 2008)