Ce matin, pendant que je m’efforçais à maltraiter les pédales de mon VTT, évacuant ainsi une semaine de stress sur les chemins boueux des bois messins, j’ai pensé à toi. Oui, à toi. D’ailleurs, cette perte de concentration a fallit me faire percuter un magnifique saule, qui pleurait au bord de l’eau, bon ça ne fait qu’un saule pleureur de plus me diras tu.
Te souviens tu, charmante inconnue ? Fais moi plaisir, dis moi que tu t’en souviens, que toi aussi, tu ne penses plus qu’à ça… Mais, si, fait un effort. C’était au coin de la rue Serpenoise, tu sortais d’une boutique quelconque et moi je trainais mon desepoir, à l’affût du premier bar venu. Un bellâtre insignifiant t’accompagnait, il portait tes sacs et toi, tu avais cet air blasé qu’ont les filles qui ne sont plus amoureuses. C’est à ce moment là que nos regards se sont croisés … Tu sais, ces regards qui ne durent que quelques secondes qui te paraissent éternelles. Ces regards qui en disent plus long que toutes les scéances de psy du monde. Ces regards où tout est dit, où tout passe; l’ennui d’une vie trop morne, le désir de l’inconnu qui passe, la passion naissante … En cinq secondes, j’ai compris ta vie et tes envies. Viens, suis moi, laisse ton footballeur gominé sur place, je t’offre le verre qu’il te faut.
D’accord, il est plus beau que moi, mieux habillé, d’accord il ressemble à tous ces mecs que tu vois dans les magazines. Même look, même gouts … mais quel ennui ma belle, que tu dois t’emmerder avec lui. Viens, discutons un peu, échangeons nos points de vue sur la vie, les animaux, la musique, la litterature, sur le temps qui passe. Vite avant que nos rides nous empêchent d’en profiter. Promis, je garde les mains sur la table, je ne te toucherai qu’avec des mots. Quoi de plus doux que la caresse d’un compliment.
Je t’ai d’ors et déjà préparé un petite playlist pour nous accompagner. Ben, oui, ma chronique est quand même sensée être une chronique musicale…ne l’oublie pas. On n’est pas là pour écouter les disgressions sentimentales d’un handicapé des sentiments qui nous les brises avec ses rencontres hasardeuses.
Tout d’abord, ma jolie, je veux te faire découvrir Tété, et sa chanson « Tes Cheveux », issue de son dernier album, « Nu là-bas ». Où comment un passage chez le merlan peut bousculer une relation. Derrière l’efficace mélodie, qui va te faire bouger l’endroit où ton dos perd son nom avec si bonne grâce, qu’on ne peut s’empêcher de lui donner raison, comme l’a écrit G.Brassens, derrière cette mélodie donc, Tété nous distille des paroles délicates et tendres comme tes mains ont l’air d’être.
Quand, tout à coup, lorsque la fille revient du coiffeur, tu découvres une nouvelle femme:
« Envie de te dire vous,
De sourire à tes aveux
Les cieux même sont jaloux… »
Bon, comme je vois que tu accroches pas mal sur Tété, je te propose de s’écouter le chanson titre de l’album, Nus là-bas. Un appel à s’évader, à partir loin … On ne se connait pas ? Et alors, tu sais, c’est vaste l’océan …ça en laisse du temps.
C’est bon, n’est ce pas ? Tu vois que j’avais raison. Je te recommande une coupe ? tes yeux commencent à briller, c’est la magie du champagne ça: réussir à refaire briller les yeux des filles qui semblaient éteints. C’est dingue et destabilisant, j’ai l’impression d’être scruté par deux émeraudes en feu.
Tiens, continuons avec ce magnifique album, dansons un peu avec la « bande son de ta vie », enchainons avec ce qu’il se passe « Dedans ma radio ».
Finalement, on va se faire tout l’album. J’avais pourtant prévu des tonnes d’autres chansons … pas grâve, on a toute la vie pour se faire notre playlist… ben où vas tu ? Tu pars ? tu me quittes avant de m’avoir eu ?
Me retrouvant seul, je suis rentré dans mon antre et elle était là, m’offrant ses courbes généreuses et son réconfort, les cordes brillaient dans la pénombre du salon … j’ai pris ma Stratocaster et nous avons pleuré ensemble.
Voilà pis c’est tout.
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